mardi 13 octobre 2009

La fin des privilèges.

L'affaire de népotisme qui défraye la chronique ces derniers jours (par exemple) répond à un autre débat d'une manière heureuse.

Qu'une personne puisse être nommée (quelle que soit la manière) à un poste à forte responsabilité (même honorifique) si jeune et avec si peu de bagage, de diplôme et d'expérience est une très bonne nouvelle. Ce que les défenseurs de l'intéressé ne manquent pas de souligner. Ils s'indignent que l'âge puisse être un obstacle et soutiennent que les compétences s'acquièrent sur le terrain.

Nous ne voulions pas en entendre plus et ces remarques seront certainement beaucoup plus efficaces qu'un plan spécifique dédié à l'emploi des jeunes.

En effet, l'argument de l'âge est trop souvent avancé pour repousser une candidature. La jeunesse est, on le sait, synonyme d'instabilité, de naïveté voire de violence. Mieux vaut donc ne pas trop les recruter, les jeunes. Mais voilà qu'en un geste tous ces préjugés sont balayés, être jeune devient respectable, devient l'ambition, devient, la fraîcheur, devient l'assurance, devient la confiance en un avenir prometteur et serein. Embauchez donc des jeunes!

Les diplômes ne valent plus rien, cela est définitivement scellé. Ce que les réformes de l'école, du lycée et de l'université ne disaient qu'à mi-mot et que les résultats staliniens du bac tendaient à montrer est maintenant officiellement promulgué. À quoi bon perdre du temps sur les bancs de l'école puisque ce qui compte ce n'est même plus l'expérience, même plus les compétences, mais le fait d'apprendre sur le terrain, “bien entouré" s'empresse-t-on d'ajouter. D'autant, et l'actualité le démontrer également, que la validation des acquis de l'expérience (VAE) permettra au besoin de brocarder le papier filigrané au mur: pour devenir avocat plus besoin de passer par l'université, il suffit de devenir vieux, et avec le temps...

L'expérience? Voilà un mot qui change de sens. Les caquets des DRH et autres recruteurs vont devoir trouver un autre motif que le manque d'expérience puisque seul le terrain à venir est nécessaire.

Quant aux compétences, le regard acéré d'un partisan suffit à les tailler dans la meilleure étoffe sans même avoir recours à une lettre de recommandation.

Le profil du candidat parfait s'en trouve entièrement re-dessiné et tout comme un coup de crayon guérit des millions de gens en rayant un nom sur la liste des maladies, un geste aussi simple qu'un fait du prince suffit à lever le handicape de millions de chômeurs.

Voilà l'une des réformes sans doute les plus importantes de ce quinquennat. Le changement était promis, le voilà qui arrive!

Aucun commentaire: