Pourrais-je savoir?
Deux ou trois choses sur lesquelles j'aimerais avoir plus de certitudes....
mercredi 1 février 2012
samedi 22 octobre 2011
mardi 16 août 2011
vendredi 12 août 2011
samedi 2 juillet 2011
Pourquoi un film sans commentaire?
Contrairement aux films François Sylvand, portrait d'un artiste par son fils et La guerre des Béatrix, coulisses d'une création qui comportaient des commentaires, Tropicale Amissa, l'Afrique à travers le vélo à travers une voiture de presse n'en comporte pas. Ce choix est délibéré même s'il n'est pas a priori évident. Pourquoi?
Le film sur François comporte des commentaires car il s'agit plus d'un essai sur sa peinture, son œuvre et sur la filiation et le faire de manière cinématographique, je veux dire filmer la peinture, avait pour avantage de pouvoir utiliser l'ensemble des dimensions du cinéma à savoir le mouvement de l'image et le son. La voix off, la mienne, celle du fils, joue incarne la présence du regard singulier que je porte sur le travail de François. D'autre part le commentaire très écrit me permet de porter dans mon propre espace celui de l'œuvre, de la peinture et de l'art. En ce sens les commentaires sont nécessaires et remplacent ce qui serait un texte dans un livre.
Déjà dans le film des Béatrix le commentaire s'efface sur les interactions entre les participants et ne contente d'introduire un regard sur le spectacle vivant, ce que l'image ne peut pas montrer directement.
Les commentaires jouent donc un aspect quasi extra diégétique (même si cela doit être nuancé dans le film comme totalité) mais surtout un méta discours qui ne peut-être montré directement à l'image.
Cependant l'ajout d'un discours sur l'image est un aveu de faiblesse: l'incapacité voire l'impossibilité de montrer ce discours (excepté les habituels artifices de têtes qui parlent). À cela s'ajoute une autre faiblesse: celle de devoir ajouter un discours à la situation filmée. Que manque-t-il donc à la situation pour nécessité une attelle discursive?
Ce discours adjoint à deux fonctions essentielles: l'une descriptive, l'autre explicative. Si la description me semblait important de décrire la peinture de François pour souligner le regard du spectateur, et expliquer dans les Béatrix la place des participants dans le spectacle , dans la Tropicale ces deux dimensions m'ont semblé inutile.
En effet, dans la Tropicale Amissa, l'Afrique à travers le vélo à travers une voiture de presse je voulais montrer un regard qui se construit à partir des éléments qui lui étaient disponibles. Ce regard est nécessairement partiel et partial car embarqué. Contrairement au point de vue de Dieu assis sur son nuage, aucune vision globale n'est disponible depuis le point de vue en situation. Il ne s'agit même pas d'une mise en perspective, qui supposerait déjà une cartographie initiale, mais bien de la constitution de cette dite cartographie à partir d'un fil conducteur qui constitue sinon une perspective primitive, initiale, sinon celle d'un contexte qui fait apparaître justement la situation comme telle comme agencement et connection d'éléments et d'événement en un ensemble ordonné ou du moins coordonné.
Le commentaire permettrait de juger cette perspective et ces composants, mais alors serait a posteriori par rapport à ce travail même, ou bien serait descriptif des dits éléments eux-mêmes et donc redondant avec l'image.
Évidemment que des informations supplémentaires factuelles ou contextuelles pourraient être données et apportées. Les premières versions du film étaient commentées avec des information sur le PIB du Gabon ou sur les coureurs par exemples. Mais si je les ai retiré c'est que cela finissait pas aller à l'encontre du travail initial de montrer les choses pour pouvoir les observer et non pas les commenter ou les juger. Ceux qui possèdent ce savoir auront un regard plus fin que ceux qui ne l'ont pas, mais cela ne changera rien au fait qu'il faille observer pour voir.
La Tropicale Amissa, l'Afrique à travers le vélo à travers une voiture de presse est un film d'observation et en tant que tel une réflexion sur l'observation, d'où l'usage des technique d'anthropologie visuelle. Ce n'est pas un reportage ni un jugement sur la situation filmée. Il ne s'agit pas d'une reculade ou d'une neutralité couarde. Bien sûr que j'ai une opinion sur la situation, opinion beaucoup plus complexe que je l'aurais imaginé, mais là n'est pas le propos, simplement parce que l'objectif était bien de présenter la situation et la constitution d'une observation, et non les résultats d'une analyse filmique sur le film déjà constitué.
Ceci étant, l'absence de commentaire n'est pas une absence en soi, mais simplement que l'image et le son se suffisent à eux-mêmes pour constituer une totalité filmique pleine et entière que le spectateur peut voir sans garde-fou. C'est donc parce que les commentaires sont inutiles face à l'évidence de l'image du son et du montage qui ne sont pas.
Je suis conscient que cela puisse perturber le spectateur habitué à porter la ceinture et les bretelles, mais cela ne gêne en rien sa compréhension du film. C'est pour cela que la Tropicale Amissa, l'Afrique à travers le vélo à travers une voiture de presse est un film sans commentaire.
Le film sur François comporte des commentaires car il s'agit plus d'un essai sur sa peinture, son œuvre et sur la filiation et le faire de manière cinématographique, je veux dire filmer la peinture, avait pour avantage de pouvoir utiliser l'ensemble des dimensions du cinéma à savoir le mouvement de l'image et le son. La voix off, la mienne, celle du fils, joue incarne la présence du regard singulier que je porte sur le travail de François. D'autre part le commentaire très écrit me permet de porter dans mon propre espace celui de l'œuvre, de la peinture et de l'art. En ce sens les commentaires sont nécessaires et remplacent ce qui serait un texte dans un livre.
Déjà dans le film des Béatrix le commentaire s'efface sur les interactions entre les participants et ne contente d'introduire un regard sur le spectacle vivant, ce que l'image ne peut pas montrer directement.
Les commentaires jouent donc un aspect quasi extra diégétique (même si cela doit être nuancé dans le film comme totalité) mais surtout un méta discours qui ne peut-être montré directement à l'image.
Cependant l'ajout d'un discours sur l'image est un aveu de faiblesse: l'incapacité voire l'impossibilité de montrer ce discours (excepté les habituels artifices de têtes qui parlent). À cela s'ajoute une autre faiblesse: celle de devoir ajouter un discours à la situation filmée. Que manque-t-il donc à la situation pour nécessité une attelle discursive?
Ce discours adjoint à deux fonctions essentielles: l'une descriptive, l'autre explicative. Si la description me semblait important de décrire la peinture de François pour souligner le regard du spectateur, et expliquer dans les Béatrix la place des participants dans le spectacle , dans la Tropicale ces deux dimensions m'ont semblé inutile.
En effet, dans la Tropicale Amissa, l'Afrique à travers le vélo à travers une voiture de presse je voulais montrer un regard qui se construit à partir des éléments qui lui étaient disponibles. Ce regard est nécessairement partiel et partial car embarqué. Contrairement au point de vue de Dieu assis sur son nuage, aucune vision globale n'est disponible depuis le point de vue en situation. Il ne s'agit même pas d'une mise en perspective, qui supposerait déjà une cartographie initiale, mais bien de la constitution de cette dite cartographie à partir d'un fil conducteur qui constitue sinon une perspective primitive, initiale, sinon celle d'un contexte qui fait apparaître justement la situation comme telle comme agencement et connection d'éléments et d'événement en un ensemble ordonné ou du moins coordonné.
Le commentaire permettrait de juger cette perspective et ces composants, mais alors serait a posteriori par rapport à ce travail même, ou bien serait descriptif des dits éléments eux-mêmes et donc redondant avec l'image.
Évidemment que des informations supplémentaires factuelles ou contextuelles pourraient être données et apportées. Les premières versions du film étaient commentées avec des information sur le PIB du Gabon ou sur les coureurs par exemples. Mais si je les ai retiré c'est que cela finissait pas aller à l'encontre du travail initial de montrer les choses pour pouvoir les observer et non pas les commenter ou les juger. Ceux qui possèdent ce savoir auront un regard plus fin que ceux qui ne l'ont pas, mais cela ne changera rien au fait qu'il faille observer pour voir.
La Tropicale Amissa, l'Afrique à travers le vélo à travers une voiture de presse est un film d'observation et en tant que tel une réflexion sur l'observation, d'où l'usage des technique d'anthropologie visuelle. Ce n'est pas un reportage ni un jugement sur la situation filmée. Il ne s'agit pas d'une reculade ou d'une neutralité couarde. Bien sûr que j'ai une opinion sur la situation, opinion beaucoup plus complexe que je l'aurais imaginé, mais là n'est pas le propos, simplement parce que l'objectif était bien de présenter la situation et la constitution d'une observation, et non les résultats d'une analyse filmique sur le film déjà constitué.
Ceci étant, l'absence de commentaire n'est pas une absence en soi, mais simplement que l'image et le son se suffisent à eux-mêmes pour constituer une totalité filmique pleine et entière que le spectateur peut voir sans garde-fou. C'est donc parce que les commentaires sont inutiles face à l'évidence de l'image du son et du montage qui ne sont pas.
Je suis conscient que cela puisse perturber le spectateur habitué à porter la ceinture et les bretelles, mais cela ne gêne en rien sa compréhension du film. C'est pour cela que la Tropicale Amissa, l'Afrique à travers le vélo à travers une voiture de presse est un film sans commentaire.
mardi 21 juin 2011
Argentique vs numérique
À la suite de l'atelier pellicule 16mm et super-8mm organisé avec l'ETNA au Centre Factory de Villeubanne, il me semble important de revenir sur la querelle récurante de l'opposition entre l'argentique et le numérique.
C'est une lapalissade de dire que les étudiants en cinéma utilisent maintenant essentiellement pour ne pas dire exclusivement le numérique et même maintenant filment plus volontiers avec un APN (appareil photo numérique), le D5 ayant le vent en poupe ces derniers temps.
Le plus frappant dans cette opposition est d'abord qu'elle est historique: la pellicule étant pensée comme ancienne et passée (projetez un film en super-8 que vous venez de tourner et de développer avec les étudiants, la première remarque est “oh! c'est un film des années 70!") ce qui induit qu'il n'est pas possible d'utiliser l'argentique à l'heure actuelle sans être ringard.
Mais outre ces subtilités un peu anachroniques et naïves, le plus important je pense, est qu'une différence intrinsèque et fondamentale est posée entre les deux supports sur l'ontologie de l'image et sur sa pratique.
À la projection d'une image argentique, l'étonnement de voir apparaître une image qui paraît aussi palpable que matériel déroute les étudiants en cinéma au point qu'ils demandent “comment ça se fait que l'image apparait sur l'écran", alors même qu'ils sont habitués à regarder des images projetées au vidéo-projecteur sur ce même écran. Effectivement il y a une différence dans les couleurs, dans le faisceaux, mais cela vient plus de la lampe du projecteur que de l'image elle-même.
L'image n'est pas pensée là où elle devrait l'être, c'est-à-dire ce que le spectateur voit: sur l'écran. Mais au contraire il semble qu'elle soit pensée bien avant sa réalisation: dans son idée, sa conception, son image mentale. Cette différence est essentielle dans la mesure où seule l'image matérialisée peut-être considérée comme telle, ce qui implique que les étapes des prises de vues, de développement ou de montage ne se situent pas après l'image comme des actions sur elles mais bien comme des étapes d'un processus qui abouti à l'image. Il est capitale de le souligner dans la mesure où les images surexposées par exemple ne sont pas des “images ratées", mais simplement des images faites de manière surexposées, ce qui implique une intention de la surexposition. Si ce n'est pas le cas, alors effectivement elles sont ratées parce que différentes de l'objectif visé, mais alors c'est une question de pratique et de manipulation dans la réalisation de l'image. Trop souvent les étudiants semblent imaginer que l'imagination qu'ils bâtissent à partir d'un scénario suffit pour faire un film.
Si les pratiques entre l'argentique et le numérique sont différentes ce n'est pas par différence essentielle mais par différence de pratique. Qui prend encore sa lumière à la cellule en numérique? La question choque même les plus avertis de ces étudiants qui arguent qu'ils font la balance des blancs, sans pour autant spécifier sur quel point ils se basent.
Qui utilise encore un viseur de champ? La plus part ignore même ce que c'est.
L'idée que l'image de l'écran de control est l'image prise par la caméra est aussi trompeuse que de croire que celle de l'œilleton est celle de la pellicule. C'est autant une méconnaissance de l'optique que du mécanisme de la caméra.
Il faut poser le problème de manière inverse: non pas opposer l'argentique au numérique mais bien partir de l'image. L'argentique n'est ni mieux ni moins bon que le numérique, ce sont juste deux outils différents comme peuvent l'être un crayon à papier et un stylo bille: leur usage dépend du résultat que l'on souhaite, seul ce critère est pertinent pour les distinguer.
L'image argentique n'est pas la même que l'image numérique dans sa texture, sa tonalité, son atmosphère, mais les deux sont des images. L'image reste un agencement de formes et de teintes de lumière délimitées par cadre. La construction de l'image est donc la même (délimitation d'un cadre et sélection d'une lumière) quelque soit la manière de la réaliser, mais seule l'image réalisée peut-être considérée indépendamment de celui qui l'imagine et devenir un objet à part entière. C'est pour cela que le viseur de champ et la cellule sont les seuls véritables outils dont a besoin le réalisateur, ensuite le choix de la technique peut-être déterminé de manière pertinente.
Au lieu de courir les vieux lièvres des anciens et des nouveaux, de l'argentique et du numérique, il serait souhaitable de commencer à se poser la question de l'image à proprement parler. Hélas, ce n'est trop souvent pas en ces termes que se pose le débat, ce qui donne les films qu'on nous donne à voir...
C'est une lapalissade de dire que les étudiants en cinéma utilisent maintenant essentiellement pour ne pas dire exclusivement le numérique et même maintenant filment plus volontiers avec un APN (appareil photo numérique), le D5 ayant le vent en poupe ces derniers temps.
Le plus frappant dans cette opposition est d'abord qu'elle est historique: la pellicule étant pensée comme ancienne et passée (projetez un film en super-8 que vous venez de tourner et de développer avec les étudiants, la première remarque est “oh! c'est un film des années 70!") ce qui induit qu'il n'est pas possible d'utiliser l'argentique à l'heure actuelle sans être ringard.
Mais outre ces subtilités un peu anachroniques et naïves, le plus important je pense, est qu'une différence intrinsèque et fondamentale est posée entre les deux supports sur l'ontologie de l'image et sur sa pratique.
À la projection d'une image argentique, l'étonnement de voir apparaître une image qui paraît aussi palpable que matériel déroute les étudiants en cinéma au point qu'ils demandent “comment ça se fait que l'image apparait sur l'écran", alors même qu'ils sont habitués à regarder des images projetées au vidéo-projecteur sur ce même écran. Effectivement il y a une différence dans les couleurs, dans le faisceaux, mais cela vient plus de la lampe du projecteur que de l'image elle-même.
L'image n'est pas pensée là où elle devrait l'être, c'est-à-dire ce que le spectateur voit: sur l'écran. Mais au contraire il semble qu'elle soit pensée bien avant sa réalisation: dans son idée, sa conception, son image mentale. Cette différence est essentielle dans la mesure où seule l'image matérialisée peut-être considérée comme telle, ce qui implique que les étapes des prises de vues, de développement ou de montage ne se situent pas après l'image comme des actions sur elles mais bien comme des étapes d'un processus qui abouti à l'image. Il est capitale de le souligner dans la mesure où les images surexposées par exemple ne sont pas des “images ratées", mais simplement des images faites de manière surexposées, ce qui implique une intention de la surexposition. Si ce n'est pas le cas, alors effectivement elles sont ratées parce que différentes de l'objectif visé, mais alors c'est une question de pratique et de manipulation dans la réalisation de l'image. Trop souvent les étudiants semblent imaginer que l'imagination qu'ils bâtissent à partir d'un scénario suffit pour faire un film.
Si les pratiques entre l'argentique et le numérique sont différentes ce n'est pas par différence essentielle mais par différence de pratique. Qui prend encore sa lumière à la cellule en numérique? La question choque même les plus avertis de ces étudiants qui arguent qu'ils font la balance des blancs, sans pour autant spécifier sur quel point ils se basent.
Qui utilise encore un viseur de champ? La plus part ignore même ce que c'est.
L'idée que l'image de l'écran de control est l'image prise par la caméra est aussi trompeuse que de croire que celle de l'œilleton est celle de la pellicule. C'est autant une méconnaissance de l'optique que du mécanisme de la caméra.
Il faut poser le problème de manière inverse: non pas opposer l'argentique au numérique mais bien partir de l'image. L'argentique n'est ni mieux ni moins bon que le numérique, ce sont juste deux outils différents comme peuvent l'être un crayon à papier et un stylo bille: leur usage dépend du résultat que l'on souhaite, seul ce critère est pertinent pour les distinguer.
L'image argentique n'est pas la même que l'image numérique dans sa texture, sa tonalité, son atmosphère, mais les deux sont des images. L'image reste un agencement de formes et de teintes de lumière délimitées par cadre. La construction de l'image est donc la même (délimitation d'un cadre et sélection d'une lumière) quelque soit la manière de la réaliser, mais seule l'image réalisée peut-être considérée indépendamment de celui qui l'imagine et devenir un objet à part entière. C'est pour cela que le viseur de champ et la cellule sont les seuls véritables outils dont a besoin le réalisateur, ensuite le choix de la technique peut-être déterminé de manière pertinente.
Au lieu de courir les vieux lièvres des anciens et des nouveaux, de l'argentique et du numérique, il serait souhaitable de commencer à se poser la question de l'image à proprement parler. Hélas, ce n'est trop souvent pas en ces termes que se pose le débat, ce qui donne les films qu'on nous donne à voir...
mercredi 6 avril 2011
Pina de Wenders: comment renaît le cinéma 3D
Le film “Pina" de Win Wenders a été pensé en 3D, réalisé en 3D pour de la 3D. Cette technologie devient ici évidente appliquée à la dance et magnifie superbement l'espace et le corps au point de très vite l'oublier.
La 3D redéfinie l'espace scénique de l'écran et perturbe le point de vue du spectateur lorsqu'il n'est pas pensé dans le mise en scène ou justement que l'action ne s'adresse qu'à lui (le coup de poing dans l'écran). Avec Wenders le spectateur est celui de Pina Bausch, et la chorégraphe a déjà pensé le rapport à l'espace, au mouvement et à la distance de geste et de regard avec le spectateur. Wenders ajoute le travail de la lumière et l'intimité optique que permet l'objectif avec ses zooms et gros plans. Le résultat est superbe: un film magnifique sur la dance, sur Pina, un portrait très sensuel de l'artiste à travers son œuvre et un grand film.
À ne pas manquer.
La 3D redéfinie l'espace scénique de l'écran et perturbe le point de vue du spectateur lorsqu'il n'est pas pensé dans le mise en scène ou justement que l'action ne s'adresse qu'à lui (le coup de poing dans l'écran). Avec Wenders le spectateur est celui de Pina Bausch, et la chorégraphe a déjà pensé le rapport à l'espace, au mouvement et à la distance de geste et de regard avec le spectateur. Wenders ajoute le travail de la lumière et l'intimité optique que permet l'objectif avec ses zooms et gros plans. Le résultat est superbe: un film magnifique sur la dance, sur Pina, un portrait très sensuel de l'artiste à travers son œuvre et un grand film.
