vendredi 29 août 2008

Paradoxe de l'image filmée: la difficile simplicité.

Le statut de l'image est particulier dans notre société. Elle a valeur de témoignage et sa “vérité" est plus “directe" et “authentique" que tout autre. Ainsi un documentaire audiovisuel est souvent jugé plus fiable qu'un article de journal ou qu'un reportage radiophonique. D'un autre côté les gens ne sont pas dupes non plus et “savent", tout du moins fantasment, que l'image peut être truquée et trafiquées, mais plus que l'image elle-même c'est ceux qui la font qui seront alors mis en cause.

Certes l'image peut tromper comme elle peut dire la vérité. En fait l'image, comme n'importe quel autre support en dit rien d'autre que ce qu'elle véhicule. La vérité n'étant que la valeur d'une proposition, que celle-ci soit orale, textuelle ou visuelle cela ne change rien.

Sachant cela l'image animée n'est pas différente de n'importe quel autre moyen de relater des faits. Je dis des faits comme entités minimales de réalité, que celle-ci soit fictionnelle ou non.

Le paradoxe qui se pose alors est celui de l'utilisation de l'image dans le cadre des sciences humaines, sociales et cognitives. D'une certaine manière l'image rend directement accessible des événements, des faits, qui jusque là ne passaient que par le texte et le dire. La temporalité est différente, mais surtout la distance temporelle entre le fait et sa relation.
L'image filmée transporte en quelque sorte le fait avec elle-même alors que le texte ou de discours s'en éloigne toujours plus ne conservant que l'image cognitive: l'interprétation et la mémoire. En ce sens l'image serait un meilleur vecteur de vérité que le texte ou la parole. Filmer un événement permet de revenir “directement" sur lui alors qu'il est parfois difficile de retracer ce que fut “vraiment" cet événement en croisant des sources textuelles ou langagières.

Mais d'un autre côté les images “brutes" ne sont pas différentes des notes que prend l'anthropologue ou le philosophe lorsqu'il mène sont enquête. Ces notes ce sont des faits, des informations, des descriptions, des sensations, des références qui forment un amas accumulé que le chercheur doit ensuite organiser et structurer. Cette organisation et cette structuration n'est pas simplement un arrangement mais c'est surtout un tri, un recoupement, une synthèse. Il ne s'agit pas de tailler dans le gras et de passer la moitié de ces notes par dessus bord, mais de dessiner entre elles des relations qui permet de le regrouper en principes plus abstraits qui organisés composeront une théorie: théorie qui explique et rend compte de la situation, c'est la clé qui permet d'y voir plus clair et d'y comprendre quelque chose. Ce travail de synthèse et d'abstraction est aussi, sinon plus, difficile que le travail d'observation et de glanage d'information. Chez le chercheur ce travail est son travail, il vise directement et volontairement à la théorie. Mais ce travail de maturation peut se faire de manière plus indirecte et détournée par croisement de sources, passage de témoin et division collective du travail de mémoire en passant d'un conteur à un autre, d'une génération à une autre, d'un orateur à un autre. C'est pour cela que les contes, légendes, articles de journaux sont si importants, c'est que leurs structures même de production agissent comme autant d'alambics qui distillent l'humeur et la vapeur des faits tels qu'ils sont compris et qui en définitive donnent un concentré de la géographie conceptuelle et mentale de ceux qui les pensent. Ce processus est équivalent à celui de la théorie, à ceci près qu'il peut resté implicite dans une communauté, ce que le chercheur cherche à révéler.

L'image en elle-même n'est qu'un fait parmi d'autre. Le risque est de les accumuler ad nauseam jusqu'à les rendre tout à fait indigestes et incompréhensibles.

Le mal inverse serait de conclure à l'inaptitude de l'autonomie de l'image et de systématiquement la monter de manière narrative ou bien de lui adjoindre une voix off, une explication, un commentaire ou une illustration.

