Un bon scénariste doit aimé tous ses personnages. Aimer tous ses personnages ne signifie pas que tous doivent être bons, gentils et ressembler à leur auteur, non, mais cela signifie que l'auteur doit tous les respecter pour ce qu'ils sont. Cela peut paraître bizarre, mais ceux qui écrivent connaissent ce sentiment étrange de voir se développer leurs personnages de manière autonome. Les personnages se révèlent par l'auteur et l'auteur est d'autant meilleur qu'il sait les révéler de manière originale à travers toutes leurs facettes et de détails caractéristiques de leurs caractères. Pour cela il faut les penser, les observer, les comprendre et les écouter. Qu'ils soient bons ou méchants tout personnage est complexe et complet. Un auteur qui n'aimerait pas l'un de ses personnages ne le révélerait pas ou pas honnêtement, il ne verrait pas ou ne voudrait pas voir certains de ses aspects et le rendrait plat et inintéressant.
Le spectateur repère immédiatement cela et est sans appel.
Dans la réalité il en va de même que dans la fiction. La vie, d'une certaine manière est écrite comme un scénario et nous en sommes les auteurs. Cela ne signifie pas qu'il y a un destin indépendant de nous, que tout soit écrit dans le grand livre ou non. Cela signifie simplement que nous autres humains, en tant qu'agents cognitifs rationnels nous agissons en faisant des choix, des stratégies, en voulant, en désirant, en ressentant et que cela dessine des perspectives et parmi celles-ci nous rêvons de certaines, redoutons d'autres et faisons quelques unes. De la même manière qu'un scénario doit être bien ficelé pour fonctionner, c'est-à-dire être crédible et intéresser le spectateur, de même les perspectives réelles doivent être bien construites et conduites.
Une entreprise en général et ses dirigeants en particuliers doivent aimer l'ensemble de leurs employés. Devoir ici réfère à une obligation à la fois logique, éthique et morale. Une entreprise qui n'aimerait pas ses employés ne pourrait fonctionner convenablement. Même si économiquement elle tournerait bien, elle gaspillerait inutilement son capital, son potentiel et son facteur humain. Un employé qui n'est pas accepté et reconnu à sa juste place et valeur est un employé qui tôt ou tard fera payer la facture et celle-ci sera salée, que ce soit en dépression, en arrêt maladie, en crise de nerf, en sabotage ou simplement en démotivation.
Une entreprise à le devoir fonctionnel et structurel de respecter ses employés car elle doit se respecter elle-même pour se déployer et s'épanouir de manière durable et saine. Elle doit également le faire éthiquement et moralement car elle ne doit jamais oublier que les employés sont avant tout des êtres humains, doués de désirs, de motivations et de perspectives. Si la perspective de l'entreprise contrecarre les perspectives de ses employés elle court inévitablement à la crise et à l'affrontement, et dans le combat contre Goliath, David est celui qui a le moins à perdre.
Dire que le travail est un moyen et non une fin n'est pas être réactionnaire ou révolutionnaire, c'est simplement souligner qu'un employé qui est satisfait de sa position car il se sent reconnu à sa valeur est un employé qui travaille mieux et donc qui rapporte plus à l'entreprise. Économiquement le pari est pascalien et seul une calculatrice bornée ne peut le comprendre. Au pire l'entreprise gagne le statut quo, au mieux elle décuple ses forces, seul un dupe frileux refuserait de faire un tel pari.
Dans le cas contraire ou mieux l'entreprise stagne, au pire elle se délite et se décompose plus ou moins rapidement. Quelle entreprise saine se dessine comme perspective sa propre perte?
Un scénario mal ficelé indiffère au mieux, ennui sinon ou au pire nous pousse à sortir de la salle.
Le capital humain est un capital mais il ne se monnaye pas de la même manière qu'une autre matière première. Le crédit cognitif est plus impalpable mais ses crises sont plus violantes et radicales.
Je crains qu'il ne faille réécrire certains scripts...
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