À ne pas manquer.
mercredi 23 mars 2011
“Tropicale Amissa" prêt à visionner
Le nouveau film “Tropicale Amissa: l'Afrique à travers le vélo à travers une voiture de presse" est maintenant prêt à être projeté.
"En 2010, Odette Kingbo m’a invité à suivre la Tropicale Amissa Bongo, le tour cycliste du Gabon. Ce fut un choc: le choc de la découverte de l’Afrique, du Gabon, du cyclisme, de la presse. Tout cela c’est passé très vite et je crois que je n’ai réalisé ce qui se passait qu’une fois de retour à la maison. Je voulais rendre cet état d’esprit mélé d’euphorie, de curiosité, l’incompréhension, d’émerveillement: le sentiment d’assister à quelque chose sans bien savoir quoi et d’en profiter pleinement. Le résultat est ce film. Ce n’est pas un reportage comme ceux que peut réaliser la presse lorsqu’elle rend compte
et informe de la course ou du pays, ce n’est pas un documentaire à proprement parler mais plutôt une sorte de carnet de voyage de mes impressions. Les premières versions du film comportaient des commentaires dans l’esprit de mes précédents films, qui tentaient d’expliquer ce qui se passait et d’expliciter mon point de vue. Au final il ne reste que les images qui doivent parler d’elles-mêmes et qui montrent assez bien finalement tout ce que je voulais dire. Cela donne peut-être un film plus aride mais plus proche de la réalité. Je voulais aussi détacher ce film de la course elle-même, c’est sans doute pour cette raison que j’ai attendu si longtemps de le montrer, car plus que de la course cycliste elle-même c’est de son appréhension par un profane que traite ce film, et ce qui vaut pour la course de 2010 vaut sans doute pour toutes les éditions malgré leurs particularités et spécificités.
L’approche de tournage très inspirée du cinéma direct et de l’anthropologie visuelle, avec un matériel léger et le réalisateur comme opérateur est critiquable pour le résultat: l’image, le son et le montage ne sont peut-être pas aussi propres et esthétiques qu’ils ne devraient l’être. L’avantage est la réactivité et l’immédiateté des images qui retranscrivent bien un regard particulier et un point de vue auxquels le spectateur participe comme véritable témoin.
Plus qu’un simple reportage sur la course, ce film est un regard et une réflexion visuelle sur le choc d’une découverte: la rencontre de l’Afrique, à travers le vélo, à travers une voiture de presse."
Écriture, image, son, montage: Benjamin Sylvand
HDV • 87 minutes • français • Real-Fiction.fr • 2010 •
ISAN 0000-0002-7A1E-0000-9-0000-0000-A
"En 2010, Odette Kingbo m’a invité à suivre la Tropicale Amissa Bongo, le tour cycliste du Gabon. Ce fut un choc: le choc de la découverte de l’Afrique, du Gabon, du cyclisme, de la presse. Tout cela c’est passé très vite et je crois que je n’ai réalisé ce qui se passait qu’une fois de retour à la maison. Je voulais rendre cet état d’esprit mélé d’euphorie, de curiosité, l’incompréhension, d’émerveillement: le sentiment d’assister à quelque chose sans bien savoir quoi et d’en profiter pleinement. Le résultat est ce film. Ce n’est pas un reportage comme ceux que peut réaliser la presse lorsqu’elle rend compte
et informe de la course ou du pays, ce n’est pas un documentaire à proprement parler mais plutôt une sorte de carnet de voyage de mes impressions. Les premières versions du film comportaient des commentaires dans l’esprit de mes précédents films, qui tentaient d’expliquer ce qui se passait et d’expliciter mon point de vue. Au final il ne reste que les images qui doivent parler d’elles-mêmes et qui montrent assez bien finalement tout ce que je voulais dire. Cela donne peut-être un film plus aride mais plus proche de la réalité. Je voulais aussi détacher ce film de la course elle-même, c’est sans doute pour cette raison que j’ai attendu si longtemps de le montrer, car plus que de la course cycliste elle-même c’est de son appréhension par un profane que traite ce film, et ce qui vaut pour la course de 2010 vaut sans doute pour toutes les éditions malgré leurs particularités et spécificités.
L’approche de tournage très inspirée du cinéma direct et de l’anthropologie visuelle, avec un matériel léger et le réalisateur comme opérateur est critiquable pour le résultat: l’image, le son et le montage ne sont peut-être pas aussi propres et esthétiques qu’ils ne devraient l’être. L’avantage est la réactivité et l’immédiateté des images qui retranscrivent bien un regard particulier et un point de vue auxquels le spectateur participe comme véritable témoin.
Plus qu’un simple reportage sur la course, ce film est un regard et une réflexion visuelle sur le choc d’une découverte: la rencontre de l’Afrique, à travers le vélo, à travers une voiture de presse."
Écriture, image, son, montage: Benjamin Sylvand
HDV • 87 minutes • français • Real-Fiction.fr • 2010 •
ISAN 0000-0002-7A1E-0000-9-0000-0000-A
mercredi 23 février 2011
Quelques réflexions sur l'enseignement
Ces remarques n'ont aucune valeur en soi puisqu'elles ne font que répondre à une critique qui m'a été adressée selon laquelle je ne suis pas pédagogue et que je ferais mieux de quitter le métier d'enseignant. Elles ne traduisent donc que ma position et ma vision personnelle de l'enseignement et donc sont de facto invalidées au regard de la critique mentionnée.
Ces remarques sont motivées avant tout par mon incompréhension de deux situations distinctes relatives à l'enseignement et qui me paraissent être inappropriées.
La première situation est une interaction entre un élève et une collègue qui à l'inter-classe se sont chatouillés comme des enfants et ont fini par jouer au jeu de la barbichette. L'élève se tourne vers moi et me demande pourquoi je ne fais pas ça dans mes cours parce que c'est rigolo. Ce comportement, ici peut-être poussé à l'extrême, est similaire à celui d'aller boire des bières avec les étudiants au bar d'à côté et de “copiner" avec histoire de gagner une bonne ambiance dans la classe et les cours. Ce comportement me paraît absolument inapproprié dans le cadre d'un enseignement car il brouille les cartes entre professeur et élèves indispensable pour la transmission de savoirs et de connaissances. Cette distinction me paraît capitale et doit se manifester clairement dans la relation d'enseignement, par un respect mutuel de la fonction dans le jeu social qui induit une posture asymétrique dans les interactions. Cela ne veut pas pour autant dire qu'il faille transformer la classe en camps de concentration et se comporter en tyran rigide avec les étudiants, mais la démocratie ne peut s'appliquer dans la classe du fait de cette asymétrie de savoir. Cela ne signifie pas non plus que les étudiants soient traumatisés ou bridés, bien au contraire. Peut-être par contre ne trouvent-ils pas mes cours “rigolos", mais ce n'est pas non plus le qualificatif que j'espère obtenir de leur part. Je ne suis pas enseignant pour “copiner" avec les étudiants, j'ai des amis pour être aimés, je suis ici pour les faire progresser. Je préfère que mes cours soient évaluer quant à leur efficacité plutôt qu'au riromètre.
L'efficacité et la pertinence suppose de porter une attention particulière à chacun et de nouer une relation de confiance avec: l'élève n'acceptera de progresser que s'il se sent en confiance pour le faire et s'il pense que l'enseignant peut lui être d'un secours dans cette entreprise. L'école est un sanctuaire et doit le rester à ce titre: un espace dans lequel l'erreur est admise sous forme d'essaie c'est-à-dire que l'élève n'a pas à en assumer les conséquences, contrairement à ce qui se passe à l'extérieur des murs de la classe. Le professeur doit être une figure tutélaire de référence: l'adulte qui connaît la direction et le point d'arriver de la séquence d'apprentissage, qui observe le progressant et sera capable de l'y amener ou bien de le retenir au besoin en cas de défaillance. Cette figure est tout à fait particulière dans la société et n'est incarné par personne d'autre, c'est pour cela qu'il est indispensable de la préserver tant institutionnellement que dans l'attitude particulière de celui qui joue ce rôle. L'élève doit savoir qu'il peut compter sur le professeur à tout moment, or en cas de défaillance il n'ira pas voir un copain. C'est pour cette raison qu'il me paraît indispensable de dénuer cette relation de tout affect et de sentiment, de sorte à ce qu'il soit possible de travailler uniquement sur le problème pédagogique d'apprentissage. Cette vision ne paraîtra inhumaine qu'à celui qui pense que le chirurgien injecte de l'affect et du sentiment dans son intervention chirurgicale.
La seconde remarque est motivée par la réflexion d'un enseignant: “pour progresser il faut déconstruire et séparer les défauts de l'élève". Cela me paraît aussi une démarche non seulement inefficace mais dangereuse. Pour deux raisons: la première est qu'il est bien beau de démonter, déconstruire, détruire ce qui ne va pas chez l'élève, mais cela devrait impliquer alors qu'il faille construire ou reconstruire un édifice à la place. Dans la discussion avec cet enseignant, selon lui, cela juste l'élève est capable de le faire. En somme l'enseignement laisse un champ de ruine d'élèves détruits dont on espère que certains sont suffisamment intelligents être capable de construire un édifice sans défaut. Ce serait bien si c'était était le cas, mais il est difficile de comprendre comment alors ils en étaient arriver à établir un édifice branlant si en définitive ils arrivent à en faire un solide et stable. Mais de plus cela me paraît méscomprendre radicalement la structure de l'esprit humain. Nous élaborons notre conception, représentation et interaction de et avec l'environnement sur la base de concepts, de croyances et de jugements. Ceux-ci peuvent être faux ou inappropriés au sens où ils ne permettent pas de représenter convenablement l'environnement afin d'interagir au mieux avec. Suivant cette logique il faut s'en prendre à ces éléments mentaux afin de les modifier. Les décomposer, déconstruire ou les séparer reviendrait à enlever des briques dans un mur en espérant que celui-ci tiennent encore. Supprimer une croyance est une chose extrêmement difficile voire impossible si celle-ci est insérer dans un réseau et joue un jeu dans celui-ci, or c'est là justement le rôle de la croyance. Nier une croyance est tout aussi difficile car cela oblige de reformuler l'ensemble du réseau de manière négative ce qui est cognitivement très coûteux. La chose la plus simple et la plus efficace est d'ajouter au système de croyance une croyance différentes voire contradictoire avec celle que l'on veut corriger mais qui soit plus forte et plus efficace, c'est-à-dire qu'elle parvient aux mêmes résultats que celle défaillante mais avec un gain supplémentaire soit d'extension soit d'efficacité. Cela implique de prendre le système dans son ensemble, d'évaluer sa pertinence, et de construire une système aussi puissant mais sans les faiblesses du premier. On ne s'attaque donc jamais à un problème particulier même si on se concentre toujours sur un aspect particulier, et cela indique également qu'il n'y a pas de recette a priori toute faite pour corriger un système. C'est pour cela que l'apprentissage prend du temps pour basculer d'un système à un autre en douceur. Cette prise en compte de la temporalité est essentielle et capitale, et il faut garder à l'esprit qu'elle est différente pour l'enseignant que pour le progressant: le progressant aura toujours l'impression qu'elle est trop lente et aimerait progresser tout de suite avec des résultats tangible, l'enseignant n'a jamais assez de temps pour affiner cette progression qui lui paraît toujours trop rapide. Cela tient au fait que l'un connaît la finalité mais tente d'en dessiner le parcours entre le point actuel de l'élève et ce point d'arrivé, alors que l'autre ne voit qu'un chemin infini jusqu'à l"horizon sans savoir où il mène. D'où l'importance de la cartographie du savoir et de la communication avec l'élève qui prend la forme d'un séquençage avec des objectifs comme autant de jalons sur la route de la connaissance.
On le voit, la question primordiale n'est pas celle des connaissances mais bien de l'apprentissage et de leurs transmission. Il est nécessaire que le professeur sache ce qu'il doit transmettre, évidemment, mais ce n'est pas cela qu'il doit transmettre. Les étudiants ne sont pas des cases vides que l'on rempli, et ce n'est pas comme cela que vous-mêmes avez appris ce que vous savez. La connaissance est extérieur et au professeur et à l'élève, elle se trouve dans les livres, dans les musées, les cinémas ou encore internet. Le matériau n'est pas très difficile à trouver. Ce qui l'est c'est l'usage que l'on peut en faire et comment construire son propre réseau de savoir c'est-à-dire comment meubler son espace cognitive de ce savoir, comme l'inscrire dans un système de croyance, de jugements, d'actions. L'enseignement est justement la pratique de ce tissage, la transmission de ce savoir-faire de sorte à ce que le progressant parvient en définitive à être autonome dans son processus d'apprentissage et qu'il puisse continuer sans jamais s'arrêter à incorporer dans sa représentation, compréhension, interaction avec l'environnement toujours plus de représentations, compréhensions et interactions, donc des connaissances. Cela implique que le professeur soit au clair avec son savoir et sur le processus pédagogique, qu'il soit à l'écoute du progressant, l'observe, comprenne son fonctionnement, être capable de fixer des objectifs et des passerelles pour les atteindre, est soit respecté comme une autorité capable de remplir cette tâche et d'amener le progressant à la réaliser. Cela induit une implication et une attitude qui me paraissent incompatibles avec les deux cas discutés ci-dessus.
Telle est ma conception de l'enseignement. Je conçois que c'est là une vision naïve ou idéalisée de l'enseignement car dans la pratique, en dix ans, je ne l'ai jamais vue appliquée par aucun collègue, mais je continu à penser que c'est comme cela au moins qu'un enseignant devrait ou doit enseigner. Sur ce constat je suis prêts à admettre que je ne suis pas pédagogue ni enseignant et que je ferais effectivement mieux de changer de métier. Appelons ça autrement, je n'enseigne donc pas, mais j'applique ces principes, nommer les comme vous le voulez, je préfère me concentrer sur mes progressants.
Ces remarques sont motivées avant tout par mon incompréhension de deux situations distinctes relatives à l'enseignement et qui me paraissent être inappropriées.
La première situation est une interaction entre un élève et une collègue qui à l'inter-classe se sont chatouillés comme des enfants et ont fini par jouer au jeu de la barbichette. L'élève se tourne vers moi et me demande pourquoi je ne fais pas ça dans mes cours parce que c'est rigolo. Ce comportement, ici peut-être poussé à l'extrême, est similaire à celui d'aller boire des bières avec les étudiants au bar d'à côté et de “copiner" avec histoire de gagner une bonne ambiance dans la classe et les cours. Ce comportement me paraît absolument inapproprié dans le cadre d'un enseignement car il brouille les cartes entre professeur et élèves indispensable pour la transmission de savoirs et de connaissances. Cette distinction me paraît capitale et doit se manifester clairement dans la relation d'enseignement, par un respect mutuel de la fonction dans le jeu social qui induit une posture asymétrique dans les interactions. Cela ne veut pas pour autant dire qu'il faille transformer la classe en camps de concentration et se comporter en tyran rigide avec les étudiants, mais la démocratie ne peut s'appliquer dans la classe du fait de cette asymétrie de savoir. Cela ne signifie pas non plus que les étudiants soient traumatisés ou bridés, bien au contraire. Peut-être par contre ne trouvent-ils pas mes cours “rigolos", mais ce n'est pas non plus le qualificatif que j'espère obtenir de leur part. Je ne suis pas enseignant pour “copiner" avec les étudiants, j'ai des amis pour être aimés, je suis ici pour les faire progresser. Je préfère que mes cours soient évaluer quant à leur efficacité plutôt qu'au riromètre.
L'efficacité et la pertinence suppose de porter une attention particulière à chacun et de nouer une relation de confiance avec: l'élève n'acceptera de progresser que s'il se sent en confiance pour le faire et s'il pense que l'enseignant peut lui être d'un secours dans cette entreprise. L'école est un sanctuaire et doit le rester à ce titre: un espace dans lequel l'erreur est admise sous forme d'essaie c'est-à-dire que l'élève n'a pas à en assumer les conséquences, contrairement à ce qui se passe à l'extérieur des murs de la classe. Le professeur doit être une figure tutélaire de référence: l'adulte qui connaît la direction et le point d'arriver de la séquence d'apprentissage, qui observe le progressant et sera capable de l'y amener ou bien de le retenir au besoin en cas de défaillance. Cette figure est tout à fait particulière dans la société et n'est incarné par personne d'autre, c'est pour cela qu'il est indispensable de la préserver tant institutionnellement que dans l'attitude particulière de celui qui joue ce rôle. L'élève doit savoir qu'il peut compter sur le professeur à tout moment, or en cas de défaillance il n'ira pas voir un copain. C'est pour cette raison qu'il me paraît indispensable de dénuer cette relation de tout affect et de sentiment, de sorte à ce qu'il soit possible de travailler uniquement sur le problème pédagogique d'apprentissage. Cette vision ne paraîtra inhumaine qu'à celui qui pense que le chirurgien injecte de l'affect et du sentiment dans son intervention chirurgicale.
La seconde remarque est motivée par la réflexion d'un enseignant: “pour progresser il faut déconstruire et séparer les défauts de l'élève". Cela me paraît aussi une démarche non seulement inefficace mais dangereuse. Pour deux raisons: la première est qu'il est bien beau de démonter, déconstruire, détruire ce qui ne va pas chez l'élève, mais cela devrait impliquer alors qu'il faille construire ou reconstruire un édifice à la place. Dans la discussion avec cet enseignant, selon lui, cela juste l'élève est capable de le faire. En somme l'enseignement laisse un champ de ruine d'élèves détruits dont on espère que certains sont suffisamment intelligents être capable de construire un édifice sans défaut. Ce serait bien si c'était était le cas, mais il est difficile de comprendre comment alors ils en étaient arriver à établir un édifice branlant si en définitive ils arrivent à en faire un solide et stable. Mais de plus cela me paraît méscomprendre radicalement la structure de l'esprit humain. Nous élaborons notre conception, représentation et interaction de et avec l'environnement sur la base de concepts, de croyances et de jugements. Ceux-ci peuvent être faux ou inappropriés au sens où ils ne permettent pas de représenter convenablement l'environnement afin d'interagir au mieux avec. Suivant cette logique il faut s'en prendre à ces éléments mentaux afin de les modifier. Les décomposer, déconstruire ou les séparer reviendrait à enlever des briques dans un mur en espérant que celui-ci tiennent encore. Supprimer une croyance est une chose extrêmement difficile voire impossible si celle-ci est insérer dans un réseau et joue un jeu dans celui-ci, or c'est là justement le rôle de la croyance. Nier une croyance est tout aussi difficile car cela oblige de reformuler l'ensemble du réseau de manière négative ce qui est cognitivement très coûteux. La chose la plus simple et la plus efficace est d'ajouter au système de croyance une croyance différentes voire contradictoire avec celle que l'on veut corriger mais qui soit plus forte et plus efficace, c'est-à-dire qu'elle parvient aux mêmes résultats que celle défaillante mais avec un gain supplémentaire soit d'extension soit d'efficacité. Cela implique de prendre le système dans son ensemble, d'évaluer sa pertinence, et de construire une système aussi puissant mais sans les faiblesses du premier. On ne s'attaque donc jamais à un problème particulier même si on se concentre toujours sur un aspect particulier, et cela indique également qu'il n'y a pas de recette a priori toute faite pour corriger un système. C'est pour cela que l'apprentissage prend du temps pour basculer d'un système à un autre en douceur. Cette prise en compte de la temporalité est essentielle et capitale, et il faut garder à l'esprit qu'elle est différente pour l'enseignant que pour le progressant: le progressant aura toujours l'impression qu'elle est trop lente et aimerait progresser tout de suite avec des résultats tangible, l'enseignant n'a jamais assez de temps pour affiner cette progression qui lui paraît toujours trop rapide. Cela tient au fait que l'un connaît la finalité mais tente d'en dessiner le parcours entre le point actuel de l'élève et ce point d'arrivé, alors que l'autre ne voit qu'un chemin infini jusqu'à l"horizon sans savoir où il mène. D'où l'importance de la cartographie du savoir et de la communication avec l'élève qui prend la forme d'un séquençage avec des objectifs comme autant de jalons sur la route de la connaissance.
