Dans un même journal, deux manières de réagir différemment face aux décisions du pouvoir politique.
La première est de blâmer toute critique et d'inciter à entrer dans le rang, conseil que madame Morano donne à Rama Yade, reprenant le mot de Jen-Pierre Chevènement “un ministre, ça ferme sa gueule, si ça veut l'ouvrir, ça démissionne". En soulignant au passage que la formule de Chevènement s'appliquait à lui-même et non pas pour zigouiller un collègue.
L'autre est la prise de parole de Mahmoud Vahidnia, un étudiant iranien, devant l'ayatollah Khamenei, guide suprême iranien, ce mercredi 28 octobre 2009.
Certes les situations et les conditions ne sont pas les mêmes, les réactions un peu courroucées des dirigeants seules se rejoignent. Lorsque quelqu'un vous dit que vous avez toute liberté de le critiquer cela signifie ou bien que vous êtes fasse à un masochiste qui n'en vaut pas la peine soit que vous allez passer un sale quart d'heure.
Le courage de l'étudiant frise la témérité voire le suicide mais son geste est louable au plus au moins ne serait-ce parce qu'il montre qu'il est possible encore d'avoir des idéaux sous la contrainte, ce qui est toujours de bon augure pour la Raison. Il est triste que de tels coups dans l'eau n'aient pour conséquences que le funeste destin de leurs auteurs, mais parfois, à court d'autre chose, le combat pour autrui peut prévaloir. Peut-être même le doit-il.
De l'autre cela montre par contraste la grandeur et la qualité du débat politique français actuel. La zizanie complète d'un équipage sans autre ambition que la sienne dans une embarcation qui prend l'eau de toute part avec un capitaine aveugle et colérique sans vision ni dessein. La critique va bientôt être anti patriotique et au doute répondra bientôt une Marseillaise scandée aux bruits des talons. La possible mise en examen d'un ancien président de la République scandalise cette clique sous prétexte qu'elle ébranle la grandeur de la fonction sans imaginer un instant que le scandale est qu'il soit possible que des éventuels prévenus puissent briguer de tels mandats. Le scandale n'est pas dans la fonction mais quand qui en revêt l'habit.
Peut-être faut-il attendre que la Raison ne supporte plus la pression que lui met un pouvoir qui n'en a pas pour qu'un héros, ne serait-ce que d'une heure, ose apporter sa contribution à la lumière d'un équilibre meilleur entre les Hommes et redonne un sens au mot ‘politique'. Peut-être que le lent délitement de l'édifice commun en atténue la ruine à ses occupants, peut-être. Hélas.
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