jeudi 29 octobre 2009

Les propos de l'artiste...

Souvent les réactions sont violentes lorsqu'on dit qu'une image se construit. Dire qu'une image se construit n'est pas dire autre chose qu'un poème ou un texte se construisent.

Les réactions sont violentes dû fait d'un relent romantique un peu naïf. Le génie brut et naïf qui versifie comme il respire est un mythe ou bien un cas si particulier qu'il n'enlève rien au propos. Une image se construit, l'axe, l'angle, la distance, la couleur, le contraste etc. sont autant de paramètres qui permettent l'expression.

Mais derrière ce débat un autre pointe, peut-être plus profond et plus difficile encore. Pourquoi construire une image? La réponse est évidente une fois qu'on y a réfléchi: une image se construit pour exprimer quelque chose, ce quelque chose est un "regard sur le monde", un point de vue, un propos.

Autrement dit l'image, comme toute forme d'expression d'ailleurs, doit dire quelque chose ou plus exactement véhiculer quelque chose, une intention de son auteur, peut-être.

La question fondamentale alors est celle de savoir s'il est possible de voir le monde sans le penser, s'il est possible de montrer le monde sans montrer un regard, un point de vue, une perspective sur le monde.

La vision naïve de l'artiste béat retranstrivant bêtement, inconsciemment, ce qu'il voit tombe. L'artiste ne peut pas ne pas voir (écouter, entendre, comprendre, sentir...) le monde, il doit nécessairement s'impliquer, construire son regard, élaborer sa relation au monde et en rendre compte, ce qui l'en rend également responsable.

Une image sans propos est un bruit sans intérêt qui ne mérite pas qu'on ennuie le reste du monde avec.

Le scénario n'est que l'un des moyens comme un autre, cela peut prendre d'autres formes, qu'importe, mais, quoi qu'il en soit, il faut réfléchir...

Bref, un artiste doit avoir quelque chose à dire sinon se taire. Et s'il dit quelque chose mieux vaut qu'il soit consistent, cohérent, intéressant et surtout intelligible...

Qui a dit que cela devait être facile.

jeudi 22 octobre 2009

Le scénario et le film

Le scénario est essentiel au film, je l'ai déjà dit plus d'une fois ici. Un film sans scénario n'est qu'une suite improbable d'images dont on peut supprimer ou rajouter un élément sans que le film n'en soit affecté, tout simplement parce que s'en n'est pas un.

Cependant le scénario n'est pas à comprendre de manière littéraire. Un texte littéraire est un texte littéraire, un scénario est un scénario. Inutile par exemple de romancer un scénario puisque cela ne sera d'aucun usage pour le tournage. Le scénario est plutôt une trame qui disparaît dans le tournage pour laisser place au film. Un peu comme la pellicule s'imprime de lumière et le développement fait apparaître l'image. Quelque chose à disparu pour qu'apparaisse autre chose. Il en va de même pour le cinéma.

Un réalisateur une fois s'offusquait que je lui dise que je conçois mes scénarios comme des partitions et que le mieux qu'il puisse leur arriver est qu'ils soient jouer par plusieurs réalisateurs. Pour lui le scénario c'est le film (même si dans un autre temps seul le réalisateur et non le scénariste en est l'auteur...).

Sur un même texte deux films, s'ils sont vraiment bien fait, ne se ressembleront pas. Ils révéleront différemment les nuances et ne seront pas plus ennuyeux que deux interprétations d'une même musique.

Tout n'est pas dans le scénario donc: sa réalisation, son interprétation pourrait-on dire même, est capital.

Dire cela c'est dire qu'un film ne peut se contenter d'un bon scénario. Il faut également une bonne image.

L'image est l'espace même du cinéma, plus précisément, l'écran. Il ne s'agit donc pas de la caméra et encore moins du réalisateur, mais pas non plus du spectateur, puisque plusieurs spectateurs verront la même chose, le même point de vue, alors que ce n'est pas le cas dans l'expérience directe ou au théâtre par exemple.

L'écran comme unité de mesure, avec sa bi-dimentionalité, son rectangle et ses contraintes. L'axe et l'angle de prise de vue et leurs restitutions en deux dimensions, plus la couleur, le son, le jeu des modèles, la musique, etc.