On le voit, la question primordiale n'est pas celle des connaissances mais bien de l'apprentissage et de leurs transmission. Il est nécessaire que le professeur sache ce qu'il doit transmettre, évidemment, mais ce n'est pas cela qu'il doit transmettre. Les étudiants ne sont pas des cases vides que l'on rempli, et ce n'est pas comme cela que vous-mêmes avez appris ce que vous savez. La connaissance est extérieur et au professeur et à l'élève, elle se trouve dans les livres, dans les musées, les cinémas ou encore internet. Le matériau n'est pas très difficile à trouver. Ce qui l'est c'est l'usage que l'on peut en faire et comment construire son propre réseau de savoir c'est-à-dire comment meubler son espace cognitive de ce savoir, comme l'inscrire dans un système de croyance, de jugements, d'actions. L'enseignement est justement la pratique de ce tissage, la transmission de ce savoir-faire de sorte à ce que le progressant parvient en définitive à être autonome dans son processus d'apprentissage et qu'il puisse continuer sans jamais s'arrêter à incorporer dans sa représentation, compréhension, interaction avec l'environnement toujours plus de représentations, compréhensions et interactions, donc des connaissances. Cela implique que le professeur soit au clair avec son savoir et sur le processus pédagogique, qu'il soit à l'écoute du progressant, l'observe, comprenne son fonctionnement, être capable de fixer des objectifs et des passerelles pour les atteindre, est soit respecté comme une autorité capable de remplir cette tâche et d'amener le progressant à la réaliser. Cela induit une implication et une attitude qui me paraissent incompatibles avec les deux cas discutés ci-dessus.
Telle est ma conception de l'enseignement. Je conçois que c'est là une vision naïve ou idéalisée de l'enseignement car dans la pratique, en dix ans, je ne l'ai jamais vue appliquée par aucun collègue, mais je continu à penser que c'est comme cela au moins qu'un enseignant devrait ou doit enseigner. Sur ce constat je suis prêts à admettre que je ne suis pas pédagogue ni enseignant et que je ferais effectivement mieux de changer de métier. Appelons ça autrement, je n'enseigne donc pas, mais j'applique ces principes, nommer les comme vous le voulez, je préfère me concentrer sur mes progressants.
mercredi 9 février 2011
Filmer la musique: l’intention, l’interprétation et le chef
Dans la problématique “Filmer la musique”, comment le chef parvient-il à transmettre son intention à l’orchestre pour qu’il interprète l’œuvre tel qu’il le souhaite?
Cette question relève de la gestuelle, non seulement des mouvements de direction à proprement parler mais aussi de la posture plus générale du chef et des musiciens. En effet l’intention du chef n’étant pas nécessairement ou entièrement verbale, il la manifeste mais aussi la ressent. De même que les musiciens ne manifestent pas entièrement l’interprétation dans les seules notes exécutées mais aussi et surtout dans la manière de les jouer et donc dans leur attitude dans son ensemble.
De manière visuelle et filmique, une observation et une transcription fine de ces attitudes et de leurs relations, en particulier de leurs modifications réciproque doit permettre de voir et de comprendre un peu mieux le couple particulier que forment le chef et l’orchestre.
Quoi de mieux qu’une masterclass de direction d’orchestre pour tenter de saisir et d’appréhender cette relation et essayer de la saisir visuellement?
Avec une équipe d’étudiante du Centre Factory, nous allons mener une réflexion visuelle sur la transmission de l’intention d’interprétation entre le chef et l’orchestre, à l’occasion d’une masterclass au CNSMD de Lyon avec l’Orchestre des Pays de Savoie.
Affaire à suivre
Cette question relève de la gestuelle, non seulement des mouvements de direction à proprement parler mais aussi de la posture plus générale du chef et des musiciens. En effet l’intention du chef n’étant pas nécessairement ou entièrement verbale, il la manifeste mais aussi la ressent. De même que les musiciens ne manifestent pas entièrement l’interprétation dans les seules notes exécutées mais aussi et surtout dans la manière de les jouer et donc dans leur attitude dans son ensemble.
De manière visuelle et filmique, une observation et une transcription fine de ces attitudes et de leurs relations, en particulier de leurs modifications réciproque doit permettre de voir et de comprendre un peu mieux le couple particulier que forment le chef et l’orchestre.
Quoi de mieux qu’une masterclass de direction d’orchestre pour tenter de saisir et d’appréhender cette relation et essayer de la saisir visuellement?
Avec une équipe d’étudiante du Centre Factory, nous allons mener une réflexion visuelle sur la transmission de l’intention d’interprétation entre le chef et l’orchestre, à l’occasion d’une masterclass au CNSMD de Lyon avec l’Orchestre des Pays de Savoie.
Affaire à suivre
mardi 18 janvier 2011
Filmer le réel # participez
Comment filmer le réel tel qu’il est en dehors des clichés?
Il parait paradoxal de vouloir filmer le réel du fait de la profilmie (le modification de comportement dû à la présence de la caméra).
Benjamin Sylvand mène une réflexion sur l’approche filmique du réel à travers une expérience: filmer une série de portrait au plus près du réel en travaillant sur l’approche et la place de la caméra.
Il est possible de participer à cette expérience en écrivant à la real-fiction par l’intermédiaire du formulaire de contact.
Il parait paradoxal de vouloir filmer le réel du fait de la profilmie (le modification de comportement dû à la présence de la caméra).
Benjamin Sylvand mène une réflexion sur l’approche filmique du réel à travers une expérience: filmer une série de portrait au plus près du réel en travaillant sur l’approche et la place de la caméra.
Il est possible de participer à cette expérience en écrivant à la real-fiction par l’intermédiaire du formulaire de contact.
vendredi 24 décembre 2010
mercredi 22 décembre 2010
Pas de cinéma libre avec des réalisateurs bâillonnés.
Le cinéaste iranien Jafar Panahi vient d'être condamné au silence pour 20 ans. Interdire un cinéaste de filmer c'est l'interdire de s'exprimer. Si cela indique que le cinéma est un support d'expression influent qui fait peur aux pouvoirs et que les documentaires aussi bien que les fictions décrivent et parlent d'une réalité et d'une manière de la construire, cela souligne également la place que doit avoir l'art et l'espace qu'il est nécessaire de lui laisser. Il ne peut y avoir de cinéma avec des réalisateurs bâillonnés, c'est pour cela qu'il est nécessaire de parler pour que ceux qui sont réduit au silence puissent le faire à nouveau.
Pétition de soutien sur le site Cineuropa.org
Pétition de soutien sur le site Cineuropa.org
lundi 8 novembre 2010
Farrebique / Biquefarre : Georges Rouquier
Farrebique et Biquefarre sont deux films de Georges Rouquier, filmés à 38 ans d'écart, le premier en 1945 l'autre en 1984: dans une même famille, la sienne, dans leur ferme de l'Aveyron.
Ces deux films sont précieux, d'une part parce qu'ils montrent le monde paysan tel qu'il l'est à deux époques dans la continuité et à ce titre sont des documents rares. Ils sont précieux parce qu'ils montrent qu'un cinéma sincère est possible entre la fiction et le reportage. Ces films ne sont pas des documentaires, pas des reportages, pas du cinéma vérité, pas de la fiction et rien de tout cela à la fois: ce sont des portraits où chacun joue son propre rôle, mais le joue, c'est-à-dire que les dialogues sont stylisées, les postures mise en scène au sens où elles prennent en compte la caméra, sans pour autant jouer une autre partition que celle du quotidien. Rouiquer déjoue avec élégance le problème de la profilmie (la présence perturbante de la caméra) en filmant des gens qui lui font confiance (sa propre famille), sur une longue durée (une année) et en scénarisant les prises. Le résultat est spectaculaire, d'une profondeur et d'une sincérité rare. Mais ces films sont aussi une réflexion sur le monde paysan, sur les conditions de vie, la structure familiale, les traditions, le présent et la modernité. Le constat est pessimiste parce que réaliste et la peur de l'avenir n'est autre finalement que celle naturel de tout homme qui se demande de quoi demain sera fait et comment suivre un rythme imposé au quotidien.
Les images sont superbes, les cadrages sobres, calmes, posés montre avec acquitté ce monde sans esthétisme superflue mais avec une beauté certaine. Deux films aussi rares qu'indispensables, véritable leçon de regard.
jeudi 30 septembre 2010
Nachtwey > chronique pour TrENSistor
Le livre d'or est une bonne clé d'entrée dans l'exposition de Nachtwey. Vous avez déjà vu ses photos même sans nécessairement le connaitre, collaborateur de Time, membre de Magmum, maintenant de l'agence VII qu'il a co-fondé en 2001, son travail est couronné des prix les plus prestigieux et repris dans l'ensemble de la presse.
Il y a ceux qui ne laissent pas de message et traversent la salle de la Bibliothèque de la Part-Dieu au pas de charge pour fuir, avec complaintes et grimasses, l'horreur montrée, insoutenable.
D'autres commentaires soulignent la beauté plastique, superbe, de ces grands tirages sous verre, en noir et blanc ou en couleur, et l'importance de ce témoignage de la barbarie humaine et du chaos du monde. Une interrogation transparait sans cesse cependant: comment peut-on montrer, photographier la guerre? Nachtwey revendique la nécessité de rendre compte de ce qui sinon ne reste qu'abstrait, mais d'aucuns mettent le doigt sur l'une des questions les plus épineuses et fondamentales du photojournalisme: est-il possible de prétendre atteindre à la vérité à partir d'un point de vue particulier? C'est un double problème: à la fois épistémologique: tous ces événements qui nous ébranlent et nous affectent parce qu'ils sont universels ne sont finalement que des histoires locales; et un problème moral: peut-on montrer la souffrance d'un individu sous prétexte qu'elle illustre celle d'un ensemble? C'est justement une question qui obsède Natchwey: je cite \emph{« Le plus grand problème auquel je suis confronté dans mon travail de photographe de guerre, c’est le risque de profiter de la détresse des autres. Cette pensée me hante. Elle me tracasse jour après jour, car si je laissais la carrière et l’argent prendre le dessus sur ma compassion, je vendrais mon âme. »}
Beaucoup par exemple rejettent, parfois très violemment, le terme “sacrifice" dans le titre du grand panneau de 60 photos de soldats américains blessés en Irak en 2006, en lui reprochant sa nationalité américaine et par extension le rendant responsable de la politique de son pays. C'est un autre problème: peut-on porter un regard critique sur le monde sans en être soi-même acteur et donc responsable?
Mais l'exposition et le travail de reporter de Nachtwey qu'elle présente à travers 88 photos et un diaporama vidéo, est un succès en ce qu'elle ne laisse pas indifférent jusqu'au silence monacal de ceux qui scrutent l'absolu derrière ces histoires singulières et se recueillent devant des superbes photographies comme autant d'icônes des tragédies de nos époques. C'est jusqu'au 15 janvier 2011 à la Bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon, c'est gratuit, il faut y aller.
Le site de l'exposition.
Le site du photographe.
Visconti > chronique pour TrENSistor
Affiche peinte, format à la française signée Gonzalez.
Fond banc: au centre, dans la partie supérieure, un homme en buste qui, si ses cheveux et ses favoris sont encore blonds, a le teint passé, encore rose sur la partie droite, franchement déssaturé sur sa gauche: plus qu'un homme c'est un spectre, écho à la scène de la messe.
À gauche sur l'affiche, le visage d'un jeune homme, en noir et blanc. Ce pourrait être lui dans le passé mais c'est son neveu. Regard franc et décidé, il incarne la voracité jusqu'au cynisme: il changera d'ailleurs plusieurs fois d'uniformes, des chemises rouges (qui, pour les besoins du film ont du être trempées dans le thé, enterrées puis exposées au soleil pour leur donner cette couleur) jusqu'au épaulettes de l'armée royale. À droite, espace graphique de l'avenir, une jeune femme, très belle, chignon, boucle d'oreille de diamant. Elle est la fraîcheur, un peu naïve peut-être, maladroite parfois jusqu'à la vulgarité (voir le premier repas) mais qui sait jouer la situation. Trois portraits, trois regards, trois époques: l'Italie féodale finissante, le présent incertain et chaotique de la guerre civile, l'espoir de la République.
En rouge, légèrement incliné, le titre. Le Guépard. Tiré du roman éponyme de Giuseppe Tomasi di Lampedusa (évoqué lors de la présentation des convives au colonel) ce fut un succès de librairie qui malgré son conservatisme reproché est considéré comme le premier roman italien moderne. L'adapter était risqué, comme toute adaptation. Visconti le fait à merveille, évidemment, et rend l'atmosphère sicilienne avec brio. Sicile donc, 1860-63: les troupes de Garibaldi débarquent et se heurtent à la garde bourbonnaise. Troubles à Palerme, le prince Fabrizio Corbera de Salina, Burt Lancaster à l'écran, part avec sa famille dans son palais de villégiature à Donnafugata, dans le centre de l'île, mais pas tant pour fuir que pour s'en tenir à son agenda. Aveugle au faits ou incapable de changer son mode de vie: “pour que rien ne change, il faut que tout change". Lucide, fataliste.
Paradoxalement il s'intéresse plus à son neveu qu'à ses nombreux enfants, dégoûté sans doute par la vision de ces cousines congénitales ricannantent dans une antichambre du bal, il va le marier à Angela, la fille du maire libéral du village. Parce que c'est ce qu'il y a de mieux à faire.
Le casting: “Burt Lancaster", un choix qui devient évident à l'écran “Alain Delon, Claudia Cardinale", mais aussi “Serge Reggiani". En haut un bandeau mentionne la palme d'or 1963.
Le Guépard, c'est l'histoire d'un contrat de mariage. Tout le reste qu'est que prétexte à l'art magistral de Visconti dont la réputation proverbiale pour sa minutie des décors et de la mise en scène n'est pas prise en défaut (notamment dans la scène du bal de 45 minutes). L'image, en “supertechnirama" (procédé de gonflage du 35mm en 70mm pour la projection) et “technicolor" est superbe et le sera plus encore dans la version restaurée présentée en clôture du festival Lumière.
vendredi 27 août 2010
L'image et l'action.
L'image est une représentation distanciée de son objet. Elle est une représentation et non une simple présentation parce que même si dans certain cas elle suppose la présence de l'objet pour le montrer, elle n'est qu'une trace de celui-ci et ne peut permettre de retrouver l'objet par son image. C'est d'ailleurs pour cela que l'image, au sens premier du terme, s'applique à ce qui n'est plus, donc ne peut plus être présent, à savoir les morts.
La conjonction de l'image et des supports de communications à distance permet de réduire à la quasi instantanéité cette distance entre ce qui est montré et le fait de le montrer. Les images de catastrophes en tout genre que déversent les médias n'en sont qu'une illustration. Sans être présent nous voyons des images de lieux dévastés, de personnes sinistrées à l'autre bout de la planète mais avec la nuance que si nous, nous ne sommes pas là-bas, nous supposons que quelqu'un, en particulier l'opérateur des images, y est. La distance prévaut dans ce cas à la fois sur la temporalité et sur l'accessibilité à ce qui est représenté.
Cependant les moyens de communication de l'image dépassent maintenant ce dernier point. Il est possible de montrer en quasi simultanéité une situations qui n'est pas accessible ou du moins beaucoup moins facilement que l'image elle-même.
On se souvient qu'en 2002 lors du naufrage du sous-marin russe Koursk, les membres de l'équipage avaient laissé une lettre témoignant de leurs derniers instants. L'écrit est une forme l'image, mais au sens métaphorique du terme et sa trace n'est pas aussi immédiate à l'esprit que l'image à proprement parler.
Aujourd'hui, l'image peut nous parvenir sans qu'il soit possible de pouvoir atteindre l'opérateur. Des mineurs sont coincés dans une mine au Chili et les chances de pouvoir leur porter secours sont minces. Avec un téléphone portable ils envoient un témoignage de leur situation. L'image n'est pas aussi mauvaise que les circonstances pourraient le laisser présager, mais l'impact sur le public pourraient être considérable. Autant dans le cas du Koursk, le spectateur imaginait ce qui pouvait se passer dans la carcasse du sous-marin, autant ici l'imagination n'a plus court et nous savons avec certitude qu'ils sont en vit et qu'il faut les sauver. Cependant l'action n'est pas régit par les mêmes impératifs que les ondes radios et il n'est pas aussi simple d'envoyer des secours de dégager les conduits pour libérer ces hommes que d'envoyer un MMS.
L'image a bel et bien dépasser l'action et il sera maintenant difficile de laisser du temps ou de le prendre pour l'analyse des faits, mais peut-être même pour les l'action liés à ceux-ci. Premiers pas dans le virtuel réel.
La conjonction de l'image et des supports de communications à distance permet de réduire à la quasi instantanéité cette distance entre ce qui est montré et le fait de le montrer. Les images de catastrophes en tout genre que déversent les médias n'en sont qu'une illustration. Sans être présent nous voyons des images de lieux dévastés, de personnes sinistrées à l'autre bout de la planète mais avec la nuance que si nous, nous ne sommes pas là-bas, nous supposons que quelqu'un, en particulier l'opérateur des images, y est. La distance prévaut dans ce cas à la fois sur la temporalité et sur l'accessibilité à ce qui est représenté.
Cependant les moyens de communication de l'image dépassent maintenant ce dernier point. Il est possible de montrer en quasi simultanéité une situations qui n'est pas accessible ou du moins beaucoup moins facilement que l'image elle-même.
On se souvient qu'en 2002 lors du naufrage du sous-marin russe Koursk, les membres de l'équipage avaient laissé une lettre témoignant de leurs derniers instants. L'écrit est une forme l'image, mais au sens métaphorique du terme et sa trace n'est pas aussi immédiate à l'esprit que l'image à proprement parler.
Aujourd'hui, l'image peut nous parvenir sans qu'il soit possible de pouvoir atteindre l'opérateur. Des mineurs sont coincés dans une mine au Chili et les chances de pouvoir leur porter secours sont minces. Avec un téléphone portable ils envoient un témoignage de leur situation. L'image n'est pas aussi mauvaise que les circonstances pourraient le laisser présager, mais l'impact sur le public pourraient être considérable. Autant dans le cas du Koursk, le spectateur imaginait ce qui pouvait se passer dans la carcasse du sous-marin, autant ici l'imagination n'a plus court et nous savons avec certitude qu'ils sont en vit et qu'il faut les sauver. Cependant l'action n'est pas régit par les mêmes impératifs que les ondes radios et il n'est pas aussi simple d'envoyer des secours de dégager les conduits pour libérer ces hommes que d'envoyer un MMS.
