L'écriture documentaire, que ce soit pour un film ou tout autre support, est un exercice périlleux: il s'agit d'une part de laisser place au feu de l'action, contrairement à une fiction où l'ensemble des paramètres peuvent être contrôlés ou modifiés, sans se laisser aller à la dérive.
L'erreur serait d'écrire un documentaire comme on écrit un scénario, sur une trame narrative qui inévitablement mène sur le terrain de la fiction. Et si la fiction peut-être intéressante d'un point de vue ethnographique ou anthropologique elle l'est en tant qu'elle révèle, indirectement, les cadres de pensé et d'expérience de celui qui la fait. Or il semble que ce ne soit que rarement là l'intention de celui qui l'écrit.
L'écriture documentaire est plus proche du développement de la logique formelle que du roman. Elle doit suivre un fil argumentaire, le fil du raisonnement, le fil de la pensée. Pour cela, il faut penser et il faut argumenter, c'est-à-dire avoir quelque chose à dire et le démontrer. Cela peut-être fait de manière poétique ou littéraire, mais c'est alors une question de style, non de domaine.
Cela impose un travail sur le contexte avant le tournage, savoir ce que l'on veut dire, pourquoi, comment les choses fonctionnent a priori, ensuite il s'agit de tourner d'après ce cadre en fonction de ce qui se donne à tourner. Autrement dit il faut partir avec des hypothèses est chercher à les confirmer ou les infirmer sur le terrain. Ensuite, une fois cela fait, il faut recomposer clairement, au montage, le développement et l'exposition de l'argument avec les hypothèses et leurs valeurs, la conclusion suit si cela est bien fait. C'est ce qui reste à écrire, a posteriori, dans les commentaires.
Inutile donc de partir à fleur au canon en attendant de voir et d'être surpris par ce qui va se passer. Cette fausse attitude contemplative est naïve ou juste révélatrice d'une paraisse d'esprit. Partir avec un scénario tout écrit et bouclé est tout aussi inutile, mieux vaut alors tourner en décors artificiels au chaud, cela est bien plus pratique et en définitive certainement coûteux.
Réfléchir, agir, comprendre, exposer, c'est simplement ce qu'il faut faire.
Mais cela est valable pour tout.
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