Un film sans scénario n'est pas un film, pas plus un film dont l'écran n'est pas composé. Le scénario n'est qu'un élément et finalement sa principale utilité est d'être un fil conducteur entre plusieurs collaborateurs: si l'équipe est réduite ou que seul le réalisateur mène la danse, peut-être même qu'il n'a pas besoin d'être écrit. Dire qu'il n'a pas besoin d'être écrit ne signifie pas qu'il n'existe pas ou qu'il ne doit pas exister, bien au contraire. Le scénario est l'expression, le rendu, d'un raisonnement, d'un déroulement. Mais finalement cette expression se retrouve dans le film une fois terminé. Le scénario sur papier n'est pas nécessaire.

mardi 13 octobre 2009

La fin des privilèges.

L'affaire de népotisme qui défraye la chronique ces derniers jours (par exemple) répond à un autre débat d'une manière heureuse.

Qu'une personne puisse être nommée (quelle que soit la manière) à un poste à forte responsabilité (même honorifique) si jeune et avec si peu de bagage, de diplôme et d'expérience est une très bonne nouvelle. Ce que les défenseurs de l'intéressé ne manquent pas de souligner. Ils s'indignent que l'âge puisse être un obstacle et soutiennent que les compétences s'acquièrent sur le terrain.

Nous ne voulions pas en entendre plus et ces remarques seront certainement beaucoup plus efficaces qu'un plan spécifique dédié à l'emploi des jeunes.

En effet, l'argument de l'âge est trop souvent avancé pour repousser une candidature. La jeunesse est, on le sait, synonyme d'instabilité, de naïveté voire de violence. Mieux vaut donc ne pas trop les recruter, les jeunes. Mais voilà qu'en un geste tous ces préjugés sont balayés, être jeune devient respectable, devient l'ambition, devient, la fraîcheur, devient l'assurance, devient la confiance en un avenir prometteur et serein. Embauchez donc des jeunes!

Les diplômes ne valent plus rien, cela est définitivement scellé. Ce que les réformes de l'école, du lycée et de l'université ne disaient qu'à mi-mot et que les résultats staliniens du bac tendaient à montrer est maintenant officiellement promulgué. À quoi bon perdre du temps sur les bancs de l'école puisque ce qui compte ce n'est même plus l'expérience, même plus les compétences, mais le fait d'apprendre sur le terrain, “bien entouré" s'empresse-t-on d'ajouter. D'autant, et l'actualité le démontrer également, que la validation des acquis de l'expérience (VAE) permettra au besoin de brocarder le papier filigrané au mur: pour devenir avocat plus besoin de passer par l'université, il suffit de devenir vieux, et avec le temps...

L'expérience? Voilà un mot qui change de sens. Les caquets des DRH et autres recruteurs vont devoir trouver un autre motif que le manque d'expérience puisque seul le terrain à venir est nécessaire.

Quant aux compétences, le regard acéré d'un partisan suffit à les tailler dans la meilleure étoffe sans même avoir recours à une lettre de recommandation.

Le profil du candidat parfait s'en trouve entièrement re-dessiné et tout comme un coup de crayon guérit des millions de gens en rayant un nom sur la liste des maladies, un geste aussi simple qu'un fait du prince suffit à lever le handicape de millions de chômeurs.

Voilà l'une des réformes sans doute les plus importantes de ce quinquennat. Le changement était promis, le voilà qui arrive!

samedi 10 octobre 2009

Pensée comme manière d'être

Si l'architecture est le reflet de son époque comme dirait Gombrich, la pensée doit être un reflet d'une manière d'être.

À force d'avoir sacralisé la pensée, certains ont des difficultés à penser. Certes il y a bien une pensée savante, difficile, compliquée et obscure que seule une poignée d'initiés peut comprendre, mais cela n'est qu'une frange de la pensée.

Lorsque je donne un sujet aux étudiants qui prend une forme de ce qu'ils jugent être philosophique (entendu comme savant, compliqué et obscure) ils me font des copies qui sont compliquées et obscures (hélas pas très savantes). Pourquoi?