L'image a bel et bien dépasser l'action et il sera maintenant difficile de laisser du temps ou de le prendre pour l'analyse des faits, mais peut-être même pour les l'action liés à ceux-ci. Premiers pas dans le virtuel réel.
vendredi 6 août 2010
Impératif catégorique
“Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen" (Fondation de la métaphysique des mœurs in Métaphysique des mœurs, I, Fondation, Introduction, trad. Alain Renaut, p. 108.)
Je sais, ça fait toujours un peu pompeux de ressortir l'impératif catégorique kantien. C'est un peu comme sortir un jockey dans une partie de carte ou un atout maître au tarot, certes, mais si ce sont des cartes aussi fortes et importantes, ce n'est pas pour rien.
En clair, l'impératif catégorique peut se caricaturer en “ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'ils te fassent". C'est un peu plus clair et en théorie tout le monde devrait être d'accord avec ça. Du moins toute personne rationnelle devrait l'être, pou plus précisément encore doit si elle est rationnelle justement parce que cela fait partie de la définition de la rationalité. Je sais également que définir la rationalité est une chose très compliquée, mais tout de même. Il est possible de penser de manière sensée qu'un agent rationnel est un agent qui n'agit jamais contre son propre intérêt. Cela ne signifie pas qu'il soit nécessairement capitaliste libéral individualiste (justement parce que cela n'est pas aussi rationnel que ça), mais qu'il pèse le pour et le contre des conséquences de ses actes et pensées au regard des informations dont il peut disposer au moment de cet examen et regarde si ces conséquences sont ou non favorable à ce qu'il peut espérer.
En somme le but du jeu est d'avancer le plus loin possible dans l'existence et pour cela il faut jouer le maximum de coups qui permettent d'aller le plus loin possible c'est-à-dire d'atteindre toujours le maximum de coups gagnants futurs possibles. Et contrairement à ce que cela pourrait laisser entendre, le capitalisme libéral individualiste n'est pas nécessairement la meilleure stratégie si vous n'êtes pas le plus gros poisson du bocal. Mais tout aussi contrairement à l'idée reçue, cela ne confine pas pour autant à un communisme internationaliste mièvre et nivelé par le bas. Non. Cela demande simplement de réfléchir un tantinet à chaque coup (c'est-à-dire à chaque acte à chaque instant) et de se demander si c'est bien le meilleur à jouer. Oui, je sais, dit comme ça c'est pas très ragoûtant et franchement épuisant, mais personne n'a dit qu'être rationnel était la chose la plus simple, la plus facile et la plus décontractée qui soit.
En période de stress comme celle que nous traversons avec maintes incertitudes économiques et donc sociales, avec un manque criant de repères fiables et d’élites éclairantes (ou même éclairées), il parait simple de tabler sur un apparent bon sens basé sur un instinct bien sombre et opaque qui consiste à dire que si l'autre ne fait pas ce que je veux alors il faut l'exterminer. Comme je le disais plus haut, mais comme l'instinct vous le dira mieux que moi, c'est une excellente stratégie si vous êtes effectivement le plus gros poisson du bocal. L'inconvénient est que si vous allez jusqu'au bout de votre raisonnement vous allez très vite vous retrouver bien seuls et avec une sacrée indigestion et que si par hasard vous avez un brin de conscience, vivrez le reste du temps avec la trouille au ventre de voir passer une ombre plus imposante au dessus de vous. Les coups qui paraissent gagnants rapidement ne le sont pas nécessairement (et très rarement) à long terme. Après tout dépend de la durée d'existence que vous espérez.
Non, si la rationalité est difficile à exercer il n'en reste pas moins que c'est ce que nous devons viser en tant qu'être humain parce que c'est la meilleure stratégie pour nous au long terme et donc à court. L'impératif kantien s'inscrit dans cette logique, l'appliquer est donc une bonne stratégie, surtout par les temps qui court. Alors essayons de rester rationnels et évitons tout excès, toute passion qui pourrait nous faire avoir des regrets par la suite. Cette maxime s'appliquant à tous, appliquons-la tous.
Je sais, c'est un tantinet moralisateur, mais c'est rationnel.
Je sais, ça fait toujours un peu pompeux de ressortir l'impératif catégorique kantien. C'est un peu comme sortir un jockey dans une partie de carte ou un atout maître au tarot, certes, mais si ce sont des cartes aussi fortes et importantes, ce n'est pas pour rien.
En clair, l'impératif catégorique peut se caricaturer en “ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'ils te fassent". C'est un peu plus clair et en théorie tout le monde devrait être d'accord avec ça. Du moins toute personne rationnelle devrait l'être, pou plus précisément encore doit si elle est rationnelle justement parce que cela fait partie de la définition de la rationalité. Je sais également que définir la rationalité est une chose très compliquée, mais tout de même. Il est possible de penser de manière sensée qu'un agent rationnel est un agent qui n'agit jamais contre son propre intérêt. Cela ne signifie pas qu'il soit nécessairement capitaliste libéral individualiste (justement parce que cela n'est pas aussi rationnel que ça), mais qu'il pèse le pour et le contre des conséquences de ses actes et pensées au regard des informations dont il peut disposer au moment de cet examen et regarde si ces conséquences sont ou non favorable à ce qu'il peut espérer.
En somme le but du jeu est d'avancer le plus loin possible dans l'existence et pour cela il faut jouer le maximum de coups qui permettent d'aller le plus loin possible c'est-à-dire d'atteindre toujours le maximum de coups gagnants futurs possibles. Et contrairement à ce que cela pourrait laisser entendre, le capitalisme libéral individualiste n'est pas nécessairement la meilleure stratégie si vous n'êtes pas le plus gros poisson du bocal. Mais tout aussi contrairement à l'idée reçue, cela ne confine pas pour autant à un communisme internationaliste mièvre et nivelé par le bas. Non. Cela demande simplement de réfléchir un tantinet à chaque coup (c'est-à-dire à chaque acte à chaque instant) et de se demander si c'est bien le meilleur à jouer. Oui, je sais, dit comme ça c'est pas très ragoûtant et franchement épuisant, mais personne n'a dit qu'être rationnel était la chose la plus simple, la plus facile et la plus décontractée qui soit.
En période de stress comme celle que nous traversons avec maintes incertitudes économiques et donc sociales, avec un manque criant de repères fiables et d’élites éclairantes (ou même éclairées), il parait simple de tabler sur un apparent bon sens basé sur un instinct bien sombre et opaque qui consiste à dire que si l'autre ne fait pas ce que je veux alors il faut l'exterminer. Comme je le disais plus haut, mais comme l'instinct vous le dira mieux que moi, c'est une excellente stratégie si vous êtes effectivement le plus gros poisson du bocal. L'inconvénient est que si vous allez jusqu'au bout de votre raisonnement vous allez très vite vous retrouver bien seuls et avec une sacrée indigestion et que si par hasard vous avez un brin de conscience, vivrez le reste du temps avec la trouille au ventre de voir passer une ombre plus imposante au dessus de vous. Les coups qui paraissent gagnants rapidement ne le sont pas nécessairement (et très rarement) à long terme. Après tout dépend de la durée d'existence que vous espérez.
Non, si la rationalité est difficile à exercer il n'en reste pas moins que c'est ce que nous devons viser en tant qu'être humain parce que c'est la meilleure stratégie pour nous au long terme et donc à court. L'impératif kantien s'inscrit dans cette logique, l'appliquer est donc une bonne stratégie, surtout par les temps qui court. Alors essayons de rester rationnels et évitons tout excès, toute passion qui pourrait nous faire avoir des regrets par la suite. Cette maxime s'appliquant à tous, appliquons-la tous.
Je sais, c'est un tantinet moralisateur, mais c'est rationnel.
vendredi 16 juillet 2010
“On ne creuse pas de trou dans l’eau” / “Don’t dig the water”
“On ne creuse pas de trou dans l’eau” / “Don’t dig the water”
Premier film de fiction.
Un film de Benjamin Sylvand, avec Julie Vatain et Vincent Larochelle.
Bientôt!
Premier film de fiction.
Un film de Benjamin Sylvand, avec Julie Vatain et Vincent Larochelle.
Bientôt!
samedi 10 juillet 2010
"La Guerre des Béatrix, coulisses d'une création" en DVD.
Le film “La Guerre des Béatrix, coulisses d'une création", essai documentaire sur la création dans le spectacle vivant tourné à l'occasion de la mise en place de la pièce de théâtre musicale “La Guerre des Béatrix" par l'Opéra-Studio de Genève, est maintenant disponible en DVD au prix de 15€ sur le site de la Real-Fiction.
HDV • 60 mn (version française).
lundi 21 juin 2010
L'équipe de France, reflet d'une société.
La rationalité humaine n'est ni fixe ni arrêtée, elle est mouvante et s'adapte aux circonstances, à l'environnement, à ses désirs, ses peurs, ses passions, ses connaissances, les autres. C'est cette versatilité qui fait sa force et sa puissance car sa capacité à s'adapter, à créer, à innover. Mais sa force est aussi sa faiblesse car si elle se met à douter, se questionner sur elle-même, son propre fonctionnement ou sa légitimité, si elle prend peur des circonstances, de l'environnement, des autres ou d'elle-même alors elle perd pied et se laisse emporter dans une spirale, ne maîtrise plus rien, subit, se perd.
Ce qui arrive en ce moment à l'équipe de France de football au mondial en Afrique du Sud est assez symptomatique d'une perte de repères à tout point de vue. Aucune direction, aucune perspective, aucune ligne de force, une paranoïa, une surestime de soi, un déni de réalité, tant au propre qu'au figuré. Mais cette déroute ne se cantonne pas à l'équipe elle-même mais à l'ensemble de la société française. L'attitude de la presse en témoigne: elle est déboussolée. Cela montre qu'elle n'est là que pour relater ce qui se passe sans l'analyser ou le poser dans un cadre qui permettrait l'analyse. La presse n'a pas plus de plan d'attaque, de stratégie que l'équipe. Elle se pose de fausses questions existentielles, métaphysiques ou éthiques: elle se prend la tête littéralement à savoir s'il est possible ou non d'écrire une insulte dans un titre alors même que l'article est écrit dans un français douteux à l'orthographe légère. Les cancans ont repris le dessus parce qu'il faut bien s'occuper sans savoir très bien quoi faire d'autre.
La France découvre qu'on lui a menti depuis des années. À force de s'entendre répéter que les choses sont plus compliquées que cela et qu'il faut laisser faire les spécialistes, le français a perdu ses connaissances et commencé à douter même du bon sens, pour s'apercevoir en fin de compte qu'il n'est pas plus bête qu'un autre et que les belles promesses n'engagent que ceux qui y croient. Les arguments des instances sportives étant les mêmes que ceux des hommes politiques, le résultat sera le même. Ne jamais faire confiance sur les promesses de résultats simplement parce que celui qui les fait n'est maître ni du temps ni même de son propre destin.
La presse n'informe plus, elle n'est que le mégaphone de gens qui sont incapables de recul car le nez dans le guidon. La presse n'analyse plus, ne fourni plus d'outils d'interprétation et de compréhension, alors les dépêches s'empilent, se poussent les unes les autres, sans point de fuite mais dans une grande fuite en avant.
Ce que cela montre est que la société est perdue, sans repère, sans espoirs, sans buts, sans volontés, mais aussi que les princes n'ont plus la consistance de ceux que voulait conseiller Machiavel. Il ne suffit pas de détourner l'attention du peuple, de l'occuper comme un enfant, il faut aussi et surtout une stratégie pour en faire quelque chose, le mener quelque part. Le peuple se fout pas mal de la valeur éthique ou morale de l'action, il est aussi bien capable de se battre pour une bonne ou une mauvaise raison et il admire plus Napoléon Ier pour la grandeur de ses massacres que Napoléon III pour la faiblesse de ses choix. Car c'est aller quelque part qu'il veut, non devoir décider de lui-même. Mais pour cela faut-il encore que les princes sachent eux-mêmes et n'attendent pas que les circonstances adviennent d'elle-même.
Sans raison, sans rationalité l'Homme n'est même pas un animal, mais un bois mort charrié par les flots, c'est un poids qui se subit lui-même dans une inertie qui l'entraîne à l'opposé de ce qu'il devrait souhaiter.
Les instants pathétiques que nous traversons ne sont que les reflets sombres d'une mauvaise passe de laquelle nous devons nous tirer car nous le pouvons donc le devons.
Ce qui arrive en ce moment à l'équipe de France de football au mondial en Afrique du Sud est assez symptomatique d'une perte de repères à tout point de vue. Aucune direction, aucune perspective, aucune ligne de force, une paranoïa, une surestime de soi, un déni de réalité, tant au propre qu'au figuré. Mais cette déroute ne se cantonne pas à l'équipe elle-même mais à l'ensemble de la société française. L'attitude de la presse en témoigne: elle est déboussolée. Cela montre qu'elle n'est là que pour relater ce qui se passe sans l'analyser ou le poser dans un cadre qui permettrait l'analyse. La presse n'a pas plus de plan d'attaque, de stratégie que l'équipe. Elle se pose de fausses questions existentielles, métaphysiques ou éthiques: elle se prend la tête littéralement à savoir s'il est possible ou non d'écrire une insulte dans un titre alors même que l'article est écrit dans un français douteux à l'orthographe légère. Les cancans ont repris le dessus parce qu'il faut bien s'occuper sans savoir très bien quoi faire d'autre.
La France découvre qu'on lui a menti depuis des années. À force de s'entendre répéter que les choses sont plus compliquées que cela et qu'il faut laisser faire les spécialistes, le français a perdu ses connaissances et commencé à douter même du bon sens, pour s'apercevoir en fin de compte qu'il n'est pas plus bête qu'un autre et que les belles promesses n'engagent que ceux qui y croient. Les arguments des instances sportives étant les mêmes que ceux des hommes politiques, le résultat sera le même. Ne jamais faire confiance sur les promesses de résultats simplement parce que celui qui les fait n'est maître ni du temps ni même de son propre destin.
La presse n'informe plus, elle n'est que le mégaphone de gens qui sont incapables de recul car le nez dans le guidon. La presse n'analyse plus, ne fourni plus d'outils d'interprétation et de compréhension, alors les dépêches s'empilent, se poussent les unes les autres, sans point de fuite mais dans une grande fuite en avant.
Ce que cela montre est que la société est perdue, sans repère, sans espoirs, sans buts, sans volontés, mais aussi que les princes n'ont plus la consistance de ceux que voulait conseiller Machiavel. Il ne suffit pas de détourner l'attention du peuple, de l'occuper comme un enfant, il faut aussi et surtout une stratégie pour en faire quelque chose, le mener quelque part. Le peuple se fout pas mal de la valeur éthique ou morale de l'action, il est aussi bien capable de se battre pour une bonne ou une mauvaise raison et il admire plus Napoléon Ier pour la grandeur de ses massacres que Napoléon III pour la faiblesse de ses choix. Car c'est aller quelque part qu'il veut, non devoir décider de lui-même. Mais pour cela faut-il encore que les princes sachent eux-mêmes et n'attendent pas que les circonstances adviennent d'elle-même.
Sans raison, sans rationalité l'Homme n'est même pas un animal, mais un bois mort charrié par les flots, c'est un poids qui se subit lui-même dans une inertie qui l'entraîne à l'opposé de ce qu'il devrait souhaiter.
Les instants pathétiques que nous traversons ne sont que les reflets sombres d'une mauvaise passe de laquelle nous devons nous tirer car nous le pouvons donc le devons.
lundi 31 mai 2010
La guérilla des images: vers une pragmatique de l'image
La Guerre du Golfe (1990-91) avait marqué un tournant important dans l'imagerie et la communication de guerre.
L'image n'y était plus utilisée simplement comme élément de propagande pour véhiculer un message idéologique, mais véritablement comme une arme asphyxiant littéralement l'adversaire et occultant l'information. L'image ne passait plus par le médium de la presse mais directement de la source combattante au public.
Cette utilisation de l'image la déconnecte de ses fonctions représentatives classiques: l'image n'est plus narrative car l'action qui n'est présentée ne l'est pas dans une fin de récit, l'image n'est plus analytique, il ne s'agit plus de comprendre ce qui est montré, l'image enfin n'est plus symbolique puisque ce n'est plus ce qu'elle montre qu'il faut regarder mais le fait même de montrer. Cet usage pragmatique de l'image a déconcerté le public qui ne sait plus vraiment ce qu'il faut regarder ni comment dans ce qui est montré et prend conscience peu à peu que c'est la source et le médium lui-même qui est important et non ce qu'il pourvoit.
Le développement de l'accès à l'image par la télévision surtout et l'Internet ou la téléphonie mobile a permis l'emploi massif de l'image dans ce nouveau sens.
La guerre livrée depuis 2001 entre la coalition américaine et l'extrémisme utilise l'image comme arme de guerre en s'envoyant communiqués et vidéos comme autant de missiles visant à déstabiliser l'adversaire, le désorganiser et le décrédibiliser.
Cela se passe encore entre des camps et des factions bien déterminées et assez bien localisées, ce qui se rapproche d'un conflit classique qui d'ailleurs est mené en parallèle avec des conséquences beaucoup moins virtuelles.
Mais cet usage de l'image accompagné du développement de son exploitation fait qu'un glissement s'est opéré d'un usage belliciste classique entre des opposants clairement délimités vers une véritable guérilla de l'image.
L'Internet est arrivé maintenant à un stade de maturation tel qu'il devient un véritable fouillis où retrouver une information ou hiérarchiser des données devient presque impossible simplement parce que son usage est devenu si simple que chacun peut l'utiliser à sa guise. Cet apparent déclin de l'Internet par son manque de lisibilité et de contrôle est justement la marque d'un changement d'attitude et de comportement à son égard. Cela signifie qu'il échappe à une censure efficace et donc peut devenir un support de résistance justement du fait de la difficulté de le régir. À cela s'ajoute la facilité maintenant de fabriquer de l'image techniquement de qualité et de la diffuser avec une certaine fiabilité. Il devient extrêmement simple de créer un support média voire une chaîne de télévision sans un matériel très poussé ou onéreux. La maîtrise technique de ces outils également s'est démocratisée à un rythme foudroyant.
De sorte que lorsque des soldats arraisonnent une flottille humanitaire pour en bloquer l'avancée, ce n'est pas avec des carabines qu'ils sont accueillis mais avec des caméras. La caméra de vidéo est devenue une arme légère qui désamorce la violence directe entre deux combattants pour la déplacer sur le terrain des opinions ou peut-être du témoignage, invoquant une réponse de l'Histoire avant même un acte avec le paradoxe de ne plus agir réellement mais simplement virtuellement ou symboliquement.
Chacun armé d'une caméra et l'utilisant non plus pour monter l'action ou l'interaction entre deux personnes mais pour agir avec elle (le soldat tire sur le cameraman) dissout les deux camps comme des entités claires et distinctes pour faire de chacun un combattant potentiel pour une cause qu'il décide et non plus pour un groupe dont il est le simple soldat. L'image en ce sens devient celle d'une guérilla.
