1000 policiers dans un quartier, une émission sur le mal de vivre des policiers, le constat que les policiers qui sortent de l'école ne sont pas assez formés, qu'ils ne savent pas ce qu'est la réalité parce qu'ils “sortent de chez papa maman" (sic.) et que de toute manière les banlieues sont devenues des poudrières incontrôlables.
Supermarché du XVe. La margarine que j'avais l'habitude d'acheter jusqu'à hier est passé de 3 euros à 6,45 euros en un mois.
Un ami, capessien, professeur de français en ZEP, un enfant qui marche tout juste, sa femme dans l'administration, vivent plus que chichement et me parle de déménager “ailleurs" parce qu'ils n'arrivent plus à finir les fins de mois et leurs 45 m2 leurs paraissent un palace vu le prix qu'ils le payent, et pourtant ce n'est pas du luxe.
L'affaire d'un chef de cabinet du ministre du logement poussé à la démission parce qu'occupe depuis vingt ans un HLM à prix très modéré dans un beau quartier.
Un article sur le salaire des patrons français qui sont parmi les mieux payés d'Europe et qui ont vu leurs primes augmenter de manière indécente en comparaison avec celles de leurs employés.
Il y a une dizaine d'année, monsieur Chirac faisait sa campagne sur le thème de la “fracture sociale". Tout le monde semblait avoir en tête les banlieues en les imaginant comme un continent à la dérive qui se séparerait de la France ou de la capitale ou des beaux quartiers, on ne sait pas très bien. Une fracture en les Français et la “racaille" (sic.) confinée dans des no man's land que la République n'atteindrait plus, ou du moins la police ne patrouillerait plus.
Après la crainte d'étranger, la “racaille" qu'il faudrait passer au Karsher, les immigrés clandestin et les sans papiers, cause de tous les maux de la Terre, il faut constater que la fracture sociale, à force de la vouloir, est enfin apparue. Mais pas là où certains l'espérait. La fracture sociale n'est pas entre les chômeurs et les autres, pas entre les RMIstes et les autres, autrement dit pas entre ceux que l'on stigmatise comme des “assistés" et qui ne sont pas autre chose que des laissés pour contre, ni même entre les SMICards et les autres, ni entre les classes moyennes et les autres, mais la brisure s'est produite là où on ne l'attendait pas: au beau milieu des classes moyennes.
Si le seuil de pauvreté est posé à 681 euros, être pauvre, c'est-à-dire ne pas arriver à finir le mois, dépenser plus de la moitié de ses ressources pour se loger, ne pas pouvoir économiser, épargner ou simplement dépenser pour du loisir mais ne devoir travailler que pour subvenir à ses besoins et ne pas nécessairement y parvenir, ce seuil là se situe maintenant au niveau de 1600 euros au moins. Bien entendu cela n'a rien à voir avec la pauvreté du Tiers Monde, mais la pauvreté est relative au contexte de vie. Cette nouvelle pauvreté déclasse encore plus la pauvreté absolue, celle de ceux qui ne parviennent même pas à acquérir de la richesse, qui sont exclus de système économique et qui ne font que payés sans gagner. Il y a encore au XXième siècle, à Paris, des hommes, des femmes et des enfants qui meurent de froid, de faim et qui vivent dans la rue. Il y a des Homme qui n'ont pas même accès aux droits fondamentaux que l'humanité voudrait se reconnaître.
La fracture sociale est en dix ans devenue réalité. Elle disloque le tissu social et trace une ligne de démarcation qui divise ceux qui y arrivent et ceux qui n'y arrivent pas ou plus. Cette ligne ne contournent pas les quartiers difficiles, elle traverse les quartiers les plus commun, les villes les plus respectable, les ouvriers, fonctionnaire et salariés les plus intégrés. La fracture sociale est une facture sociale. C'est celle de ceux pour qui vivre est devenu trop cher. Vivre ne veut pas dire habités des ors et des châteaux, ne veut pas dire partir en vacances à l'autre bout du monde, ne veut pas dire manger de la viande tous les jours, ne veut pas dire aller au cinéma, ne peut pas dire avoir une pièce en trop dans sa maison ou avoir une seconde voiture dans le garage. Non, vivre veut dire manger 2 fois par jour, se chauffer tous les mois d'hivers, avoir un toit, payer l'abonnement aux transports en communs, s'habiller pendant les soldes.
Il y a deux France: celle qui s'en sort et celle qui rame pour ne pas couler plus loin. Mais certains réalisent à leurs dépends qu'ils sont embarqués sur ce continent à la dérive alors qu'ils se croyaient à l'abris, que ces choses là ne peuvent arriver qu'aux autres, à ces étrangers, ces immigrés, ces sans papiers... Et bien non. Et la raison en est que ceux que l'on désignait comme paria et bouc émissaires n'ont jamais été ce qu'on a dit qu'ils étaient. Les banlieues que l'on montre du doigt sont bien française, peuplées de français, les sans papiers que l'on chasse sont ceux qui cuisaient notre pain alors que nous dormions, les chômeurs que l'on ne veut plus assistés les étudiants qui ont patienté et ceux qui ne pourront plus payer les retraites de leurs aînés car ne pourront plus même payer leurs vies au présent.
Au delà du constat déplorable, c'est agir qu'il faut pour qu'un jour, à nouveau, on puisse avoir le temps de rêver à demain, rêver de nouveau.
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