Le problème majeur est une confusion de ce qu'est l'abstraction. L'abstraction est une forme de généralisation à partir de principes décontextualisés qui permettent, pareils à des outils, de comprendre les cas particuliers à partir de schémas plus généraux. Si cela terni un peu la qualité propre et unique du cas singulier, cela permet de le rapprocher d'autres, de le comparer et en définitive de le comprendre, ce qui n'est pas inutile. En aucun cas cela signifie de prendre un regard supérieur, détaché et d'essayer d'appliquer de manière sauvage des moules à une matière informelle.

La meilleure stratégie est toujours de partir de-là où l'on est. Lapalissade certes mais qu'il est bon de rappeler est qui est l'une des règles de survie en montagne. Partir d'où l'on est c'est partir de ce que le voit, ce que l'on sent, ce que l'on perçoit, du bon sens, de ses désirs, intentions, attentes, projets ou encore doute. Pourquoi aller convoquer tout de suite de grands auteurs de des définitions que l'on ne comprend pas.

Le conseil, pour ne pas dire la règle, vaut pour tout et en particulier pour l'analyse d'image. Au lieu de chercher quoique ce soit de savant dans une image, commencer par la regarder telle qu'on la voit, telle qu'on la comprend et partir de-là comme hypothèse de départ, chercher à l'infirmer ou à la confirmer et avancer doucement mais sûrement dans l'analyse.

Combien oublient que l'horizon est déterminé par le canal latéral de l'oreille interne, c'est-à-dire sur une ligne horizontale rejoignant les deux oreilles, au milieu du nez, juste sous les yeux. Dire que l'horizon est là, c'est dire que dans l'espace égocentrique, l'espace par rapport au sujet, le milieu est là, ce qui est supérieur est “dessus", inférieur “dessous", que le devant et le derrière déterminés par le canal antérieur, c'est à dire également au niveau de l'oreille sur le profile, le près et le loin par l'effort du bras pour saisir l'objet.
Cela est valable, évidemment, en l'absence de tout indice contraire explicite (par exemple une indication d'échelle sur un plan ou dans une photographie -- un arbre est un étalon de ce type).
Ces évidences permettent à elles seules de comprendre le cadrage d'une image à partir de la sphère composée de l'angle du haut vers le bas, de l'axe de la position sur le côté, et de la distance.

Rien à partir de ces données qui ne dépendent que ce l'image et de celui qui la regarde, il est possible de faire une analyse précise et fine d'une image. Partir de là où l'on est...

Ensuite, évidemment, le problème est de réfléchir, de faire attention de ce que l'on dit, de pouvoir expliquer et justifier chacun de ses dires, avancer prudemment, mais rien d'autre peut suffire pour commencer.

Penser c'est avancer et le mieux pour se faire est de partir de sa propre hauteur au lieu de vouloir prendre un regard plongeant sur le monde, de chercher l'omniscience. D'autant qu'à la sortie le résultat n'est pas plus mauvais, bien au contraire.

Ceux qui se perdent dans des conjectures compliquées sont perdus. Ceux qui ne pensent pas, ne veulent pas exister. Seuls ceux qui pensent à leur échelle et avancent peuplent le monde et vivent leur existence pleinement. Ni plus ni moins. Et pourtant, et pourtant...

dimanche 4 octobre 2009

“François Sylvand, portrait d'un artiste par son fils" au cinéma!

Séance exceptionnelle suivie d'un débat avec l'artiste et le réalisateur au cinéma Concorde à Rumilly le mardi 17 novembre 2009 à 20h.

Pour l'occasion un accrochage des œuvres du peintre aura lieu à l'atelier.

Une image peut-elle dire quelque chose?

L'idée que l'image puisse servir d'outil de connaissance ne va visiblement pas de soi. Même si l'on admet que l'image peut servir à étudier une époque en tant que témoignage, reste à savoir ce qu'on entend pas là: tantôt il semble que ce soit la subjectivité de l'auteur qui permet de comprendre cela, tantôt l'image en tant que produit d'une époque. Mais dans les deux cas ce n'est pas l'image qui est vue mais son mode de production.

