lundi 17 mars 2008

Voter ou crier dans le vide.

Difficile de faire dans l'initiatique, je veux dire dans le roman initiatique, ou pour les plus ambitieux parce que c'est plus difficile, dans la fable. Difficile parce que tirer une conclusion, une morale, c'est dur. Et quand je dis dur, je ne veux pas dire qu'on plisse un peu les yeux comme ça, qu'on tord la bouche comme ça et qu'on soupire un peu avant d'aller voir la solution à la fin du journal. Non. Dur de dur, parce que la solution n'est pas écrite. La vie quoi.

Prenez une situation quelconque, prenez deux personnes quelconques, mettez-les dans la situation initiale, attendez un moment, ressortez, égouttez et écoutez, vous aurez deux versions différentes. Pour relever un peu, assaisonner et pimenter, donnez leurs un intérêt quelconque dans l'histoire. Elles vont se chamailler et prétendre toutes les deux qu'elles sont la meilleure et l'autre la plus stupide...
Soir d'élection en France.

Celui qui pensait que la situation politique hexagonale pathétique c'est trompé. Elle est pire encore. Non pas que je ne sois pas satisfait du résultat, d'un, non, de deux ça n'intéresse personne, mais le débat, qui, il me semble, est l'essence même du politique est tombé d'un niveau collège à primaire. Bientôt la maternelle et le bac à sable. “C'est mon mien et c'est même pas vrai parce que c'est toi qui l'a dit". Désolant.

Désolant parce ce n'est pas un jeu. Il y a quelque chose d'assez difficile à comprendre lorsque certains clament que seuls des professionnels devraient faire de la politique. C'est quoi au juste un politicien professionnel? Quelqu'un démoulé de l'ENA? Mais que je sache, l'ENA ne forme pas des politiciens. De Sciences PO, pas plus. Être préparé aux rouages de l'État et de l'administration fait peut être de bons administrateurs ou chefs de cabinet, de bons TECHNICIENS en somme, mais pas des politiciens. C'est un peu comme si on devenait philosophe avec une agrégation ou un doctorat... À moins que la politique soit comme la médecine et qu'il faille avoir un certificat et un diplôme es politique pour pouvoir exercer. Si tel est le cas, les actuels l'auront à l'équivalence, en VAE ou bien faudra-t-il le leur faire passer?

Qu'importe, la politique est un fait, un état de fait qui ne dépend pas d'un pedigree ou d'un diplôme, ou du moins ça serait heureux qu'il en soit ainsi. S'il y a bien un domaine où pour le coup les compétences (quelque soit le sémantique du terme) comptent plus que tout, c'est bien la politique.
Franklin était peut-être copain avec l'amiral ou le roi, peut-être qu'il savait même assez bien navigué, mais reste que c'était un piètre leader qui n'écoutait pas ses hommes, ce qui a conduit au carnage que l'on sait.

La politique c'est un truc qui ne s'apprend pas. On peut apprendre l'administration, les lois, comment ça marche, mais avoir une vision, savoir fédérer et lier un groupe, un peu, une nation, c'est avoir un charisme et une vision au sens d'un perspective, d'un projet, et ça on l'a ou on l'a pas. Il y a des bons peintres et il y a des scribouillards du dimanche, heureux, certes, mais scribouillards. L'inconvénient est la pauvreté du vocabulaire pour les départager.

Or lorsqu'on voit le débat politique actuel on comprend pourquoi le premier parti de France est l'abstention. C'est CATASTROPHIQUE. On vous met entre vos mains nos voix, nos vœux et nos mandats et vous qu'en faites vous? Des gé-guerres de délégués de classe!
Où sont les visions, les projets, les conceptions, les constructions, les desseins pour la France et les Français? Palabrer, parler, se quereller n'est pas à la hauteur des débats et des enjeux! Ce que l'on veut savoir c'est quelle écologie pour demain, quelle ville et quel dynamique. Mais ce ne sont pas les mots que l'on cherche à entendre mais bien leurs significations. Le choix se fait là, pas à celui qui sera le mieux vêtu ou qui racontera le plus d'insanité sur son voisin.

L'échec est patent. Le message est pourtant clair: vous ne nous intéressez pas. Entre la peste et le choléra on préfère encore ne pas être malade. C'est le message de l'abstention. Parlez autant que vous voulez mais ne parlez pas en notre nom parce qu'on ne vous donne pas notre manda, notre voix, notre vœux, notre avenir et nos espoirs.


Évidemment que les pantins et les marionnettes palabrent satisfaits de leurs échecs car ils y voient des victoires, le reste n'est que silence et le silence ils ne l'entendent pas.

Il est dur de tirer une morale et une conclusion quand elle n'existe pas dans le manuel. On ne bachotte pas la vie, on ne bachotte pas la politique...

Lendemain navrant d'élection. À quoi bon voter si c'est pour crier dans le vide?

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