Cette nouvelle forme de conflit par l'image surprend par sa rapidité, sa malléabilité et sa réactivité. En temps direct elle peut arroser le monde entité d'une image qui est partisane car celle de l'un des belligérants, brute, sans explication aucune des causes ou du contexte, et générale sans cible aucune qu'un appel à l'extérieur (montrer sans chercher très bien à s'adresser à quelqu'un).
Cette image est par conséquent de mauvaise qualité tant dans sa technicité que dans sa construction et son propos, mais devient un acte communicationnel: peu importe ce qui est montré, l'important est de montrer.
Il est fort à parier que ce nouvel usage de l'image va entraîner une réaction vive et forte des monopoles classiques du pouvoir tant par une contre-utilisation par asphyxie, propagande et restriction des moyens de communication. Mais il est déjà trop tard.
Reste maintenant à comprendre et étudier cette nouvelle pratique de l'image en tant que pragmatique.
L'image n'y était plus utilisée simplement comme élément de propagande pour véhiculer un message idéologique, mais véritablement comme une arme asphyxiant littéralement l'adversaire et occultant l'information. L'image ne passait plus par le médium de la presse mais directement de la source combattante au public.
Cette utilisation de l'image la déconnecte de ses fonctions représentatives classiques: l'image n'est plus narrative car l'action qui n'est présentée ne l'est pas dans une fin de récit, l'image n'est plus analytique, il ne s'agit plus de comprendre ce qui est montré, l'image enfin n'est plus symbolique puisque ce n'est plus ce qu'elle montre qu'il faut regarder mais le fait même de montrer. Cet usage pragmatique de l'image a déconcerté le public qui ne sait plus vraiment ce qu'il faut regarder ni comment dans ce qui est montré et prend conscience peu à peu que c'est la source et le médium lui-même qui est important et non ce qu'il pourvoit.
Le développement de l'accès à l'image par la télévision surtout et l'Internet ou la téléphonie mobile a permis l'emploi massif de l'image dans ce nouveau sens.
La guerre livrée depuis 2001 entre la coalition américaine et l'extrémisme utilise l'image comme arme de guerre en s'envoyant communiqués et vidéos comme autant de missiles visant à déstabiliser l'adversaire, le désorganiser et le décrédibiliser.
Cela se passe encore entre des camps et des factions bien déterminées et assez bien localisées, ce qui se rapproche d'un conflit classique qui d'ailleurs est mené en parallèle avec des conséquences beaucoup moins virtuelles.
Mais cet usage de l'image accompagné du développement de son exploitation fait qu'un glissement s'est opéré d'un usage belliciste classique entre des opposants clairement délimités vers une véritable guérilla de l'image.
L'Internet est arrivé maintenant à un stade de maturation tel qu'il devient un véritable fouillis où retrouver une information ou hiérarchiser des données devient presque impossible simplement parce que son usage est devenu si simple que chacun peut l'utiliser à sa guise. Cet apparent déclin de l'Internet par son manque de lisibilité et de contrôle est justement la marque d'un changement d'attitude et de comportement à son égard. Cela signifie qu'il échappe à une censure efficace et donc peut devenir un support de résistance justement du fait de la difficulté de le régir. À cela s'ajoute la facilité maintenant de fabriquer de l'image techniquement de qualité et de la diffuser avec une certaine fiabilité. Il devient extrêmement simple de créer un support média voire une chaîne de télévision sans un matériel très poussé ou onéreux. La maîtrise technique de ces outils également s'est démocratisée à un rythme foudroyant.
De sorte que lorsque des soldats arraisonnent une flottille humanitaire pour en bloquer l'avancée, ce n'est pas avec des carabines qu'ils sont accueillis mais avec des caméras. La caméra de vidéo est devenue une arme légère qui désamorce la violence directe entre deux combattants pour la déplacer sur le terrain des opinions ou peut-être du témoignage, invoquant une réponse de l'Histoire avant même un acte avec le paradoxe de ne plus agir réellement mais simplement virtuellement ou symboliquement.
Chacun armé d'une caméra et l'utilisant non plus pour monter l'action ou l'interaction entre deux personnes mais pour agir avec elle (le soldat tire sur le cameraman) dissout les deux camps comme des entités claires et distinctes pour faire de chacun un combattant potentiel pour une cause qu'il décide et non plus pour un groupe dont il est le simple soldat. L'image en ce sens devient celle d'une guérilla.
Cette nouvelle forme de conflit par l'image surprend par sa rapidité, sa malléabilité et sa réactivité. En temps direct elle peut arroser le monde entité d'une image qui est partisane car celle de l'un des belligérants, brute, sans explication aucune des causes ou du contexte, et générale sans cible aucune qu'un appel à l'extérieur (montrer sans chercher très bien à s'adresser à quelqu'un).
Cette image est par conséquent de mauvaise qualité tant dans sa technicité que dans sa construction et son propos, mais devient un acte communicationnel: peu importe ce qui est montré, l'important est de montrer.
Il est fort à parier que ce nouvel usage de l'image va entraîner une réaction vive et forte des monopoles classiques du pouvoir tant par une contre-utilisation par asphyxie, propagande et restriction des moyens de communication. Mais il est déjà trop tard.
Reste maintenant à comprendre et étudier cette nouvelle pratique de l'image en tant que pragmatique.
mardi 18 mai 2010
Le dilemme de la captation.
Comment filmer le spectacle vivant?
Toute la question est dans la notion même de “captation" avec le paradoxe qu'elle soulève de vouloir figer un instant, pérenniser une performance. Le spectacle vivant, par définition est soumis aux aléas des circonstances de la représentation, ou, pour être exacte, de la présentation, car chaque jeu sur scène est différent de tout autre et chaque soir la pièce est créée ou recréée. Le spectacle vivant, parce qu'il est vivant s'écoule avec le temps: on ne peut jamais voir deux fois la même pièce.
La captation utilise un support qui permet de fixer l'instant de sorte qu'il puisse être présent au futur et donc jamais passé. Contrairement au spectacle vivant on voit toujours le même film. S'il diffère c'est ou bien que ce n'est pas le même (le montage a été modifié par exemple) ou bien cela est lié aux circonstances de projection (un DVD rayé ou un projecteur qui s'enraie) mais non au film lui-même.
Un film est abstrait, il découpe le temps pour le contraindre et saisir l'image des choses pour les rendre atemporelle. L'homme meurt, pas son image.
Comment concilier ces contraintes?
Deux options se dessinent: la première consiste à prendre le parti de l'instant et de filmer la performance sous forme de témoignage: ça s'est passé ainsi. L'idée sera donc de prendre en plan large la scène de manière à incorporer dans le cadre les circonstances particulière, en particulier le public. Les imperfections du jeu voire de la captation elle-même rendront le caractère fragile du spectacle vivant. Cependant cette méthode n'est pas à proprement parler une captation du spectacle, mais un témoignage de celui-ci. Ce n'est pas le spectacle que l'on montre mais une performance en prenant en compte les circonstances qui si elles sont importantes pour le spectacle ne sont pas pour autant incluses dedans.
Une seconde option, plus radicale, consiste à séparer complètement la performance de ses circonstances en jouant hors contexte la pièce, c'est-à-dire spécifiquement pour la caméra. L'éclairage n'est pas alors celui de la représentation publique mais adaptée aux nécessités de la caméra, et le jeu d'acteur lui-même est accommodé aux besoins du cadrage. Cette technique vise à adapter la représentation au film et de la transformer en théâtre-filmé. Cette méthode est proche de celle de l'enregistrement d'un morceau de musique pour le disque: on joue en studio ou en milieu adéquat pour la mise de son et d'image ici et étalonne le montage au tournage quitte à faire différente prise pour les meilleurs raccords. La spontanéité est perdue au profit de la qualité et ce qui est montré est en quelque chose la quintessence du spectacle ou sa représentation la plus abstraite au sens de la moins dépendante de toute contingence extérieure à la pièce elle-même. Si la qualité de la captation est indéniablement supérieure, l'essence du spectacle vivant est quelque peu perdue pour ne pas dire tout à fait ignorée. La question est alors de savoir pourquoi ne pas aller franchement plus loin en tirant un véritable film du spectacle. Quoi qu'il en soit il est difficile encore de parler de captation.
L'entre-deux est de tenir compte des circonstances tout en montrant que le spectacle ne se résume pas à elles et ne s'y réduit pas. L'idée est alors de filmer le spectacle à travers différentes représentations et de faire en montage de celles-ci. La fragilité du spectacle se retrouve dans le montage avec les différences de jeu et de circonstance. En montrant que la même pièce (mêmes acteurs, même texte...) peut se tenir dans différentes circonstances ou variations de celles-ci, il est possible de faire ressortir le noyau dur de la pièce, commun à chacune de ses présentations ou représentations.
C'est donc en forçant les contraintes du spectacle vivant et du film que l'on peut parvenir à un compromis qui, comme tout compromis ne garde pas nécessairement le meilleur de chacun, mais qui a au moins le mérite de proposer quelque chose de constructif.
Mais c'est parce qu'il reste une insatisfaction lorsqu'on adopte le point de vue de l'un ou de l'autre que la question ne peut être tranchée de manière définitive.
Toute la question est dans la notion même de “captation" avec le paradoxe qu'elle soulève de vouloir figer un instant, pérenniser une performance. Le spectacle vivant, par définition est soumis aux aléas des circonstances de la représentation, ou, pour être exacte, de la présentation, car chaque jeu sur scène est différent de tout autre et chaque soir la pièce est créée ou recréée. Le spectacle vivant, parce qu'il est vivant s'écoule avec le temps: on ne peut jamais voir deux fois la même pièce.
La captation utilise un support qui permet de fixer l'instant de sorte qu'il puisse être présent au futur et donc jamais passé. Contrairement au spectacle vivant on voit toujours le même film. S'il diffère c'est ou bien que ce n'est pas le même (le montage a été modifié par exemple) ou bien cela est lié aux circonstances de projection (un DVD rayé ou un projecteur qui s'enraie) mais non au film lui-même.
Un film est abstrait, il découpe le temps pour le contraindre et saisir l'image des choses pour les rendre atemporelle. L'homme meurt, pas son image.
Comment concilier ces contraintes?
Deux options se dessinent: la première consiste à prendre le parti de l'instant et de filmer la performance sous forme de témoignage: ça s'est passé ainsi. L'idée sera donc de prendre en plan large la scène de manière à incorporer dans le cadre les circonstances particulière, en particulier le public. Les imperfections du jeu voire de la captation elle-même rendront le caractère fragile du spectacle vivant. Cependant cette méthode n'est pas à proprement parler une captation du spectacle, mais un témoignage de celui-ci. Ce n'est pas le spectacle que l'on montre mais une performance en prenant en compte les circonstances qui si elles sont importantes pour le spectacle ne sont pas pour autant incluses dedans.
Une seconde option, plus radicale, consiste à séparer complètement la performance de ses circonstances en jouant hors contexte la pièce, c'est-à-dire spécifiquement pour la caméra. L'éclairage n'est pas alors celui de la représentation publique mais adaptée aux nécessités de la caméra, et le jeu d'acteur lui-même est accommodé aux besoins du cadrage. Cette technique vise à adapter la représentation au film et de la transformer en théâtre-filmé. Cette méthode est proche de celle de l'enregistrement d'un morceau de musique pour le disque: on joue en studio ou en milieu adéquat pour la mise de son et d'image ici et étalonne le montage au tournage quitte à faire différente prise pour les meilleurs raccords. La spontanéité est perdue au profit de la qualité et ce qui est montré est en quelque chose la quintessence du spectacle ou sa représentation la plus abstraite au sens de la moins dépendante de toute contingence extérieure à la pièce elle-même. Si la qualité de la captation est indéniablement supérieure, l'essence du spectacle vivant est quelque peu perdue pour ne pas dire tout à fait ignorée. La question est alors de savoir pourquoi ne pas aller franchement plus loin en tirant un véritable film du spectacle. Quoi qu'il en soit il est difficile encore de parler de captation.
L'entre-deux est de tenir compte des circonstances tout en montrant que le spectacle ne se résume pas à elles et ne s'y réduit pas. L'idée est alors de filmer le spectacle à travers différentes représentations et de faire en montage de celles-ci. La fragilité du spectacle se retrouve dans le montage avec les différences de jeu et de circonstance. En montrant que la même pièce (mêmes acteurs, même texte...) peut se tenir dans différentes circonstances ou variations de celles-ci, il est possible de faire ressortir le noyau dur de la pièce, commun à chacune de ses présentations ou représentations.
C'est donc en forçant les contraintes du spectacle vivant et du film que l'on peut parvenir à un compromis qui, comme tout compromis ne garde pas nécessairement le meilleur de chacun, mais qui a au moins le mérite de proposer quelque chose de constructif.
Mais c'est parce qu'il reste une insatisfaction lorsqu'on adopte le point de vue de l'un ou de l'autre que la question ne peut être tranchée de manière définitive.
mardi 20 avril 2010
La question du panoramique.
L'utilisation d'un matériel léger, d'une équipe restreinte et l'emploi d'une méthodologie non intrusive de tournage entraîne une qualité d'image inférieure à d'autres procédés. Il n'y a là aucun fatalisme et aucune cause de nécessité, c'est un simple constat.
Ne pas utiliser de trépied en toute circonstance augmente considérablement le risque d'une image flottante voire tremblante qui nuit à sa qualité perçue. Ne tourner qu'en “lumière directe" (comme en son direct) affecte également le grain ou la finesse de l'image et de son rendu. Une équipe restreinte à une seule et même personne accentue le côté bricolage du tournage et l'impossibilité de gérer l'ensemble des paramètres de manière aussi précise qu'avec une large équipe. Mais ces facteurs optimisent la discrétion, la réactivité et la spontanéité.
La qualité d'image en fait ne dépend pas tellement des moyens employés que de la manière de les employer. Évidemment cette remarque ne vaut que restreinte à un contexte particulier de production d'image, mais cela ne l'affecte en rien. Il est possible de faire de très bonne chose avec un matériel d'entrée de gamme et inversement rien de bon avec du haut de gamme. L'important est d'avoir un outil adapté à son usage.
L'une des difficultés que semble rencontrer la HD, surtout lorsqu'elle est utilisée sans pied, est le moirage dans les panoramiques. Le problème ne vient pas spécialement de la caméra, mais du manque d'unité dans le traitement de l'image entre le capteur lui-même et les diverses compressions aux différents stades de la production. Les sauts de pixels sont très désagréables et donnent de véritables migraines ophtalmiques. Cela peut-être réduit par un champ de course très lent mais cela ne fait que réduire le problème, ou bien de projeter en résolution supérieure au tournage ce qui se fait au détriment de la couleur.
Mais la question est peut-être ailleurs. Le panoramique est un procédé très particulier en soi car il est étranger à la vision normale humaine. Faites-en vous-mêmes l'expérience: combien de fois effectuez-vous dans une journée une vision panoramique? Si peu qu'il n'est pas faux de dire jamais. Lorsque nous déplaçons notre regard d'un point vers un autre soit nous le faisons de manière rapide en deux temps: point de départ/point d'arrivée avec un entre-deux durant lequel notre regard ne s'attache à rien et donc auquel nous ne portons pas attention, ce qui se traduit par une sorte de flou rapide plus sombre que les deux points d'encrage. Ou bien nous effectuons ce panoramique de manière beaucoup plus lente en atteignant le point d'arrivée par une succession de points intermédiaires sur lesquels se portent notre attention avec un changement de focale pour chacun de ces points. Mais jamais de panoramique sans point de départ ni d'arrivée ni de focus intermédiaires.
Le panoramique à donc deux raisons d'être: la première est d'aboutir à un point en partant d'un autre et par conséquent de montrer que l'un découle de l'autre comme un effet d'une cause. Ce procédé peut aisément être épuré et renforcé par un montage cut qui évite l'inconvénient du flou. Au pire par un fondu enchaîné mais qui complique un peu la compréhension de cette relation. La seconde raison d'être du panoramique est descriptive et montre une étendue composée d'éléments signifiants et de leurs rapports spatiaux. Il s'agit donc de montrer non pas un panoramique mais un panorama et en ce sens peut aisément et avantageusement être remplacé par une vue d'ensemble suffisamment longue pour que le regard du spectateur puisse l'explorer.
Ces deux procédés ont l'avantage de clarifier la lisibilité en évitant l'effet de moirage et de renforcer le mode de lecture analytique/descriptif avec pour seul inconvénient d'éviter tout effet superflu de caméra, ce qui n'est pas un défaut bien au contraire.
Si ces procédés ne sont pas possibles lors du tournage, en particulier s'il n'est pas possible de faire un plan d'ensemble par manque de recul, alors le panoramique peut éventuellement se justifier mais encore il serait préférable de le remplacer par une succession de point focal avec un montage approprié ou par un mouvement de caméra d'un point à un autre afin de mettre l'accent sur le mouvement du regard et non pas de la caméra, dans ces deux cas le trépied n'est pas nécessaire.
Cela implique que l'accent est toujours mis sur la lisibilité et la clarté et non pas sur quelconque prouesse de tournage ou de jeux superflus d'effets, je conçois donc que cela puisse d'avantage plaire à un tenant de l'image comme outils et non pas d'un cinéaste esthétisant. Les remarques qui précèdent doivent donc s'entendre dans ce cadre-là.
Ne pas utiliser de trépied en toute circonstance augmente considérablement le risque d'une image flottante voire tremblante qui nuit à sa qualité perçue. Ne tourner qu'en “lumière directe" (comme en son direct) affecte également le grain ou la finesse de l'image et de son rendu. Une équipe restreinte à une seule et même personne accentue le côté bricolage du tournage et l'impossibilité de gérer l'ensemble des paramètres de manière aussi précise qu'avec une large équipe. Mais ces facteurs optimisent la discrétion, la réactivité et la spontanéité.
La qualité d'image en fait ne dépend pas tellement des moyens employés que de la manière de les employer. Évidemment cette remarque ne vaut que restreinte à un contexte particulier de production d'image, mais cela ne l'affecte en rien. Il est possible de faire de très bonne chose avec un matériel d'entrée de gamme et inversement rien de bon avec du haut de gamme. L'important est d'avoir un outil adapté à son usage.
L'une des difficultés que semble rencontrer la HD, surtout lorsqu'elle est utilisée sans pied, est le moirage dans les panoramiques. Le problème ne vient pas spécialement de la caméra, mais du manque d'unité dans le traitement de l'image entre le capteur lui-même et les diverses compressions aux différents stades de la production. Les sauts de pixels sont très désagréables et donnent de véritables migraines ophtalmiques. Cela peut-être réduit par un champ de course très lent mais cela ne fait que réduire le problème, ou bien de projeter en résolution supérieure au tournage ce qui se fait au détriment de la couleur.
Mais la question est peut-être ailleurs. Le panoramique est un procédé très particulier en soi car il est étranger à la vision normale humaine. Faites-en vous-mêmes l'expérience: combien de fois effectuez-vous dans une journée une vision panoramique? Si peu qu'il n'est pas faux de dire jamais. Lorsque nous déplaçons notre regard d'un point vers un autre soit nous le faisons de manière rapide en deux temps: point de départ/point d'arrivée avec un entre-deux durant lequel notre regard ne s'attache à rien et donc auquel nous ne portons pas attention, ce qui se traduit par une sorte de flou rapide plus sombre que les deux points d'encrage. Ou bien nous effectuons ce panoramique de manière beaucoup plus lente en atteignant le point d'arrivée par une succession de points intermédiaires sur lesquels se portent notre attention avec un changement de focale pour chacun de ces points. Mais jamais de panoramique sans point de départ ni d'arrivée ni de focus intermédiaires.