Si l'image filmique est comparable à une note alors son mode de réalisation doit être similaire à celui de la prise de note. Prendre une note est quelque chose de plus difficile qu'il n'y paraît au prime abord, cela demande de l'expertise et du savoir faire: savoir quoi prendre en note. L'anthropologue ou le philosophe est un être humain comme tout autre est pareillement est soumis à un flot constant et continu de faits, cependant il n'en note que certains: ceux qui sont pertinents pour son enquête et sa recherche. Un tri et une sélection s'opèrent donc déjà dans le choix du fait. Ensuite la note est synthétique, elle ne rend que certains traits caractéristiques du fait, ceux pertinents eux-aussi pour l'enquête. Ensuite ces notes elles-mêmes seront retravaillées et ainsi de suite.

L'image est donc similaire. Elle doit être pensée dans une optique particulière avant que d'être faite. Il serait tout aussi faut de dire que l'image est objective que de dire qu'elle est vraie. Cela ne signifie pas pour autant qu'elle soit subjective ou fausse, ces valeurs, je le répète, n'étant que des propriétés de proposition. Une image peut-être vraie ou fausse comme objective ou subjective, ce qui importe est ce qu'elle montre de la manière dont elle le montre.

Le cinéma vérité ou objectif n'existe pas en soi. Cela ne veut pas dire qu'il ne peut pas se faire ni se construire.

Le paradoxe que doit surmonter ce type d'image animé est qu'à la fois elle doit rester un fait tout en même temps qu'être un regard, un parti pris, une interprétation de celui-ci. Cela revient à vouloir prendre la note parfaite sur le terrain, celle qui ne sera pas modifiée par le processus de théorisation. C'est à la fois l'immédiat et l'absolu, le concret et l'abstrait. Ce n'est pas impossible c'est ce qu'on appel des idées ou des concepts, mais c'est très très très difficile à faire. Less is more, mais c'est évidemment là toute la difficulté.

Celui qui voudrait pendre des images au lieu de penser en se disant que ce sera plus sûr et plus facile se trompe lourdement.

mardi 26 août 2008

Le temps et la question de la propriété réelle des biens fondamentaux

La littérature sur le temps abonde et toutes les argumentations ont sinon été bien épuisées au moins été abordées quant à la défense d'une temporalité cyclique, elliptique ou linéaire.

Lorsqu'on aborde la question du temps vécu il est impossible de ne pas considérer la représentation de l'existence par l'agent dans la temporalité. Pour le dire d'une manière un peu brutale, l'agent cognitif se moque passablement de ce qui ne l'affecte pas d'une manière ou d'une autre. Le temps sera donc considéré avant tout comme une dimension dans laquelle des possibles accessibles à l'agent peuvent advenir qu'ils soient déjà advenus, qu'ils auraient pu advenir, qu'ils adviennent ou pourraient advenir. Cette accessibilité de possibles est ce que les existentialistes appelaient le pro-jet, ou pour le dire plus simplement le projet, c'est la question que l'on pose à l'enfant ou au chômeur “alors, que vas-tu faire de ta vie?".

On pourrait penser que le projet s'inscrit dans la temporalité. C'est parce qu'il y a un futur qu'on peut demander ce que l'on fera dans quelques années, sans se départir tout à fait d'une notion linéaire de projet, mélange hérité de la chrétienté et des Lumières.

Le projet est en fait indépendant de la temporalité, du moins il peut s'en dissocier. S'il est vrai qu'il est possible de rendre compte de notre vie mentale en terme de continuité linéaire tendant vers un progrès, il est également possible de rendre compte d'un mode de vie dans lequel le projet ne serait pas une projection dans l'avenir et tendant vers un but, mais comme le déroulement de repaires. Cette forme de temporalité est cyclique mais non pas au sens d'un éternel retour mais plutôt de celui du cycle des saisons. Les saisons reviennent périodiquement sans jamais être vraiment les mêmes. Ce sont des repaires comme les repas, les nuits ou les périodes de sommeil peuvent être des repaires.