Dire que l'image peut servir d'outil de connaissance c'est dire que l'image en elle-même dit quelque chose, un peu comme un livre dit quelque chose, indépendamment en en plus de son mode d'élaboration. Lire Descartes ou Malebranche au XXIe siècle peut avoir un sens parce qu'il est possible de comprendre leurs ouvrages même en ne connaissant rien (admettons) du contexte dans lequel ils ont été écrit. D'une certaine manière ces livres sont contemporains ou peuvent l'être parce qu'il est possible de les comprendre, de les interpréter dans un contexte contemporain différent du leur propre. Un sémioticien dirait qu'il est possible de trouver une “sémiose" qui comprend ces ouvrages et le présent. Il en va de même d'une œuvre d'art.

Mais est-il possible de comprendre une image autrement qu'en tant qu'œuvre d'art?
Tout comme un texte peut-être littéraire ou philosophique, la typologie de l'image est plus riche et complexe que simplement bipartite entre art et publicité.

Un lecteur est capable de distinguer un ouvrage de philosophie d'un ouvrage de littérature par ce que ces ouvrages sont différents, leurs structures sont différentes parce que leurs objectifs, leurs buts, leurs fonctions sont différents. Dire cela n'est rien dire des qualités stylistiques de ces ouvrages. Un ouvrage de philosophie peut-être remarquablement bien écrit, agréable à lire est figurer au panthéon de la grande littérature au même titre qu'un roman ou une nouvelle, la question n'est pas là.

L'image en tant qu'outil a été relativement bien et rapidement accepté par les sciences dures. L'astrophysique ou la biologie moléculaires utilisent des images sans aucun problème et ont mêmes développés des critères de lecture et d'interprétation tout comme pour les textes scientifiques.

Le problème est plus coriace pour les sciences “molles" comme les sciences humaines. L'image a été utilisée au début pour des sciences “à cheval", entre deux, “tendres" peut-être comme la physiologie ou la criminologie, puis par les “humanités" comme la sociologie, l'anthropologie ou l'ethnologie. Balinese Character marque véritablement un tournant tout comme photographies de Evans, Curtis ou les films de Rouch, Gardner ou Wiseman.

Si ces images sont devenues des œuvres d'art à part entières, c'est que leur mode de lecture a un peu changé et qu'on ne les regarde plus de la même manière. C'est un peu lire Diderot ou Voltaire pour de la bonne littérature romanesque avant de les lire comme des œuvres philosophiques. C'est plus la grille de lecture qui serait à blâmer, si jamais, que les œuvres elles-mêmes.

Les images scientifiques, qu'elles soient dures ou molles, disent quelque chose autant que le texte qui les accompagne ou qu'elles remplacent. Une image ne vaut pour mille mots comme dit le proverbe que si mille mots peuvent être énoncés pour dire la même chose. Or beaucoup d'images ne passent pas ce test minimal et en définitive ne disent pas tant quand elles disent quelque chose.

L'image peut parler, dire beaucoup même, être vue et revue comme un bon livre peut être lu et relu, à condition que (1) quelque chose soit dit, (2) soit exprimé, (3) soit compréhensible. Trois étapes nécessaires et cruciales qui trop souvent restent ignorées et les images qui en découlent ne disent rien, ne crient rien mais ne sont même pas des sifflements, ce ne sont que des remplissages. On sait que la nature à horreur du vide, est-ce seulement une raison pour la combler de vent?

Une image, pour dire quelque chose doit être construite, tout comme un texte, pour être philosophique, doit répondre à certaines contraintes. Ces contraintes ne sont pas des barrières ou des limites mais plutôt une ossature qui étaye le propos afin de le développer et de le faire tenir et perdurer, à l'instar d'un bâti qui doit avoir une structure porteuse stable et fiable.

Comme on ne s'improvise pas architecte, on ne fait pas des images à l'improviste.

vendredi 2 octobre 2009

Qu'est-ce qu'un documentaire?

La question pourrait une question de mots, mais ce n'est pas de terminologie dont je voudrais parler ici, mais plutôt de l'objet même qu'est, que peut-être ou que devrait être le documentaire.