Le panoramique à donc deux raisons d'être: la première est d'aboutir à un point en partant d'un autre et par conséquent de montrer que l'un découle de l'autre comme un effet d'une cause. Ce procédé peut aisément être épuré et renforcé par un montage cut qui évite l'inconvénient du flou. Au pire par un fondu enchaîné mais qui complique un peu la compréhension de cette relation. La seconde raison d'être du panoramique est descriptive et montre une étendue composée d'éléments signifiants et de leurs rapports spatiaux. Il s'agit donc de montrer non pas un panoramique mais un panorama et en ce sens peut aisément et avantageusement être remplacé par une vue d'ensemble suffisamment longue pour que le regard du spectateur puisse l'explorer.
Ces deux procédés ont l'avantage de clarifier la lisibilité en évitant l'effet de moirage et de renforcer le mode de lecture analytique/descriptif avec pour seul inconvénient d'éviter tout effet superflu de caméra, ce qui n'est pas un défaut bien au contraire.
Si ces procédés ne sont pas possibles lors du tournage, en particulier s'il n'est pas possible de faire un plan d'ensemble par manque de recul, alors le panoramique peut éventuellement se justifier mais encore il serait préférable de le remplacer par une succession de point focal avec un montage approprié ou par un mouvement de caméra d'un point à un autre afin de mettre l'accent sur le mouvement du regard et non pas de la caméra, dans ces deux cas le trépied n'est pas nécessaire.
Cela implique que l'accent est toujours mis sur la lisibilité et la clarté et non pas sur quelconque prouesse de tournage ou de jeux superflus d'effets, je conçois donc que cela puisse d'avantage plaire à un tenant de l'image comme outils et non pas d'un cinéaste esthétisant. Les remarques qui précèdent doivent donc s'entendre dans ce cadre-là.
samedi 17 avril 2010
Merci!
Merci à tous ceux présents lors de la projection à l'ETNA ce 16 avril 2010.
Un film ne vit que parce qu'il est vu.
Un film ne vit que parce qu'il est vu.
dimanche 11 avril 2010
"Il existe puisque nous le projetons"
> 16 avril 2010 > 21h > Sylvand > ETNA > 16 rue de la Corderie, 75003 Paris > entrée libre et gratuite
mardi 6 avril 2010
Analyse de vidéo: Carnage à Badgad
L'Homme à travers ses choix et ses actes.
Cette vidéo embarquée d'un hélicoptère de l'armée américaine en Iraq, montre ce que voient les soldats, les conséquences de leurs actes et enregistre les conversations et donc les actes et les choix qu'ils effectuent.
Il est difficile d'authentifier ce document si ce n'est en se basant sur les sources d'où il émane, à savoir Wikileaks qui semble fiable si l'on tient compte des foudres de Washington. Mais même si ce document n'était pas aussi authentique que ça, le fait qu'il passe pour tel est suffisant pour en tenir compte.
Ces images sont effroyables bien qu'elles sont moins “violentes" à l'écran que ce peuvent montrer des films de “fiction" sur le même sujet. Les cadrages sont différents simplement parce qu'ils ne sont pas prémédités et que l'action n'est pas écrite dans un script à disposition des protagonistes, mais suit l'intention même de l'un des participants, à savoir l'hélicoptère et le soldat qui film.
Ce point de vue est donc partiel et ne rend pas compte de l'ensemble de la situation (par exemple des échanges entre les protagonistes au sol, leurs intentions, le matériel exact qu'ils possèdent, etc.), mais cela ne change pas grand chose à la lecture qu'il est possible d'en faire concernant le point de vue des soldats embarqués et les choix qu'ils opèrent.
Les images en elles-mêmes ne sont pas suffisantes pour informer convenablement le spectateur. Une légende doit préciser le contexte: le lieu, l'époque, la situation avec les protagonistes. Cela se passe à Bagdad en 2007 depuis un hélicoptère américain. Mais ces données en soi sont contingentes. Très vite le spectateur identifie une ville avec une place, des véhicules, des êtres humains. Avec un peu d'entraînement, il remarquera que certains protagonistes montrés sont armés. Il remarque également que la caméra peut zoomer et faire des gros plans en détails dans la scène, ce qui permet par exemple de confirmer que l'un des protagonistes au moins est effectivement armé.
Cependant ces images ne sont pas suffisantes pour déterminer un apparaître de vue subjective. Ce n'est pas un sujet qui “voit" et dont nous suivrions sa perspective comme si nous étions assis dans son cerveau à regarder à travers ses globes oculaires puis qu'il manque justement l'intention du sujet: ce qu'il voit effectivement. Ces images sont celles que peut montrer la caméra embarquée aux soldats embarqués, ce sont des images “outils", brute, qu'il faut encore interpréter, ce que les soldats tentent de faire. Cette interprétation et donc par conséquent l'intention de l'interprète, donc du soldat, sont données par le commentaire qui n'est pas une voix-off mais bien un dialogue entre protagonistes présents au moment des images. Nous les entendons et avons accès aux mêmes informations qu'eux, du moins dans l'image: en somme, nous sommes embarqués avec eux, à leur côté. Par conséquent nos interprétations, nos choix valent au même titre que les leurs. Ainsi nous pouvons poser la question: “qu'auriez-vous fait, vous, dans la même situation?" (ou “que ferais-je?" si vous préférez le style plus direct).
Comme nous l'avons déjà dit, l'image en elle-même n'est pas suffisante pour comprendre le contexte dans son ensemble. Vous n'êtes peut-être pas soldat, vous ne connaissez peut-être pas l'Iraq. C'est pour cela que la question ne se pose pas en ces termes: la question n'est pas de savoir ce que vous feriez, vous, si vous étiez soldats américains en Iraq. Mais ce que vous, spectateur de cette vidéo, faites dans cette situation. Vous ne reconnaissez peut-être pas un “insurgé" (d'ailleurs parmi les victimes il y a des enfants et deux reporters de Reuters), mais des humains. Vous ne connaissez peut-être pas l'arme employée mais comprenez qu'elle est suffisante pour supprimer la vie de ces humains.
Les choix opérés par les soldats, en particulier celui de tirer à plusieurs reprises se base non pas sur une estimation de la situation mais sur l'interprétation de celle-ci et ici en particulier sur un sentiment à la fois de crainte, de peur, et de toute puissance. Les hommes au sol sont armés donc ils vont nous attaquer donc il faut leur tirer dessus pour les en empêcher. Ce syllogisme est faux et ne tient pas compte du fait que l'hélicoptère est hors d'atteinte de ce danger-là. La demande de confirmation du tir respecte peut-être la hiérarchie mais non la transmission des informations nécessaires à la confirmation et à la validation d'un choix: on demande l'autorisation de tirer et non le fait de confirmer un danger imminent. Cela se répète pour la camionnette: le tirer presse la confirmation pour ne pas perdre l'opportunité de presser la gâchette alors même que ce véhicule est un véhicule de presse et non pas d'insurgés.
Le soldat semble pourtant comprendre que cet enrayement de responsabilité pose problème: il n'est pas responsable de ses choix (il a bien obtenu l'autorisation de tirer) mais devient reste responsable de la cohérence de ceux-ci non pas vis-à-vis de la situation abstraite, mais de lui-même. Les réactions au carnage, les félicitations indiquent qu'il revendique ou regrette l'action mais pas le choix dont elle résulte.
Ce raisonnement est irrationnel. Au sens propre dans la mesure où il ne se base pas sur des raisons, ici par exemple la vérification des personnes et de leurs intentions, cela est également criant dans le cas de l'immeuble visé par les missiles. Mais également au sens de l'objection possible de la fugacité et de la rapidité à laquelle doit s'effectuer ce choix et ce passage à l'acte. Il n'a pas le temps de faire ces vérifications donc il est justifié à agir de la sorte. Non. Justement, pour éviter un passage à l'acte non rationnel, non maîtrisé ou non voulu, lorsque la délibération complète n'est pas possible, se met en place un processus d'urgence faisant appel à l'habitude et au conditionnement. C'est la différence en un soldat et un non-soldat. Peut-être qu'un non-soldat réagirait de la sorte parce que pris de panique. Or un soldat doit justement être entraîné pour réagir d'une certaine manière dans ce type même de situation. Soit les soldats n'ont pas régit suivant cette procédure et alors il s'agit d'une bavure condamnable et qui doit être condamnée. S'ils sont agit suivant la procédure adéquate alors c'est celle-ci qu'il faut revoir de manière urgente et profonde car elle est tout aussi condamnable et doit être condamnée puisque cet exemple montre bien qu'elle ne correspond pas à une procédure adéquate qui aurait mené à éliminer des “insurgés" mais pas des enfants et des reporters.
Maintenant revenons à votre point de vue: vous, dans ces circonstances, comment jugez-vous cette vidéo.
Les critères accessibles à mettre en œuvre sont ceux-là même dont vous disposés en tant qu'être humain capable de voir ce que montre cette vidéo, d'entendre les sons et les commentaires et d'agir de manière rationnelle. Il ne s'agit plus de soldats et d'Iraq donc mais d'Homme, de Choix et d'Action.
Que cela soit possible, que cela puisse être filmé et diffusé, montre l'importance de l'image comme outils pour comprendre les interprétations tant de la situation que de l'image, et surtout de celle-ci puisqu'elle permet ici la lecture de cette situation. Le problème est très simple, mais la considération de ces paramètres extrêmement complexe et compliquée. D'où l'importance et la nécessité de telles images et de telles interprétations.
Cette vidéo embarquée d'un hélicoptère de l'armée américaine en Iraq, montre ce que voient les soldats, les conséquences de leurs actes et enregistre les conversations et donc les actes et les choix qu'ils effectuent.
Il est difficile d'authentifier ce document si ce n'est en se basant sur les sources d'où il émane, à savoir Wikileaks qui semble fiable si l'on tient compte des foudres de Washington. Mais même si ce document n'était pas aussi authentique que ça, le fait qu'il passe pour tel est suffisant pour en tenir compte.
Ces images sont effroyables bien qu'elles sont moins “violentes" à l'écran que ce peuvent montrer des films de “fiction" sur le même sujet. Les cadrages sont différents simplement parce qu'ils ne sont pas prémédités et que l'action n'est pas écrite dans un script à disposition des protagonistes, mais suit l'intention même de l'un des participants, à savoir l'hélicoptère et le soldat qui film.
Ce point de vue est donc partiel et ne rend pas compte de l'ensemble de la situation (par exemple des échanges entre les protagonistes au sol, leurs intentions, le matériel exact qu'ils possèdent, etc.), mais cela ne change pas grand chose à la lecture qu'il est possible d'en faire concernant le point de vue des soldats embarqués et les choix qu'ils opèrent.
Les images en elles-mêmes ne sont pas suffisantes pour informer convenablement le spectateur. Une légende doit préciser le contexte: le lieu, l'époque, la situation avec les protagonistes. Cela se passe à Bagdad en 2007 depuis un hélicoptère américain. Mais ces données en soi sont contingentes. Très vite le spectateur identifie une ville avec une place, des véhicules, des êtres humains. Avec un peu d'entraînement, il remarquera que certains protagonistes montrés sont armés. Il remarque également que la caméra peut zoomer et faire des gros plans en détails dans la scène, ce qui permet par exemple de confirmer que l'un des protagonistes au moins est effectivement armé.
Cependant ces images ne sont pas suffisantes pour déterminer un apparaître de vue subjective. Ce n'est pas un sujet qui “voit" et dont nous suivrions sa perspective comme si nous étions assis dans son cerveau à regarder à travers ses globes oculaires puis qu'il manque justement l'intention du sujet: ce qu'il voit effectivement. Ces images sont celles que peut montrer la caméra embarquée aux soldats embarqués, ce sont des images “outils", brute, qu'il faut encore interpréter, ce que les soldats tentent de faire. Cette interprétation et donc par conséquent l'intention de l'interprète, donc du soldat, sont données par le commentaire qui n'est pas une voix-off mais bien un dialogue entre protagonistes présents au moment des images. Nous les entendons et avons accès aux mêmes informations qu'eux, du moins dans l'image: en somme, nous sommes embarqués avec eux, à leur côté. Par conséquent nos interprétations, nos choix valent au même titre que les leurs. Ainsi nous pouvons poser la question: “qu'auriez-vous fait, vous, dans la même situation?" (ou “que ferais-je?" si vous préférez le style plus direct).
Comme nous l'avons déjà dit, l'image en elle-même n'est pas suffisante pour comprendre le contexte dans son ensemble. Vous n'êtes peut-être pas soldat, vous ne connaissez peut-être pas l'Iraq. C'est pour cela que la question ne se pose pas en ces termes: la question n'est pas de savoir ce que vous feriez, vous, si vous étiez soldats américains en Iraq. Mais ce que vous, spectateur de cette vidéo, faites dans cette situation. Vous ne reconnaissez peut-être pas un “insurgé" (d'ailleurs parmi les victimes il y a des enfants et deux reporters de Reuters), mais des humains. Vous ne connaissez peut-être pas l'arme employée mais comprenez qu'elle est suffisante pour supprimer la vie de ces humains.
Les choix opérés par les soldats, en particulier celui de tirer à plusieurs reprises se base non pas sur une estimation de la situation mais sur l'interprétation de celle-ci et ici en particulier sur un sentiment à la fois de crainte, de peur, et de toute puissance. Les hommes au sol sont armés donc ils vont nous attaquer donc il faut leur tirer dessus pour les en empêcher. Ce syllogisme est faux et ne tient pas compte du fait que l'hélicoptère est hors d'atteinte de ce danger-là. La demande de confirmation du tir respecte peut-être la hiérarchie mais non la transmission des informations nécessaires à la confirmation et à la validation d'un choix: on demande l'autorisation de tirer et non le fait de confirmer un danger imminent. Cela se répète pour la camionnette: le tirer presse la confirmation pour ne pas perdre l'opportunité de presser la gâchette alors même que ce véhicule est un véhicule de presse et non pas d'insurgés.
Le soldat semble pourtant comprendre que cet enrayement de responsabilité pose problème: il n'est pas responsable de ses choix (il a bien obtenu l'autorisation de tirer) mais devient reste responsable de la cohérence de ceux-ci non pas vis-à-vis de la situation abstraite, mais de lui-même. Les réactions au carnage, les félicitations indiquent qu'il revendique ou regrette l'action mais pas le choix dont elle résulte.
Ce raisonnement est irrationnel. Au sens propre dans la mesure où il ne se base pas sur des raisons, ici par exemple la vérification des personnes et de leurs intentions, cela est également criant dans le cas de l'immeuble visé par les missiles. Mais également au sens de l'objection possible de la fugacité et de la rapidité à laquelle doit s'effectuer ce choix et ce passage à l'acte. Il n'a pas le temps de faire ces vérifications donc il est justifié à agir de la sorte. Non. Justement, pour éviter un passage à l'acte non rationnel, non maîtrisé ou non voulu, lorsque la délibération complète n'est pas possible, se met en place un processus d'urgence faisant appel à l'habitude et au conditionnement. C'est la différence en un soldat et un non-soldat. Peut-être qu'un non-soldat réagirait de la sorte parce que pris de panique. Or un soldat doit justement être entraîné pour réagir d'une certaine manière dans ce type même de situation. Soit les soldats n'ont pas régit suivant cette procédure et alors il s'agit d'une bavure condamnable et qui doit être condamnée. S'ils sont agit suivant la procédure adéquate alors c'est celle-ci qu'il faut revoir de manière urgente et profonde car elle est tout aussi condamnable et doit être condamnée puisque cet exemple montre bien qu'elle ne correspond pas à une procédure adéquate qui aurait mené à éliminer des “insurgés" mais pas des enfants et des reporters.
Maintenant revenons à votre point de vue: vous, dans ces circonstances, comment jugez-vous cette vidéo.
Les critères accessibles à mettre en œuvre sont ceux-là même dont vous disposés en tant qu'être humain capable de voir ce que montre cette vidéo, d'entendre les sons et les commentaires et d'agir de manière rationnelle. Il ne s'agit plus de soldats et d'Iraq donc mais d'Homme, de Choix et d'Action.
Que cela soit possible, que cela puisse être filmé et diffusé, montre l'importance de l'image comme outils pour comprendre les interprétations tant de la situation que de l'image, et surtout de celle-ci puisqu'elle permet ici la lecture de cette situation. Le problème est très simple, mais la considération de ces paramètres extrêmement complexe et compliquée. D'où l'importance et la nécessité de telles images et de telles interprétations.
mardi 16 mars 2010
Projection Sylvand à l'ETNA le 16 avril 2010
Projection Sylvand à l'ETNA, 16 rue de la Corderie, 75003 Paris, le 16 avril 2010 à 21h, Entrée libre et gratuite.
lundi 15 mars 2010
“Tropicale Amissa, le Gabon à vélo" teaser
Teaser du film “Tropicale Amissa, le Gabon à vélo", de Benjamin Sylvand, 2010.
vendredi 12 mars 2010
Gestion des facteurs humains.
Je reçois ce matin, dans ma boite aux lettres, un courrier de la Maison des Examens m'expliquant qu'à cause de la lourdeurs des rapports entre les différentes administrations, les changements dans les modalités et les outils, la difficulté de bouclé les budgets et la crise, ils n'ont toujours pas versé les sommes qui me reviennent pour les surveillances de juin 2009, nous sommes en mars 2010, qu'ils s'en excuse et que si je désire quand même être rémunéré je dois remplir deux dossiers avec des pièces à fournir et espéré qu'il y a ait un peu de place dans les traitements des épreuves de 2010.
Inutile de spécifier que c'est le quatrième type de dossier de ce genre que je remplis pour cette prestation.
Il faut au moins reconnaître que s'ils ne payent pas, au moins reconnaissent-ils qu'il le devrait, contrairement à d'autres administration.
que dois-je penser de ce courrier et comment dois-je le prendre?
Certes la crise touche tout le monde, à commencer par moi, et que boucler un budget est difficile et que sacrifier deux trois salaires permettrait un petit bol d'air, mais que je sache c'est une administration publique, donc payée par mes impôts aussi, et donc l'argent qu'elle ne me donne pas est de l'argent que je lui ai donné. À ce compte là, pourquoi encore payer des impôts si ce n'est pas pour les redistribuer mais pour mes perdre en paperasse, en temps et en administratifs peut enclin à répondre dans les délais qu'ils nous imposent eux-mêmes?
Dans les manuels de management que j'ai pu lire, rien de très sensé sur la manière de traiter les Hommes. À croire qu'ils ne lisent que Machiavel. Les meilleurs livres de gestion des ressources humaines et des facteurs humains que j'ai pu lire sont ceux des expéditions en milieu extrême. La règle d'or est toujours la même: prenez soin de vos Hommes. Prendre soin ne signifie donc pas de les prendre pour des cons.
Un Homme qui se sent respecté et à sa place fera toujours des sacrifices plus grands qu'il ne le ferait dans aucun autre état d'esprit. Cela passe par un enthousiasme à la tâche, des heures supplémentaires qu'il n'aurait même pas l'idée de facturer, des prises d'initiative ou de risque, ou simplement dire bonjour et arriver avec le sourire.