Le drame d'une partie de la société est qu'elle se cale sur cette forme de temps alors que la majorité fonctionne sur un point de vue linéaire progressiste. Cette frange de la population est dé-socialisée car ne joue pas le jeu, par exemple elle ne cherche pas à gagner de l'argent, à s'établir, à obtenir une meilleure position sociale ou à préserver ses acquis. Non, elle vie dans une sorte de présent mais qui lui-même est distendu. Ce n'est pas un présent au sens d'un ‘moment' ou d'un ‘instant' comme le préconise le carpe diem, mais c'est un flottement durant lequel se réalise un laps entre deux repaires: entre manger et dormir par exemple; un entre-deux. Le temps est dilaté en fonction de ce qui l'occupe et du monde d'activité, il peut être extrêmement distendu comme nous le rapporte les relations de voyage dans les régions polaires par exemple. Je me souviens d'un passage de Nansen lorsqu'il est coincé avec un coéquipier sur l'archipel François Joseph et qu'il raconte que ce qu'il prenait pour des journée s'étalait en fait sur des plusieurs dizaines d'heures et qu'en définitive une journée pour eux finissait par durer 72 heures, les repaires telle que l'alternance jour/nuit n'étant pas présente dans ces régions.

Le même phénomène peut advenir sous nos latitudes et se traduisent par des cycles perturbés du sommeil, des insomnies, des cycles déréglés d'alimentation, des difficultés de concentration, des comportements violants ou au contraire trop calmes, bref autant d'attitudes qui ne conviennent pas trop à une vie en société.

Mais si ces modes de vies sont condamnables ce ne peut être que sur une base de santé de l'individu. L'expérience involontaire de Nansen, qui a plusieurs fois été depuis refaite en particulier dans des grottes, montre qu'il est tout à fait possible de vivre normalement sur d'autres repaires et même faudrait-il peut-être dire, sur des repaires propres à l'agent cognitif, entres autres, les fameux cycles biologiques. En ce sens ce n'est pas condamnable rationnellement.

Il est fort probable que la majorité des personnes dé-socialisées soient en fait parfaitement “normale" au sens psychologique et médical du terme, bien qu'elles ne s'accordent pas avec le rythme de vie “imposé" par la société. Certains choisissent volontairement un mode de vie décalé alors que d'autres en sont victimes, réduites à s'écarter de la norme car incapables de s'y plier.

Mais si une telle perception et conception du temps ne collent pas à une société branchée sur la linéarité vers un mieux, cela ne signifie pas pour autant qu'elle soit négative. Si l'existence n'est plus pendue à un bâton et une carotte elle peut s'avérer plus créatrice, contemplative ou simplement moins stressante, mais ceci, évidemment, si elle n'est ni jugée ni comparée à une norme sociale. Or c'est le propre de la vie en société que d'ériger des normes et des diapasons.

La question qui se pose alors est celle de la possibilité réelle qu'une vie en société pour tous les êtres humains. Si de manière prescriptive il est concevable que tout être humain vit ou doit vivre en société, de manière descriptive on voit que cela n'est pas si simple. Les raisons peuvent être multiples: peut-être que tout être humain prend pas à une société uniquement si celle-ci est parfaite, ou bien peut-être qu'essentiellement certains ne peuvent pas vivre en société, ou bien encore, peut-être que tout être humain doit et peut vivre en société mais que celle-dit doit laisser une place à certains qui n'y prennent pas part directement. Forme d'associable sociablité rousseauiste.

L'inconvénient dans notre société française actuelle est que la prédominance de la linéarité progressiste alliée à une notion de responsabilité individuelle mêlée de destin et d'autonomie conduit à considéré chacun comme responsable de sa situation et qu'il ne mérite que ce qu'il a. Ainsi un sans domicile fixe sera tombé dans la panade par dépression nerveuse, aléas économique ou décision personnelle mais quoi qu'il arrive a toujours la possibilité de s'en sortir. Si en un sens c'est vrai ce n'est pas pour autant facile.