L'une des difficultés majeures liée à cette question est celle de l'utilité, de l'utilisation ou de l'usage du documentaire. L'actualité nous montre l'importance de cette difficulté. Il est simple de réagir à chaud à un événement, de laisser l'émotion prendre le dessus et rendre compte de l'événement par cette émotion. C'est ce que font les médias dans leur majorité. Le problème qui survient alors est double: d'une part il concerne la compréhension de l'événement, en regardant les réactions qu'il a suscitées, en ne retenant qu'elles l'événement lui-même tend à disparaître et à être occulté, l'autre est la cohérence et la consistance de ces réactions. Dans le temps ces réactions peuvent se modifier, différer jusqu'à brouiller tout à fait le compte-rendu et l'événement lui-même ou bien, ce qui est une variante, deux événements du même type peuvent faire l'objet de réactions très différentes de la part des mêmes personnes ce qui rend très confus la lecture de ces événements et finalement de ces réactions.

L'actualité nous fournie l'exemple du viol: deux viols commis par des personnes différentes dans des conditions qui peuvent être comparées, mais l'un suscite l'indignation, l'autre la clémence ou le pardon.

Le documentaire en tant que genre qu'il soit textuel, photographique, radiophonique, cinématographique ou autre ne doit pas tomber dans ces travers parce que sa fonction est autre. Le documentaire doit rendre compte de l'événement. Rendre compte est à comprendre au sens fort du terme, rendre des raisons, rendre justice. Cela implique de comprendre l'événement, sa structure, son espace, son développement, où il commence et où il fini, quelles sont ses causes et ses conséquences, etc. Cela impose un travail minutieux de recherche et d'analyse au préalable dont il est fait la synthèse dans une exposition.

Toute recherche, toute analyse, toute compréhension est une perspective sur un événement ou un objet. Dire cela c'est dire qu'une perspective n'est jamais neutre et en ce sens ne correspond jamais à l'objectivité telle qu'elle est comprise par le sens commun. L'erreur, j'ai déjà eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises, serait de considérer que de pas prendre de perspective permet d'atteindre cette objectivité quitte à laisser tourner la caméra sans opérateur ou prendre des images au hasard. Cela ne conduit pas à l'objectivité mais à des images vides ou des textes sans sens.

L'objectivité du documentaire est la même que celle de n'importe quelle recherche scientifique et en particulier en sciences humaines. L'objectivité vient s'il est rendu pleinement justice à l'objet de la recherche, s'il est exposé dans son ensemble ou dû moins dans l'ensemble de ses caractères essentiels, que la perspective de la recherche est clairement définie et affichée, transparente, qu'elle est discutée et argumentée, cohérente et consistante. On ne demande pas une réponse définitive, on demande un élément consistant de réponse.

Le test le plus simple dans cet exercice est celui du temps. Si un documentaire (comme tout document) résiste au temps alors il a de bonnes chances d'être de valeur. Résister au temps signifie par exemple pouvoir être regardé plusieurs fois à différents intervalles et toujours capter l'attention du spectateur ou, ce qui est mieux, pouvoir faire l'objet à différents moments, d'analyses et d'interprétations différentes sur ses mêmes bases. Si le document résiste à cela, alors il présente quelque chose et c'est ce qu'on lui demande.

Évidemment tout cela peut intervenir à plusieurs niveaux. Un document peut-être intéressant par son contenu, ce qu'il dit, ce qu'il expose, c'est le cas par exemple de beaucoup d'ouvrages anciens qu'on lit et étudie toujours à l'heure actuelle, mais il peut être intéressant également d'un point de vue technique pour ses trouvailles ou ses utilisations d'outils et de moyens, ou encore en tant de document relatif à une époque, en tant que témoignage de son temps, etc.

Mais on le voit, pour aboutir à cela il faut se prémunir de la réaction immédiate, de la précipitation et de la facilité. Préparer un documentaire exige de la réflexion, celle-ci peut aller assez vite avec un bon entraînement et une bonne pratique, mais exige toujours de considérer l'objet de la recherche pour lui-même et en lui-même, de développer une stratégie, une perspective pour le comprendre et l'exposer pour quelqu'un.

Un véritable travail en soi, bien plus difficile qu'il n'y parait sans pourtant être impossible.