Prenez-le pour un con il vous le rendra bien, avec le différence est qu'il aura toujours moins à perdre que vous et tombera toujours de moins haut. Craignez toujours vos subalternes si vous ne pouvez les aimer. Aimez-le, simplement en les respectants, et vous en ferez vos meilleurs alliés.
Ne faites que des promesses que vous pourrez tenir ou qui ne vous engagent pas au risque d'engendrer de la rancœur, de la désillusion et de la démotivation.
Si l'esclavage est tombé au État Unis c'est aussi parce qu'ils ne voulaient plus travailler. La résistance passive a fait plus de tord que les émeutes et les révoltes. Elle vous sape sur votre propre terrain: celui de l'avidité, de la cupidité, en somme de la spéculation et du vent.
Craignez ceux que vous méprisez, ils vous détestent encore plus que vous.
L'Homme, voilà le prochain défi.
Inutile de spécifier que c'est le quatrième type de dossier de ce genre que je remplis pour cette prestation.
Il faut au moins reconnaître que s'ils ne payent pas, au moins reconnaissent-ils qu'il le devrait, contrairement à d'autres administration.
que dois-je penser de ce courrier et comment dois-je le prendre?
Certes la crise touche tout le monde, à commencer par moi, et que boucler un budget est difficile et que sacrifier deux trois salaires permettrait un petit bol d'air, mais que je sache c'est une administration publique, donc payée par mes impôts aussi, et donc l'argent qu'elle ne me donne pas est de l'argent que je lui ai donné. À ce compte là, pourquoi encore payer des impôts si ce n'est pas pour les redistribuer mais pour mes perdre en paperasse, en temps et en administratifs peut enclin à répondre dans les délais qu'ils nous imposent eux-mêmes?
Dans les manuels de management que j'ai pu lire, rien de très sensé sur la manière de traiter les Hommes. À croire qu'ils ne lisent que Machiavel. Les meilleurs livres de gestion des ressources humaines et des facteurs humains que j'ai pu lire sont ceux des expéditions en milieu extrême. La règle d'or est toujours la même: prenez soin de vos Hommes. Prendre soin ne signifie donc pas de les prendre pour des cons.
Un Homme qui se sent respecté et à sa place fera toujours des sacrifices plus grands qu'il ne le ferait dans aucun autre état d'esprit. Cela passe par un enthousiasme à la tâche, des heures supplémentaires qu'il n'aurait même pas l'idée de facturer, des prises d'initiative ou de risque, ou simplement dire bonjour et arriver avec le sourire.
Prenez-le pour un con il vous le rendra bien, avec le différence est qu'il aura toujours moins à perdre que vous et tombera toujours de moins haut. Craignez toujours vos subalternes si vous ne pouvez les aimer. Aimez-le, simplement en les respectants, et vous en ferez vos meilleurs alliés.
Ne faites que des promesses que vous pourrez tenir ou qui ne vous engagent pas au risque d'engendrer de la rancœur, de la désillusion et de la démotivation.
Si l'esclavage est tombé au État Unis c'est aussi parce qu'ils ne voulaient plus travailler. La résistance passive a fait plus de tord que les émeutes et les révoltes. Elle vous sape sur votre propre terrain: celui de l'avidité, de la cupidité, en somme de la spéculation et du vent.
Craignez ceux que vous méprisez, ils vous détestent encore plus que vous.
L'Homme, voilà le prochain défi.
DVD François Sylvand
Le DVD du film “François Sylvand, portrait d'un artiste par son fils" est maintenant disponible.
Vous pouvez vous le procurer à l'exposition à l'Espace des Allobroges à Cluses (74) du 18 au 31 mars 2010 ou bien sur le sur le site de la Real-Fiction.
lundi 8 mars 2010
Expo François Sylvand, Cluses 18>31 mars 2010
Exposition François Sylvand à Cluses (74), Espace des Allobroges, du 18 au 31 mars 2010. Entrée libre et gratuite.
Le film y sera présenté et accessible en DVD.
lundi 22 février 2010
DVD “François Sylvand, portrait d'un artiste par son fils" disponible début mars!
Le DVD du film “François Sylvand, portrait d'un artiste par son fils" sera disponible début mars pour l'exposition de Cluses.
Il comprend:
• le film: 55 minutes en version française
• une visite de l'exposition de Belley
• une interview du peintre à propos du film
• un livret avec les textes du film
Il sera en vente à l'exposition de Cluses, à l'atelier du peintre et sur le site de la Real-fiction.com au prix de 22€.
Les limites de la pensée: au sujet de l'information collaborative.
La liberté d'expression est un droit qui ne devrait jamais être remis en cause et il s'en faut de peut pour que ce soit un devoir.
Les évolutions des technologies de la communication ont fait exploser les possibilités d'expression: qui maintenant ne peut téléphone, envoyer un courrier électronique, écrit un billet sur un blog ou simplement prendre une photo ou une vidéo? Ces actes si compliqués il y a encore peu se sont démocratisé au point que n'importe qui n'importe où peut s'exprimer en s'adressant au monde entier en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ou plutôt le penser.
Les médias se sont rués sur cette aubaine. Aveuglé par cette utopie d'une démocratie participative ou d'une information embarquée, elle jubile d'être au cœur même de l'événement alors même qu'il se produit. Il est vrai que de dire qu'un athlète est mort à l'entrainement sur une piste de bobsleigh est devenu "has been" alors qu'il y a forcément une caméra ou un téléphone portable qui peut le montrer. À quoi bon dépêcher des équipes spécialisées lorsqu'il suffit d'arpenter des sites communautaires pour télécharger des vidéos amateurs (le seul qualificatif devant certainement permettre de ne pas soulever la question des droits), quand bien même celles-ci ne correspondraient pas aux faits.
Parce que le bât est justement là. Cet aveuglement commence par le fait de ne pas se poser les questions nécessaires. Ce n'est pas parce que quelqu'un dit quelque chose que ce qu'il dit correspond à quoi que ce soit. Le travail journalistique doit respecter une éthique et un protocole qui ne lui permet peut-être pas de dégainer le premier, mais de viser juste. Le scoop à quelque peu éclipsé la véracité des faits et des propos. L'idée semble bien maintenant de trier le premier quoi qu'il arrive que de dire quelque chose de vrai ou de consistant. Si seulement en plus les conséquences étaient assumées, mais c'est une autre question.
Ensuite, la simple possibilité de s'exprimer n'est pas suffisante pour s'exprimer: encore faut-il avoir quelque chose à raconter. Le blog et les sites d'information collaboratif regorgent d'opinions dans le meilleur des cas, de billevesées plus ou moins nauséabondes dans la plus part, vendues comme de l'information. Mais le pire n'est pas encore là, le pire vient des commentateurs, le plus souvent anonymes, qui critiquent en vilipendant cette information non pas pour la corriger ou en déplorer l'inconsistance, mais pour l'abreuver d'opinions divergentes toutes aussi mal pesées.
Au rythme où vont les choses les médias se prennent les pieds dans le tapis et se mettent à faire de même et cette opinion de chacun pollue ainsi tous les secteurs de la vie commune jusqu'à la politique qui se limite maintenant à des disputes enfantines.
La pensée demande de la raison et la raison demande des arguments, des faits, des réflexions, des preuves, donc du temps. Ne serait-ce quelques secondes, quelques minutes ou quelques heures, mais c'est déjà trop long semble-t-il à qui n'attend pas de l'information, des faits mais du sensationnel et quelque chose pour se distraire de l'ennui terrible de l'écran blanc que lui laisse son dernier téléphone 3G.
Ce qu'exige la consistance c'est une structure: que les éléments mis ensembles ne permettent pas de dériver des contradictions. Cela demande un peu de temps, beaucoup d'observation et de la finesse dans le raisonnement.
Ce que la démocratie participative avait oublié c'est que la démocratie ne peut se contenter du sentiment du peuple ou d’opinions individuelles. Les entendre et les prendre en compte, pourquoi pas, mais cela ne battit pas une politique et encore moins une démocratie.
Ce que la presse semble oublier c'est que l'information ne se fait pas avec des opinions ou des croyances, ni même des faits, mais des explications, des compréhensions, des mises en perspectives, des analyses de faits.
À tirer tout azimut tout se brouille et la pensée s'y perd.
Les évolutions des technologies de la communication ont fait exploser les possibilités d'expression: qui maintenant ne peut téléphone, envoyer un courrier électronique, écrit un billet sur un blog ou simplement prendre une photo ou une vidéo? Ces actes si compliqués il y a encore peu se sont démocratisé au point que n'importe qui n'importe où peut s'exprimer en s'adressant au monde entier en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ou plutôt le penser.
Les médias se sont rués sur cette aubaine. Aveuglé par cette utopie d'une démocratie participative ou d'une information embarquée, elle jubile d'être au cœur même de l'événement alors même qu'il se produit. Il est vrai que de dire qu'un athlète est mort à l'entrainement sur une piste de bobsleigh est devenu "has been" alors qu'il y a forcément une caméra ou un téléphone portable qui peut le montrer. À quoi bon dépêcher des équipes spécialisées lorsqu'il suffit d'arpenter des sites communautaires pour télécharger des vidéos amateurs (le seul qualificatif devant certainement permettre de ne pas soulever la question des droits), quand bien même celles-ci ne correspondraient pas aux faits.
Parce que le bât est justement là. Cet aveuglement commence par le fait de ne pas se poser les questions nécessaires. Ce n'est pas parce que quelqu'un dit quelque chose que ce qu'il dit correspond à quoi que ce soit. Le travail journalistique doit respecter une éthique et un protocole qui ne lui permet peut-être pas de dégainer le premier, mais de viser juste. Le scoop à quelque peu éclipsé la véracité des faits et des propos. L'idée semble bien maintenant de trier le premier quoi qu'il arrive que de dire quelque chose de vrai ou de consistant. Si seulement en plus les conséquences étaient assumées, mais c'est une autre question.
Ensuite, la simple possibilité de s'exprimer n'est pas suffisante pour s'exprimer: encore faut-il avoir quelque chose à raconter. Le blog et les sites d'information collaboratif regorgent d'opinions dans le meilleur des cas, de billevesées plus ou moins nauséabondes dans la plus part, vendues comme de l'information. Mais le pire n'est pas encore là, le pire vient des commentateurs, le plus souvent anonymes, qui critiquent en vilipendant cette information non pas pour la corriger ou en déplorer l'inconsistance, mais pour l'abreuver d'opinions divergentes toutes aussi mal pesées.
Au rythme où vont les choses les médias se prennent les pieds dans le tapis et se mettent à faire de même et cette opinion de chacun pollue ainsi tous les secteurs de la vie commune jusqu'à la politique qui se limite maintenant à des disputes enfantines.
La pensée demande de la raison et la raison demande des arguments, des faits, des réflexions, des preuves, donc du temps. Ne serait-ce quelques secondes, quelques minutes ou quelques heures, mais c'est déjà trop long semble-t-il à qui n'attend pas de l'information, des faits mais du sensationnel et quelque chose pour se distraire de l'ennui terrible de l'écran blanc que lui laisse son dernier téléphone 3G.
Ce qu'exige la consistance c'est une structure: que les éléments mis ensembles ne permettent pas de dériver des contradictions. Cela demande un peu de temps, beaucoup d'observation et de la finesse dans le raisonnement.
Ce que la démocratie participative avait oublié c'est que la démocratie ne peut se contenter du sentiment du peuple ou d’opinions individuelles. Les entendre et les prendre en compte, pourquoi pas, mais cela ne battit pas une politique et encore moins une démocratie.
Ce que la presse semble oublier c'est que l'information ne se fait pas avec des opinions ou des croyances, ni même des faits, mais des explications, des compréhensions, des mises en perspectives, des analyses de faits.
À tirer tout azimut tout se brouille et la pensée s'y perd.
vendredi 19 février 2010
La question du stress.
Le stress revient sur le devant de la scène (site du ministère du travail). C'est une arme classique et communément utilisée pour affranchir un subordonné et marquer son autorité, pour ne pas dire son emprise dessus.
La faute incombe évidemment au supérieur. L'usage du stress est une marque de faiblesse, une incapacité à structurer une situation, y faire face et par conséquent d'établir une stratégie efficace et concertée (passant donc par le dialogue et l'échange d'arguments rationnels). Si les subordonnés sont stressés alors les dirigeants le sont également et donc tous subissent les circonstances au lieu d'y participer pleinement. C'est un constat, presque une lapalissade.
Il est facile de trouver des exemples autour de soi. L'état de stress des étudiants dans l'école où j'enseigne est assez important voire préoccupant dans certain cas. Cela se manifeste par de la désorganisation dans le travail (absence, non-rendu), par des troubles du comportement (fatigue, excitation, boulimie) voire plus grave par des troubles psychologiques ou physiologiques (angoisse, insomnie, démangeaisons cutanées, etc.)
Le temps de travail est un facteur important: trop lourd et mal structuré il favorise une fatigue latente très difficile à récupérer et qui finalement use les organismes comme les esprits. Après deux ans d'études les étudiants semblent avoir vieilli de cinq. Les rythmes de travail donc mais aussi les quantités. Avoir 8 heures de cours dans une journée est une chose, avoir 5 heures de travail ensuite en est une autre. 12 heures de travail et d'attention est beaucoup, trop, pour un être humain normalement constitué pris dans des obligations sociales qui plus est.
L'équipe d'encadrement porte également une part de responsabilité, notamment par un manque de coordination ou de visibilité d'ensemble. Voir les étudiant deux heures par semaine ne signifie pas qu'ils ne travaillent que deux heures par semaine (l'inverse est vrai, ce n'est pas parce qu'un prof enseigne deux heures qu'il ne travaille que deux heures). Plus de coordination donc (les cahiers de classe doivent avoir, je présume, cette volonté sans qu'elle fonctionne dans la pratique). Plus de visibilité également. Je suis frappé de constater combien d'étudiants ne savent pas pourquoi ils étudient, à long ou moyen terme, mais également et surtout à court terme. Ils ne perçoivent pas de finalité ou de direction dans ce qu'on leur enseigne et donc perdre facilement le fils, donc l'attention, donc la concentration, donc la capacité à travailler, donc finissent par décrocher. Mais si dans l'absolue chacun devrait être mettre de son destin comme un capitaine de son navire et donc devrait être en mesure de répondre seul à ces interrogations, dans la pratique les choses ne marchent pas ainsi. Il incombe donc au capitaine de rameuter ses troupes de temps à autre et de leur donner des directives claires et motivantes pour mener à bien l'opération qu'il a planifiée. Cela implique donc que la planification n'est pas la direction, les directives ou les motivations, évidemment. Un chef de guerre ne dévoile jamais ses plans même à ses propres troupes, mais il leur donne des objectifs qui permettront de les réaliser, cela va s'en dire.
Donc l'enseignant, dans ce cas précis, doit expliquer quels sont les objectifs, où les étudiants vont être conduits et pourquoi. Faites l'expérience et vous verrez le changement radical dans le comportement de la classe et des élèves individuellement: tout devient calme et sérénité, et le travail s'en ressent grandement.
Si les dirigeants ont leur responsabilité, les subordonnés également. La Boétie, dans son discours De la servitude volontaire insistait déjà sur la propension des subordonnés à se croire affranchis de toute responsabilité et finalement d'être passif. Un être humain privé de sa responsabilité est ou bien un esclave ou bien un fou (pour faire vite). L'esclave n'a pas son mot à dire et guère plus de droits, en particulier celui de se plaindre de sa situation. Idem pour le fou. Si donc les subordonnés veulent plaindre du traitement qui leur est réservé, libre à eux, mais qu'ils endossent les responsabilités qui leur incombent. Ils peuvent signaler les dysfonctionnements, les dérèglements, les inconsistances ou incongruités du système dont ils font partis. Ils peuvent éventuellement proposer des aménagements ou des améliorations ou demander des compensations. Mais surtout ils doivent être en mesure de se positionner eux, en tant qu'être humain raisonnable pourvu de droits et de possibilités. Ils doivent se demander quelle part de responsabilité ils veulent et peuvent assumer dans le système et quel rôle ils veulent tenir dans celui-ci. Plus humainement encore ils peuvent se prémunir contre ces pressions extérieures en connaissant leurs intentions, leurs projets personnels, leurs capacités et leurs limites. Ils doivent, parce qu'ils le peuvent, endosser toutes leurs responsabilités en tant qu'humain rationnel. Ils peuvent résister au stress simplement en ne tenant pas compte de directives inconsistantes sachant pleinement qu'elles seront mises à mal par leur simple formulation. De l'insubordination? Non, de la rationalité. Une critique n'en est pas une si elle n'est pas consistante et constructive, donc si elle ne répond pas à ces critères minimums de rationalité pourquoi devrait-on en tenir compte? Utopique? Non dans la mesure où ces directives ne sont pas données un pistolet sur la tempe (ce qui tend à priver la faculté de choix et de responsabilité et donc à ramener au statut d'esclave). Demander des raisons n'est certes pas toujours chose simple mais elle est rationnelle et raisonnable, plus, bien plus, que de se plier à des directives floues ou absurdes. Là encore, faites l'expérience: demandez des explications lorsqu'une directive ne vous paraît pas rationnelle. Plus qu'une engueulade c'est une déstabilisation qui se constate chez votre interlocuteur, parce que s'il est rationnel il sait parfaitement que sa demande est absurde, sinon il va s'en apercevoir à votre remarque ou bien encore ne pas comprendre de quoi il s'agit et son propre stress va apparaître au grand jour, ses faiblesses avec.
La raison est moins pénible ou aride qu'il n'y parait, et finalement est l'état le moins stressant dans lequel vivre, simplement parce que le stress n'y a pas sa place, pas de rôle à jouer.
Cela implique de se connaître soi-même, ce qui est un véritable travail en soi plus difficile que ne le pensent ceux qui n'ont jamais voulu y songer sérieusement. Mais c'est aussi quelque chose qui doit s'apprendre et donc s'enseigner. L'école est aussi là pour cela. Cela implique évidemment que l'enseignant lui-même ne soi pas stresser.
Le stress est donc véritablement un obstacle sérieux, mais les mesures pour y remédier ne peuvent venir d'en haut (ni plus d'en bas d'ailleurs) mais est un équilibre entre ce qu'en anthropologie Leroi-Gourhan appelle le “milieu interne" et le “milieu externe": entre l'espace cognitif de l'individu et l'environnement dans lequel il évolue. C'est un véritable programme existentiel, mais rien d'autre en fait que de vivre comme un être humain.
La faute incombe évidemment au supérieur. L'usage du stress est une marque de faiblesse, une incapacité à structurer une situation, y faire face et par conséquent d'établir une stratégie efficace et concertée (passant donc par le dialogue et l'échange d'arguments rationnels). Si les subordonnés sont stressés alors les dirigeants le sont également et donc tous subissent les circonstances au lieu d'y participer pleinement. C'est un constat, presque une lapalissade.
Il est facile de trouver des exemples autour de soi. L'état de stress des étudiants dans l'école où j'enseigne est assez important voire préoccupant dans certain cas. Cela se manifeste par de la désorganisation dans le travail (absence, non-rendu), par des troubles du comportement (fatigue, excitation, boulimie) voire plus grave par des troubles psychologiques ou physiologiques (angoisse, insomnie, démangeaisons cutanées, etc.)