Une situation d'échec sans perspective peut conduire ou bien à une dépression carabinée pouvant aller jusqu'au suicide, ou bien à un structuration différente du mode de vie sur des repaires accessibles, le monde des possibles ayant changé avec la situation. Imaginons quelqu'un qui pour une raison ou une autre se trouve en difficulté sociale, c'est-à-dire qu'il ne peut plus suivre la course effrénée vers le progrès et le mieux dans les limites des heures et des journées imparties et qui pour une raison ou une autre au lieu de sombrer dans des idées noires restreint le champ de ses possibles accessibles à une liste modeste et réaliste. Sa vie va devenir morne au yeux de certains mais réglée et sûre en réalité, tout comme l'étaient les journées de Nansen sur son archipel. Manger, dormir, marcher. Rien de palpitant, des habitudes, des répétitions de la même chose, des repaires stables et immuables. Un tel être humain pourrait vivre des années sans même s'en apercevoir et vivre très bien d'un point de vue mental et médical, sans jamais sombrer dans la folie et même en pouvant développer une imagination débordante. Remettre un tel être humain dans le “droit chemin" de la “société moderne" serait particulièrement difficile voire tout à fait impossible, mais il n'en reste pas moins qu'une telle personne pourrait-être heureuse et épanouie au sens de l'individu au moins. Et pourtant une telle personne viendrait certainement à dépérir assez rapidement et à frôler la folie par un état sanitaire délicat: la crasse, la malnutrition et les maladies en aurait vite raison.

Or ces raisons sont contingentes et il faudrait remettre les choses dans leurs contextes pour être honnête. Avez-vous déjà essayé de vous laver dans une grande ville comme Paris lorsque vous n'avez pas de logement ni trop d'argent à dépenser? C'est possible mais difficile. Pareil pour manger. Pareil pour dormir au sec. Ces conditions de vie ne sont pas des conditions “normales" parce la société telle qu'elle est organisée les accapare pour les intégrer à son propre mode de fonctionnement. À l'État de Nature, si jamais, un tel individu pourrait vivre d'eau fraîche et de verdure. Or ce sont des denrées disparues de nos villes et même peut-être de nos campagne.

La société pourrait fonctionner en laissant des espaces disponibles pour des actions simples et vitales sans nécessairement devoir “assister" ceux qui les fréquentes. Des fontaines par exemple, des bains publiques et peut-être même des cantines. Sacrilège me criera-t-on, ça ne ferait que ruine l'économie et voler les justes propriétaires de ces richesses au profit de parasites. Certes, c'est là que le bât blesse. Le bât blesse parce que l'eau est devenue une propriété de certain, que l'espace est devenu une propriété de certains, que la nourriture, l'abris et même le temps sont devenus la propriété de certains.

La question qu'il faut se demander alors, en ce début de XXIe siècle et avec les bonnes intentions morales, écologiques, humanistes et humanitaires que notre société veut bien se donner, est celle de la propriété réelle de certains biens. L'eau doit-elle appartenir à Véolia ou bien à l'humanité? Et ce pour chacun des biens premiers. Si on accorde à certain la possession de ces biens, alors il est juste de reconnaître qu'ils peuvent en être dessaisis et destitués par d'autres. C'est ce qu'on appelle une guerre comme celles qui nous attendent au sujet de l'eau. Si au contraire on considère que ce sont là des biens qui appartiennent à l'humanité en propre et donc à personne en particulier alors chacun y a droit dans la mesure de ses besoins (ce qui ne signifie donc pas de manière équivalente mais bien égalitaire), et si ces biens coûtent alors chacun doit y participer à la mesure de ses possibilités (qui ne correspondent pas nécessairement à ses besoins). Ainsi chacun, même un SDF a le droit (au sens de devrait avoir le droit) de se laver dans des bains publics, d'être soigné dans des dispensaires, etc. Nous verrions alors que d'autres modes de vie seraient non seulement possibles mais auraient leur pleine place et part dans la société car ce sont en définitive comme cela que vivent les artistes, les penseurs et les inventeurs, lorsque par chance ils peuvent subvenir à l'existence avant que de vivre.

