jeudi 14 août 2008

Question d'euthanasie.

L'actualité nous confronte à un nouveau cas d'euthanasie. Un jeune homme atteint d'une maladie dégénérative rare et incurable à mis fin à ses jours prétextant le caractère insupportable de sa condition et, surtout, de pouvoir mettre fin à ses jours sans avoir la certitude de pouvoir le faire lorsque son état se sera aggravé.

Il y a dans cet acte une chose insupportable et insoutenable: celle de voir quelqu'un de lucide comprendre qu'il pourrait encore vivre mais qui sait également que bientôt il ne pourra plus maîtriser le court de son existence et la subir comme enfermé dans une voiture dont les portières seraient closes, les câbles de freins rompus dans une pente sans issue.

Tout comme les derniers cas récents, ce jeune homme avait fait une demande officielle de pouvoir mettre fin volontairement à ses souffrances dans un cadre légal. Cela montre également le niveau de réflexion et de lucidité de la part des personnes dans cette situation.

Monsieur le président a répondu par une fin de nom recevoir arguant des convictions philosophiques personnelles allant à l'encontre de la libre détermination de sa propre existence. Outre que ces conceptions “philosophiques" sont suffisamment étranges pour qu'on se demandent ce qu'elles sont de précisément philosophiques (elles semblent plus ressortir de la conviction religieuse que de l'argumentation rationnelle) bien que la question reste ouverte, beaucoup d'autres questions viennent troubler cette réponse. D'une part, excusez monsieur le président, mais vos convictions philosophiques nous intéresse beaucoup moins que celle de l'État et de la société française. Que vous soyez personnellement contre l'euthanasie est une conviction qui vous est propre est qui est respectable tant qu'elle reste dans le domaine de la sphère privée. Or la question de l'euthanasie et celle soulevée par ce jeune homme est publique et non pas privée.

Mais si cela est vrai que l'euthanasie vous choque, cela signifie que vous considérez qu'une forme de téléologie gouverne la destinée des Hommes et que seul ce dessein est en droit de choisir ou non le moment et les conditions de la mort. Vision très proche de celle avancée par le Vatican. Cela est défendable, mais il faut alors pousser le raisonnement dans ses retranchements et conclure que l'individu n'est ni libre de ses choix ni de sa destinée, que les choses adviennent car elles sont écrites et régies par un scénario pré-écrit. Comment ce déterminisme peut-il être défendu en même tant qu'un libéralisme débridé? Comment prôner l'autonomie et l'auto-détermination et soutenir en même temps une idée de finalité et de prédestination? Je serais curieux, monsieur le président, de connaître la subtilité de l'argumentation d'une telle position.

Si au contraire le libéralisme reconnaît la possibilité à chacun de faire ce qu'il souhaite dans la mesure de ses capacités, alors il faut reconnaître à l'individu la gestion totale de sa propre existence, et ceci inclue le suicide et au besoin assisté.

Quel serait le risque de permettre l'euthanasie dans un cadre légale et réglementé? Que tout le monde voudrait soudainement en finir avec la vie et demander à des médecins de les achevés? Vous savez vous-mêmes que cela est absurde, à moins que le suicide soit interdit ou que son interdiction fasse baisser le taux de mortalité volontaire. Vous savez mieux que moi que ce n'est pas le cas.

Remarquez également que les personnes ayant amené sur la place publique le débat et qui ont mis leurs actes à exécutions sont des personnes sensées et lucides qui justifient et argumentent leur acte de manière rationnelle et positive. Elles sont passées à l'acte alors qu'elles pouvaient encore le faire sachant, cela prouve une maturation extraordinaire de leur plan. C'est un hymne à la vie positive qu'elles chantent par leur attitude et non pas un massacre et un désarroi. Je suis persuadé que si une fée leur proposait entre la mort immédiate ou bien une réminiscence immédiate que leur choix serait rapide et catégorique.

Le plus étonnant dans ces tristes affaires et que l'opinion publique semble comprendre cela et respecter ces choix, mais que pour une raison toute aussi froide et calculatrice de peur de perdre des élections, le pouvoir et ses responsables semblent encore frileux pour accorder la France avec les français.

Monsieur le président, je ne vous demande ni de renoncer à vos convictions personnelle ni de signer un blanc passé à l'euthanasie, mais je demande un vrai débat, rationnel et construit de sorte que l'on puisse savoir si l'on accorde ou non la dignité aux individus ou bien si l'on considère qu'elle ne revient qu'à des cellules biologiques.

N'oubliez pas, monsieur le président, que vous vous êtes dit libéral pendant votre campagne, et qu'il faut rendre hommage à ceux qui souffrent mais qui dans leurs souffrances cherchent à rendre la vie un peu meilleure à ceux qui viendront à souffrir.

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