Le temps de travail est un facteur important: trop lourd et mal structuré il favorise une fatigue latente très difficile à récupérer et qui finalement use les organismes comme les esprits. Après deux ans d'études les étudiants semblent avoir vieilli de cinq. Les rythmes de travail donc mais aussi les quantités. Avoir 8 heures de cours dans une journée est une chose, avoir 5 heures de travail ensuite en est une autre. 12 heures de travail et d'attention est beaucoup, trop, pour un être humain normalement constitué pris dans des obligations sociales qui plus est.
L'équipe d'encadrement porte également une part de responsabilité, notamment par un manque de coordination ou de visibilité d'ensemble. Voir les étudiant deux heures par semaine ne signifie pas qu'ils ne travaillent que deux heures par semaine (l'inverse est vrai, ce n'est pas parce qu'un prof enseigne deux heures qu'il ne travaille que deux heures). Plus de coordination donc (les cahiers de classe doivent avoir, je présume, cette volonté sans qu'elle fonctionne dans la pratique). Plus de visibilité également. Je suis frappé de constater combien d'étudiants ne savent pas pourquoi ils étudient, à long ou moyen terme, mais également et surtout à court terme. Ils ne perçoivent pas de finalité ou de direction dans ce qu'on leur enseigne et donc perdre facilement le fils, donc l'attention, donc la concentration, donc la capacité à travailler, donc finissent par décrocher. Mais si dans l'absolue chacun devrait être mettre de son destin comme un capitaine de son navire et donc devrait être en mesure de répondre seul à ces interrogations, dans la pratique les choses ne marchent pas ainsi. Il incombe donc au capitaine de rameuter ses troupes de temps à autre et de leur donner des directives claires et motivantes pour mener à bien l'opération qu'il a planifiée. Cela implique donc que la planification n'est pas la direction, les directives ou les motivations, évidemment. Un chef de guerre ne dévoile jamais ses plans même à ses propres troupes, mais il leur donne des objectifs qui permettront de les réaliser, cela va s'en dire.
Donc l'enseignant, dans ce cas précis, doit expliquer quels sont les objectifs, où les étudiants vont être conduits et pourquoi. Faites l'expérience et vous verrez le changement radical dans le comportement de la classe et des élèves individuellement: tout devient calme et sérénité, et le travail s'en ressent grandement.
Si les dirigeants ont leur responsabilité, les subordonnés également. La Boétie, dans son discours De la servitude volontaire insistait déjà sur la propension des subordonnés à se croire affranchis de toute responsabilité et finalement d'être passif. Un être humain privé de sa responsabilité est ou bien un esclave ou bien un fou (pour faire vite). L'esclave n'a pas son mot à dire et guère plus de droits, en particulier celui de se plaindre de sa situation. Idem pour le fou. Si donc les subordonnés veulent plaindre du traitement qui leur est réservé, libre à eux, mais qu'ils endossent les responsabilités qui leur incombent. Ils peuvent signaler les dysfonctionnements, les dérèglements, les inconsistances ou incongruités du système dont ils font partis. Ils peuvent éventuellement proposer des aménagements ou des améliorations ou demander des compensations. Mais surtout ils doivent être en mesure de se positionner eux, en tant qu'être humain raisonnable pourvu de droits et de possibilités. Ils doivent se demander quelle part de responsabilité ils veulent et peuvent assumer dans le système et quel rôle ils veulent tenir dans celui-ci. Plus humainement encore ils peuvent se prémunir contre ces pressions extérieures en connaissant leurs intentions, leurs projets personnels, leurs capacités et leurs limites. Ils doivent, parce qu'ils le peuvent, endosser toutes leurs responsabilités en tant qu'humain rationnel. Ils peuvent résister au stress simplement en ne tenant pas compte de directives inconsistantes sachant pleinement qu'elles seront mises à mal par leur simple formulation. De l'insubordination? Non, de la rationalité. Une critique n'en est pas une si elle n'est pas consistante et constructive, donc si elle ne répond pas à ces critères minimums de rationalité pourquoi devrait-on en tenir compte? Utopique? Non dans la mesure où ces directives ne sont pas données un pistolet sur la tempe (ce qui tend à priver la faculté de choix et de responsabilité et donc à ramener au statut d'esclave). Demander des raisons n'est certes pas toujours chose simple mais elle est rationnelle et raisonnable, plus, bien plus, que de se plier à des directives floues ou absurdes. Là encore, faites l'expérience: demandez des explications lorsqu'une directive ne vous paraît pas rationnelle. Plus qu'une engueulade c'est une déstabilisation qui se constate chez votre interlocuteur, parce que s'il est rationnel il sait parfaitement que sa demande est absurde, sinon il va s'en apercevoir à votre remarque ou bien encore ne pas comprendre de quoi il s'agit et son propre stress va apparaître au grand jour, ses faiblesses avec.
La raison est moins pénible ou aride qu'il n'y parait, et finalement est l'état le moins stressant dans lequel vivre, simplement parce que le stress n'y a pas sa place, pas de rôle à jouer.
Cela implique de se connaître soi-même, ce qui est un véritable travail en soi plus difficile que ne le pensent ceux qui n'ont jamais voulu y songer sérieusement. Mais c'est aussi quelque chose qui doit s'apprendre et donc s'enseigner. L'école est aussi là pour cela. Cela implique évidemment que l'enseignant lui-même ne soi pas stresser.
Le stress est donc véritablement un obstacle sérieux, mais les mesures pour y remédier ne peuvent venir d'en haut (ni plus d'en bas d'ailleurs) mais est un équilibre entre ce qu'en anthropologie Leroi-Gourhan appelle le “milieu interne" et le “milieu externe": entre l'espace cognitif de l'individu et l'environnement dans lequel il évolue. C'est un véritable programme existentiel, mais rien d'autre en fait que de vivre comme un être humain.
mercredi 17 février 2010
L'éducation a-t-elle un coût?
Étrange de poser la question alors qu'on enseigne dans une école privée, certes, mais ce n'est pas le sens premier que je voudrais soulever.
Si je pose la question c'est que de temps à autre je me demande pourquoi j'enseigne. J'aime l'enseignement. Bizarre de dire cela comme ça mais c'est vrai. Je le sais parce que je ne peux m'empêcher d'enseigner, ne pas enseigner me manque. J'aime enseigner aussi dans des structures peu conventionnelles ou moins conventionnelles que l'Éducation Nationale. Peut-être est-ce par souvenir de ma scolarité ou bien par crainte de passer ou de rater les concours. Peut-être. Je crois surtout que c'est la liberté de programme et de contraintes administratives que j'aime le plus, cela donne plus de temps à consacrer aux étudiants et plus de sens à l'engagement aussi.
Il n'y a pas de cours pour apprendre à enseigner. Au début, au premier cours, on est parachuter de l'autre côté du bureau et il faut se lancer. Ce n'est pas évident. La peur nous taraude le ventre, une peur un peu confuse, la peur du regard des autres, des collègues, des anciens professeurs, des étudiants, la peur de ne pas savoir, la peur de ne pas faire face, juste la peur. Peu à peu ce sentiment disparaît. Le trac reste bien sûr, mais moins de peur. Le métier entre, nos habitudes aussi. Le petit rituel avant le cours pour se mettre en condition. Bien sûr reste le sentiment amer de honte après un mauvais cours quand on n'est pas dans son assiette, fatigué, que finalement le cours que l'on croyait avoir suffisamment préparé.
À force l'étudiant devient plus clair, plus compréhensible, son comportement et ses réactions plus lisibles et il devient plus facile d'y faire face. Au début toute entorse à la discipline est un affront difficile à digérer. Peu à peu on comprend qu'en fait le contenu est secondaire. Bien sûr qu'il est nécessaire est important, mais que ces accrocs ne sont pas des manques de respects mais plutôt des failles dans l'édifice de la compréhension: l'apprentissage passe avant le savoir. Apprendre à savoir avant de savoir quoique ce soit. Alors la perspective change et l'on comprend que la matière n'est pas un bloc à pousser entre le bureau et les étudiants, mais qu'il faut véritablement les y amener, la faire vivre, naître ou renaître devant eux comme un tour de magie toujours aussi fascinant pour qui le découvre. Donner envie, donner envie, donner envie. Convaincre que la motivation est le bon côté de la force. Rassurer, rassurer, rassurer. Ensuite, le savoir ils vont le chercher tout seul d'eux-mêmes pour peu qu'on en ait baliser le chemin.
Convaincre et rassurer. On n'est pas un psychologue quand même! Et pourtant c'est bien là la clé du mystère. Un étudiant ça s'amadoue, ça s'apprivoise, et dès qu'il est en confiance alors il peut accepter de prendre le risque de découvrir. Les Christophe Colomb ne sont pas monnaie courante et qui irait de lui-même se jeter dans l'inconnu, délaisser son savoir pour le remettre en question ou en endosser un autre? Apprendre n'est pas évident, ils nous le rappellent, on l'avait oublié.
Le métier s'acquiert sur le tas, ce qui ne veut pas dire qu'il ne pourrait pas s'apprendre. D'ailleurs, avec le recul, on l'a bien appris, par mimétisme de professeurs qui nous ont marqués et fascinés. Volontairement ou non c'est bien à eux que l'on essaie de ressembler, c'est bien notre propre émerveillement que l'on cherche à susciter chez nos étudiants. C'est éprouvant et difficile et ça ne marche pas tout le temps, pour ne pas dire pas beaucoup en fait, s'il fallait être réaliste.
Mais un rien sur ce parcours est un succès incommensurable. Une question sincèrement curieuse est un Grall. Un saut de sourcil d'un point compris est un feu d'artifice qui redonne sens à cette vocation dont on vient parfois à douter. Et ça n'a pas de prix. D'un côté comme de l'autre du bureau.
Si je pose la question c'est que de temps à autre je me demande pourquoi j'enseigne. J'aime l'enseignement. Bizarre de dire cela comme ça mais c'est vrai. Je le sais parce que je ne peux m'empêcher d'enseigner, ne pas enseigner me manque. J'aime enseigner aussi dans des structures peu conventionnelles ou moins conventionnelles que l'Éducation Nationale. Peut-être est-ce par souvenir de ma scolarité ou bien par crainte de passer ou de rater les concours. Peut-être. Je crois surtout que c'est la liberté de programme et de contraintes administratives que j'aime le plus, cela donne plus de temps à consacrer aux étudiants et plus de sens à l'engagement aussi.
Il n'y a pas de cours pour apprendre à enseigner. Au début, au premier cours, on est parachuter de l'autre côté du bureau et il faut se lancer. Ce n'est pas évident. La peur nous taraude le ventre, une peur un peu confuse, la peur du regard des autres, des collègues, des anciens professeurs, des étudiants, la peur de ne pas savoir, la peur de ne pas faire face, juste la peur. Peu à peu ce sentiment disparaît. Le trac reste bien sûr, mais moins de peur. Le métier entre, nos habitudes aussi. Le petit rituel avant le cours pour se mettre en condition. Bien sûr reste le sentiment amer de honte après un mauvais cours quand on n'est pas dans son assiette, fatigué, que finalement le cours que l'on croyait avoir suffisamment préparé.
À force l'étudiant devient plus clair, plus compréhensible, son comportement et ses réactions plus lisibles et il devient plus facile d'y faire face. Au début toute entorse à la discipline est un affront difficile à digérer. Peu à peu on comprend qu'en fait le contenu est secondaire. Bien sûr qu'il est nécessaire est important, mais que ces accrocs ne sont pas des manques de respects mais plutôt des failles dans l'édifice de la compréhension: l'apprentissage passe avant le savoir. Apprendre à savoir avant de savoir quoique ce soit. Alors la perspective change et l'on comprend que la matière n'est pas un bloc à pousser entre le bureau et les étudiants, mais qu'il faut véritablement les y amener, la faire vivre, naître ou renaître devant eux comme un tour de magie toujours aussi fascinant pour qui le découvre. Donner envie, donner envie, donner envie. Convaincre que la motivation est le bon côté de la force. Rassurer, rassurer, rassurer. Ensuite, le savoir ils vont le chercher tout seul d'eux-mêmes pour peu qu'on en ait baliser le chemin.
Convaincre et rassurer. On n'est pas un psychologue quand même! Et pourtant c'est bien là la clé du mystère. Un étudiant ça s'amadoue, ça s'apprivoise, et dès qu'il est en confiance alors il peut accepter de prendre le risque de découvrir. Les Christophe Colomb ne sont pas monnaie courante et qui irait de lui-même se jeter dans l'inconnu, délaisser son savoir pour le remettre en question ou en endosser un autre? Apprendre n'est pas évident, ils nous le rappellent, on l'avait oublié.
Le métier s'acquiert sur le tas, ce qui ne veut pas dire qu'il ne pourrait pas s'apprendre. D'ailleurs, avec le recul, on l'a bien appris, par mimétisme de professeurs qui nous ont marqués et fascinés. Volontairement ou non c'est bien à eux que l'on essaie de ressembler, c'est bien notre propre émerveillement que l'on cherche à susciter chez nos étudiants. C'est éprouvant et difficile et ça ne marche pas tout le temps, pour ne pas dire pas beaucoup en fait, s'il fallait être réaliste.
Mais un rien sur ce parcours est un succès incommensurable. Une question sincèrement curieuse est un Grall. Un saut de sourcil d'un point compris est un feu d'artifice qui redonne sens à cette vocation dont on vient parfois à douter. Et ça n'a pas de prix. D'un côté comme de l'autre du bureau.
mardi 9 février 2010
La découverte de l'homme.
Voilà longtemps que je n'avais pas voyagé et la découverte de l'Afrique a été aussi bouleversante que le Grand Nord. Si là-bas j'avais découvert ce qu'est le paysage dans son essence même, ici j'ai l'impression d'avoir appris ce qu'était l'Homme.
Le contraste avec la vie parisienne permet de révéler les différences et de devoir se positionner par rapport à elles. Dire cela c'est dire que tout tient dans le regard et la manière dont on découpe, décortique, analyse ou conceptualise le monde. Ce fut l'Afrique et le Svalbard pour moi, ce pourrait être n'importe où pour un autre, voire, pour celui qui sait vraiment voir, l'endroit qu'il n'a jamais quitté.
Découvrir l'Afrique, plus exactement le Gabon, et le cyclisme de haut niveau a été une bonne école et finalement essayer de comprendre les règles, les mécanismes et les habitudes du cyclisme n'est pas très différent que d'essayer de comprendre les clés d’une autre culture, d'autres comportements et habitus.
Une chose m'a frappée: ces contrastes ne semblaient pas vraiment poser de problèmes à quiconque en fait. Les caméras filmaient avec le plus grand naturel le folklore local aussi authentique que la Kinkerne est représentative de la Savoie. Un enfant pleure dans un village vite une photo. Une femme vent des beignets, vite, une réfugiée politique. Avec la même aisance avec laquelle les coureurs sont filmés et photographiés comme des coureurs cyclistes le sont et, sous-entendus, doivent l'être. Cela en dit long sur la manière de conceptualiser le monde.
Moi qui ne m'y connais rien, ce qui m'a frappé, c'est le côté profondément humain de tout ce petit monde, gabonnais comme coureurs cyclistes. Il y a quelque chose d'absurde évidemment dans le fait de traverser le Gabon à vélo lorsqu'on vient de France ou du Danemark, quelque chose de franchement bizarre à suivre des cyclistes qui traversent le Gabon assis dans une voiture climatisée. Mais il y a quelque chose de très humain aussi: ce n'est plus tel ou tel coureur, connu ou pas, mais un homme sur un vélo, un effort aussi absurde que magnifique d'essayer de se surpasser, de faire une chose qui n'a pas d'autre sens que sa propre réalisation.
Dans l'effort, dans la fatigue l'homme devient humain et tous se ressemblent. Ce n'est plus untel ou untel mais un Homme, un visage, un effort, un prototype, un stéréotype, un échantillon qui vaut pour tout autre car à travers lui c'est nous que nous voyons.
La couleur de peau, la race, la nationalité, le passé, la culture, l'origine, tout cela n'a plus de sens: c'est un homme, c'est tout. Et le naturel est si puissant qu'il n'est même pas besoin de majuscule pour comprendre.
Je pensais prendre des paysages là-bas, ce sont des portraits que je ramène. La découverte est immense.
lundi 8 février 2010
Éloge de l'indépendance.
Légitimement je ne pourrais me plaindre de ma situation bien que j'espère parfois qu'elle soit meilleure et plus confortable. Si je ne m'en plains pas c'est qu'à sa manière elle est plus confortable que celle qu'il m'arrive de souhaiter lorsque je me réfère aux autres. Oui un salaire dépassant les 500 euros par mois serait une bouffée d'oxygène, oui un appartement plus vaste que ces 30 m2 à deux ne ferait pas de mal...
Mais la liberté d'esprit m'a pas de prix et les remarques positives qui remonte au sujet d'un film ou d'une image réconfortent plus que tout autre chose. L'indépendance: pouvoir faire uniquement ce que l'on veut comme on le veut. Faire un film tel qu'on l'a en tête sans se plier à des règles, des coutumes, des contraintes autres que celles que l'on accepte. Voilà le sens de la liberté et celle-ci est inestimable.
Sans un passage par la recherche universitaire, je pense qu'il me serait difficile d'être dans le même état d'esprit. Elle m'a montrée les limites de la connaissance et le travail incessant pour l'améliorer et la poursuivre avec opiniâtreté et humilité. Connaître ses limites et ses capacités mais aussi que l'existence n'est vécue que lorsque ces capacités sont menées à ces limites.
Peu à peu le chemin se trace, il est peut-être modeste mais il est à ma mesure et je me sens bien le soir en me couchant d'avoir fait ce que j'avais à faire, ni plus ni moins.
Cette liberté rare je me rends compte que bien peu la connaissent et s'engluent encore dans des considérations qui ne leurs conviennent pas et pendant ce temps ils oublient d'exister.
L'indépendance c'est pouvoir exister seul, et ce n'est pas évident et être bien accompagné aide beaucoup!
Mais la liberté d'esprit m'a pas de prix et les remarques positives qui remonte au sujet d'un film ou d'une image réconfortent plus que tout autre chose. L'indépendance: pouvoir faire uniquement ce que l'on veut comme on le veut. Faire un film tel qu'on l'a en tête sans se plier à des règles, des coutumes, des contraintes autres que celles que l'on accepte. Voilà le sens de la liberté et celle-ci est inestimable.
Sans un passage par la recherche universitaire, je pense qu'il me serait difficile d'être dans le même état d'esprit. Elle m'a montrée les limites de la connaissance et le travail incessant pour l'améliorer et la poursuivre avec opiniâtreté et humilité. Connaître ses limites et ses capacités mais aussi que l'existence n'est vécue que lorsque ces capacités sont menées à ces limites.
Peu à peu le chemin se trace, il est peut-être modeste mais il est à ma mesure et je me sens bien le soir en me couchant d'avoir fait ce que j'avais à faire, ni plus ni moins.
Cette liberté rare je me rends compte que bien peu la connaissent et s'engluent encore dans des considérations qui ne leurs conviennent pas et pendant ce temps ils oublient d'exister.
L'indépendance c'est pouvoir exister seul, et ce n'est pas évident et être bien accompagné aide beaucoup!
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