La moralité de cette histoire? C'est que peut-être l'homme qui au coin de la rue demande une pièce pour manger vit mieux que celui qui la lui donne, “vit mieux" au sens où il sait pourquoi il vit et ce qu'il vit (le fameux bonheur espéré de nos société). -Finalement peu sont ceux qui ont vraiment un projet de vie, beaucoup moins nombreux en tous les cas que ceux qui pensent en avoir en fuyant continuellement ce qu'ils auraient espéré avoir...

Une meilleure société reste encore possible, c'est toujours bon d'avoir de l'espoir.

dimanche 24 août 2008

La question écologique: réalité des comportements et quotas de bonne conscience

L'écologie est l'une des préoccupation centrale et majeure de ce début de siècle. La prise de conscience qui était dénigrée dans les années 70 pour devenir une noble cause de chevalier isolé avec Cousteau, est maintenant devenue une politique de gouvernement. Alors qu'il s'agissait il y a 30 ans d'une position philosophique de laisser une planète aussi bleue à l'humanité de demain puis avec le commandant de laisser une planète à peu près bleuté à nos petits enfants, il s'agit maintenant de nos enfants ou bien de notre propre retraite. L'échéance se rapproche rattrapée par des conclusions alarmistes de fins des temps ou de catastrophes millénaristes et de rapports du GIEC.

Dans ce contexte où nul ne peut se détourner de cette question sans être taxé de cynique ou pire de criminel contre l'humanité, les comportements ne coïncident pas toujours avec les principes et les idées. La télévision diffuse au moins plusieurs fois par semaine des reportages qui nous démontrent combien l'agriculture est mauvaise lorsqu'elle utilisent des pesticides et des OGM et combien il est plus moral de changer sa manière de consommer en sauvant les petits producteurs contre les méchantes multinationales. Tout cela est louable, mais l'affaire est légèrement plus compliquée que cela.

J'en reviens à l'exemple de l'éco-taxe mise en place par le gouvernement. Taxer les produits les plus polluants est une bonne chose, quoi que. Je dis quoi que parce que ou bien ces produits sont nocifs pour l'environnement en ce cas il ne faut pas se contenter de les taxer mais il faut aller plus loin et les éliminer. Sincèrement à quoi sert-il d'avoir un 4x4 ou une voiture de plus de 3ch en ville? Je veux bien que dans certaines circonstances il soit nécessaire ou simplement utile d'avoir une grosse voiture, mais ces cas restent exceptionnels et devraient le rester. Donc ou bien on les taxe vraiment au point de dissuader radicalement le péquin d'en acheter ou bien on ne fait rien. Une mesurette n'est là que pour se donner bonne conscience sans trop se poser la question de ce qu'il adviendrait vraiment de l'industrie automobile si les mesures étaient plus réalistes et pertinentes.

Mais ce n'est pas là que le bât blesse. Le pire est de subventionner les produits qui (soit disant) sont plus "verts". Vous achetez une voiture qui pollue un peu moins qu'une autre alors vous avez doit à une prime. Soit. C'est un peu comme si vous donniez un bonbon à votre enfant à chaque fois qu'il dit bonjour à son institutrice. C'est bien de l'encourager, mais n'est-ce pas là le comportement normal qu'il devrait avoir sans devoir être récompenser pour cela? Si on lui frappe sur les mains à chaque fois qu'il lui donne un coup dans les jarrets au lieu de la saluer et lui donne un bonbon à chaque fois qu'il dit bonjour cela signifie que le comportement "normal" est celui consistant à rester indifférent et à ignorer l'institutrice? Excusez mais je crois que ce n'est pas une bonne chose. Le comportement normal devrait être celui de saluer poliment, pour une voiture de ne pas polluer ou de polluer le moins possible, pour une agriculture de détruire le moins possible l'environnement et ainsi de suite.

