vendredi 27 août 2010

L'image et l'action.

L'image est une représentation distanciée de son objet. Elle est une représentation et non une simple présentation parce que même si dans certain cas elle suppose la présence de l'objet pour le montrer, elle n'est qu'une trace de celui-ci et ne peut permettre de retrouver l'objet par son image. C'est d'ailleurs pour cela que l'image, au sens premier du terme, s'applique à ce qui n'est plus, donc ne peut plus être présent, à savoir les morts.

La conjonction de l'image et des supports de communications à distance permet de réduire à la quasi instantanéité cette distance entre ce qui est montré et le fait de le montrer. Les images de catastrophes en tout genre que déversent les médias n'en sont qu'une illustration. Sans être présent nous voyons des images de lieux dévastés, de personnes sinistrées à l'autre bout de la planète mais avec la nuance que si nous, nous ne sommes pas là-bas, nous supposons que quelqu'un, en particulier l'opérateur des images, y est. La distance prévaut dans ce cas à la fois sur la temporalité et sur l'accessibilité à ce qui est représenté.

Cependant les moyens de communication de l'image dépassent maintenant ce dernier point. Il est possible de montrer en quasi simultanéité une situations qui n'est pas accessible ou du moins beaucoup moins facilement que l'image elle-même.

On se souvient qu'en 2002 lors du naufrage du sous-marin russe Koursk, les membres de l'équipage avaient laissé une lettre témoignant de leurs derniers instants. L'écrit est une forme l'image, mais au sens métaphorique du terme et sa trace n'est pas aussi immédiate à l'esprit que l'image à proprement parler.

Aujourd'hui, l'image peut nous parvenir sans qu'il soit possible de pouvoir atteindre l'opérateur. Des mineurs sont coincés dans une mine au Chili et les chances de pouvoir leur porter secours sont minces. Avec un téléphone portable ils envoient un témoignage de leur situation. L'image n'est pas aussi mauvaise que les circonstances pourraient le laisser présager, mais l'impact sur le public pourraient être considérable. Autant dans le cas du Koursk, le spectateur imaginait ce qui pouvait se passer dans la carcasse du sous-marin, autant ici l'imagination n'a plus court et nous savons avec certitude qu'ils sont en vit et qu'il faut les sauver. Cependant l'action n'est pas régit par les mêmes impératifs que les ondes radios et il n'est pas aussi simple d'envoyer des secours de dégager les conduits pour libérer ces hommes que d'envoyer un MMS.

L'image a bel et bien dépasser l'action et il sera maintenant difficile de laisser du temps ou de le prendre pour l'analyse des faits, mais peut-être même pour les l'action liés à ceux-ci. Premiers pas dans le virtuel réel.

vendredi 6 août 2010

Impératif catégorique

“Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen" (Fondation de la métaphysique des mœurs in Métaphysique des mœurs, I, Fondation, Introduction, trad. Alain Renaut, p. 108.)

Je sais, ça fait toujours un peu pompeux de ressortir l'impératif catégorique kantien. C'est un peu comme sortir un jockey dans une partie de carte ou un atout maître au tarot, certes, mais si ce sont des cartes aussi fortes et importantes, ce n'est pas pour rien.

En clair, l'impératif catégorique peut se caricaturer en “ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'ils te fassent". C'est un peu plus clair et en théorie tout le monde devrait être d'accord avec ça. Du moins toute personne rationnelle devrait l'être, pou plus précisément encore doit si elle est rationnelle justement parce que cela fait partie de la définition de la rationalité. Je sais également que définir la rationalité est une chose très compliquée, mais tout de même. Il est possible de penser de manière sensée qu'un agent rationnel est un agent qui n'agit jamais contre son propre intérêt. Cela ne signifie pas qu'il soit nécessairement capitaliste libéral individualiste (justement parce que cela n'est pas aussi rationnel que ça), mais qu'il pèse le pour et le contre des conséquences de ses actes et pensées au regard des informations dont il peut disposer au moment de cet examen et regarde si ces conséquences sont ou non favorable à ce qu'il peut espérer.

En somme le but du jeu est d'avancer le plus loin possible dans l'existence et pour cela il faut jouer le maximum de coups qui permettent d'aller le plus loin possible c'est-à-dire d'atteindre toujours le maximum de coups gagnants futurs possibles. Et contrairement à ce que cela pourrait laisser entendre, le capitalisme libéral individualiste n'est pas nécessairement la meilleure stratégie si vous n'êtes pas le plus gros poisson du bocal. Mais tout aussi contrairement à l'idée reçue, cela ne confine pas pour autant à un communisme internationaliste mièvre et nivelé par le bas. Non. Cela demande simplement de réfléchir un tantinet à chaque coup (c'est-à-dire à chaque acte à chaque instant) et de se demander si c'est bien le meilleur à jouer. Oui, je sais, dit comme ça c'est pas très ragoûtant et franchement épuisant, mais personne n'a dit qu'être rationnel était la chose la plus simple, la plus facile et la plus décontractée qui soit.

En période de stress comme celle que nous traversons avec maintes incertitudes économiques et donc sociales, avec un manque criant de repères fiables et d’élites éclairantes (ou même éclairées), il parait simple de tabler sur un apparent bon sens basé sur un instinct bien sombre et opaque qui consiste à dire que si l'autre ne fait pas ce que je veux alors il faut l'exterminer. Comme je le disais plus haut, mais comme l'instinct vous le dira mieux que moi, c'est une excellente stratégie si vous êtes effectivement le plus gros poisson du bocal. L'inconvénient est que si vous allez jusqu'au bout de votre raisonnement vous allez très vite vous retrouver bien seuls et avec une sacrée indigestion et que si par hasard vous avez un brin de conscience, vivrez le reste du temps avec la trouille au ventre de voir passer une ombre plus imposante au dessus de vous. Les coups qui paraissent gagnants rapidement ne le sont pas nécessairement (et très rarement) à long terme. Après tout dépend de la durée d'existence que vous espérez.

Non, si la rationalité est difficile à exercer il n'en reste pas moins que c'est ce que nous devons viser en tant qu'être humain parce que c'est la meilleure stratégie pour nous au long terme et donc à court. L'impératif kantien s'inscrit dans cette logique, l'appliquer est donc une bonne stratégie, surtout par les temps qui court. Alors essayons de rester rationnels et évitons tout excès, toute passion qui pourrait nous faire avoir des regrets par la suite. Cette maxime s'appliquant à tous, appliquons-la tous.

Je sais, c'est un tantinet moralisateur, mais c'est rationnel.