La prime fonctionne ici comme une emprunte négative sur les comportements, elle incite à penser "tiens, je ne ferais pas ça mais comme j'y gagne à le faire autant le faire", donc l'action n'est pas faite pour elle-même mais par incitation déguisée. Enlevez la prime et vous verrez quelle est la conscience réelle du consommateur en matière d'écologie.

Changer l'apparence ne suffit à changer l'essence, or la conscience écologique n'est louable (et même pas puisqu'elle devrait-être naturelle étant le meilleur comportement rationnel) que si elle est sincère et désintéressée (au sens où elle n'est effectuée qu'en suivant l'ordre des raisons et non pas par cupidité).

L'écologie est notre mythologie contemporaine. Notre raison de vivre. Nous travaillons pour sauvez la planète, du moins nous aimerions bien mais nos préoccupations personnelles et quotidiennes nous ne nous le permettant pas, nous espérons chaque matin que le gouvernement s'en charge, qu'une équipe d'éminents scientifiques s'en occupent, qu'un génie trouvera enfin l'équation magique "maximum d'énergie = 0 déchet", et se faisant nous continuons à utiliser notre vieille voiture, à jeter des emballages inutiles, allumer toutes les lampes et manger des tomates rouges aux hormones, parce que nous pouvons pas nous permettre mieux. Il y a donc le mythe général d'un côté et l'action personnelle de l'autre et, pour le moment, une inadéquation entre les deux. Nous voulons faire quelque chose pour participer à cette belle aventure et cependant nous le faisons pas parce que la réalité est différente. Or il n'y a d'autre réalité que celle des actions individuelles, et même si l'action générale n'en dépendant pas directement, elle y est conditionnée en fin de compte car il n'y a pas d'abstraction sans un monde concret ne serait-ce que pour la penser.

La raison impose donc de modifier les comportements réels et concrets plutôt que les idées creuses et générales. C'est plus simple mais plus brutal également. Les révolvers tuent? Cessons de construire des revolvers et interdisons-les. Les grosses cylindrées polluent, arrêtons d'en faire et de les utiliser... la première source de pollution en France vient de la mauvaise isolation des logements? isolons-les ou reconstruisons les. C'est simple, mais vous voyez la dose de courage qu'il faut pour agir...

Ma foi tant que la Terre le permet nous pouvons continuer sur la voie de la facilité en nous voilant à face ou “achetant" des quotas de CO2 et des droits à polluer qui ne sont que des passe droit que prenaient ceux qui le pouvaient pour louer un plus pauvre se faire tuer au front à leur place... mais par pitié ne poussez pas l'ignominie à dire que c'est là un comportement écologique et rationnel car il ne l'est pas.

jeudi 14 août 2008

Question d'euthanasie.

L'actualité nous confronte à un nouveau cas d'euthanasie. Un jeune homme atteint d'une maladie dégénérative rare et incurable à mis fin à ses jours prétextant le caractère insupportable de sa condition et, surtout, de pouvoir mettre fin à ses jours sans avoir la certitude de pouvoir le faire lorsque son état se sera aggravé.

Il y a dans cet acte une chose insupportable et insoutenable: celle de voir quelqu'un de lucide comprendre qu'il pourrait encore vivre mais qui sait également que bientôt il ne pourra plus maîtriser le court de son existence et la subir comme enfermé dans une voiture dont les portières seraient closes, les câbles de freins rompus dans une pente sans issue.

Tout comme les derniers cas récents, ce jeune homme avait fait une demande officielle de pouvoir mettre fin volontairement à ses souffrances dans un cadre légal. Cela montre également le niveau de réflexion et de lucidité de la part des personnes dans cette situation.

Monsieur le président a répondu par une fin de nom recevoir arguant des convictions philosophiques personnelles allant à l'encontre de la libre détermination de sa propre existence. Outre que ces conceptions “philosophiques" sont suffisamment étranges pour qu'on se demandent ce qu'elles sont de précisément philosophiques (elles semblent plus ressortir de la conviction religieuse que de l'argumentation rationnelle) bien que la question reste ouverte, beaucoup d'autres questions viennent troubler cette réponse. D'une part, excusez monsieur le président, mais vos convictions philosophiques nous intéresse beaucoup moins que celle de l'État et de la société française. Que vous soyez personnellement contre l'euthanasie est une conviction qui vous est propre est qui est respectable tant qu'elle reste dans le domaine de la sphère privée. Or la question de l'euthanasie et celle soulevée par ce jeune homme est publique et non pas privée.

Mais si cela est vrai que l'euthanasie vous choque, cela signifie que vous considérez qu'une forme de téléologie gouverne la destinée des Hommes et que seul ce dessein est en droit de choisir ou non le moment et les conditions de la mort. Vision très proche de celle avancée par le Vatican. Cela est défendable, mais il faut alors pousser le raisonnement dans ses retranchements et conclure que l'individu n'est ni libre de ses choix ni de sa destinée, que les choses adviennent car elles sont écrites et régies par un scénario pré-écrit. Comment ce déterminisme peut-il être défendu en même tant qu'un libéralisme débridé? Comment prôner l'autonomie et l'auto-détermination et soutenir en même temps une idée de finalité et de prédestination? Je serais curieux, monsieur le président, de connaître la subtilité de l'argumentation d'une telle position.

Si au contraire le libéralisme reconnaît la possibilité à chacun de faire ce qu'il souhaite dans la mesure de ses capacités, alors il faut reconnaître à l'individu la gestion totale de sa propre existence, et ceci inclue le suicide et au besoin assisté.

Quel serait le risque de permettre l'euthanasie dans un cadre légale et réglementé? Que tout le monde voudrait soudainement en finir avec la vie et demander à des médecins de les achevés? Vous savez vous-mêmes que cela est absurde, à moins que le suicide soit interdit ou que son interdiction fasse baisser le taux de mortalité volontaire. Vous savez mieux que moi que ce n'est pas le cas.

Remarquez également que les personnes ayant amené sur la place publique le débat et qui ont mis leurs actes à exécutions sont des personnes sensées et lucides qui justifient et argumentent leur acte de manière rationnelle et positive. Elles sont passées à l'acte alors qu'elles pouvaient encore le faire sachant, cela prouve une maturation extraordinaire de leur plan. C'est un hymne à la vie positive qu'elles chantent par leur attitude et non pas un massacre et un désarroi. Je suis persuadé que si une fée leur proposait entre la mort immédiate ou bien une réminiscence immédiate que leur choix serait rapide et catégorique.

Le plus étonnant dans ces tristes affaires et que l'opinion publique semble comprendre cela et respecter ces choix, mais que pour une raison toute aussi froide et calculatrice de peur de perdre des élections, le pouvoir et ses responsables semblent encore frileux pour accorder la France avec les français.

Monsieur le président, je ne vous demande ni de renoncer à vos convictions personnelle ni de signer un blanc passé à l'euthanasie, mais je demande un vrai débat, rationnel et construit de sorte que l'on puisse savoir si l'on accorde ou non la dignité aux individus ou bien si l'on considère qu'elle ne revient qu'à des cellules biologiques.

N'oubliez pas, monsieur le président, que vous vous êtes dit libéral pendant votre campagne, et qu'il faut rendre hommage à ceux qui souffrent mais qui dans leurs souffrances cherchent à rendre la vie un peu meilleure à ceux qui viendront à souffrir.