dimanche 24 août 2008

La question écologique: réalité des comportements et quotas de bonne conscience

L'écologie est l'une des préoccupation centrale et majeure de ce début de siècle. La prise de conscience qui était dénigrée dans les années 70 pour devenir une noble cause de chevalier isolé avec Cousteau, est maintenant devenue une politique de gouvernement. Alors qu'il s'agissait il y a 30 ans d'une position philosophique de laisser une planète aussi bleue à l'humanité de demain puis avec le commandant de laisser une planète à peu près bleuté à nos petits enfants, il s'agit maintenant de nos enfants ou bien de notre propre retraite. L'échéance se rapproche rattrapée par des conclusions alarmistes de fins des temps ou de catastrophes millénaristes et de rapports du GIEC.

Dans ce contexte où nul ne peut se détourner de cette question sans être taxé de cynique ou pire de criminel contre l'humanité, les comportements ne coïncident pas toujours avec les principes et les idées. La télévision diffuse au moins plusieurs fois par semaine des reportages qui nous démontrent combien l'agriculture est mauvaise lorsqu'elle utilisent des pesticides et des OGM et combien il est plus moral de changer sa manière de consommer en sauvant les petits producteurs contre les méchantes multinationales. Tout cela est louable, mais l'affaire est légèrement plus compliquée que cela.

J'en reviens à l'exemple de l'éco-taxe mise en place par le gouvernement. Taxer les produits les plus polluants est une bonne chose, quoi que. Je dis quoi que parce que ou bien ces produits sont nocifs pour l'environnement en ce cas il ne faut pas se contenter de les taxer mais il faut aller plus loin et les éliminer. Sincèrement à quoi sert-il d'avoir un 4x4 ou une voiture de plus de 3ch en ville? Je veux bien que dans certaines circonstances il soit nécessaire ou simplement utile d'avoir une grosse voiture, mais ces cas restent exceptionnels et devraient le rester. Donc ou bien on les taxe vraiment au point de dissuader radicalement le péquin d'en acheter ou bien on ne fait rien. Une mesurette n'est là que pour se donner bonne conscience sans trop se poser la question de ce qu'il adviendrait vraiment de l'industrie automobile si les mesures étaient plus réalistes et pertinentes.

Mais ce n'est pas là que le bât blesse. Le pire est de subventionner les produits qui (soit disant) sont plus "verts". Vous achetez une voiture qui pollue un peu moins qu'une autre alors vous avez doit à une prime. Soit. C'est un peu comme si vous donniez un bonbon à votre enfant à chaque fois qu'il dit bonjour à son institutrice. C'est bien de l'encourager, mais n'est-ce pas là le comportement normal qu'il devrait avoir sans devoir être récompenser pour cela? Si on lui frappe sur les mains à chaque fois qu'il lui donne un coup dans les jarrets au lieu de la saluer et lui donne un bonbon à chaque fois qu'il dit bonjour cela signifie que le comportement "normal" est celui consistant à rester indifférent et à ignorer l'institutrice? Excusez mais je crois que ce n'est pas une bonne chose. Le comportement normal devrait être celui de saluer poliment, pour une voiture de ne pas polluer ou de polluer le moins possible, pour une agriculture de détruire le moins possible l'environnement et ainsi de suite.

La prime fonctionne ici comme une emprunte négative sur les comportements, elle incite à penser "tiens, je ne ferais pas ça mais comme j'y gagne à le faire autant le faire", donc l'action n'est pas faite pour elle-même mais par incitation déguisée. Enlevez la prime et vous verrez quelle est la conscience réelle du consommateur en matière d'écologie.

Changer l'apparence ne suffit à changer l'essence, or la conscience écologique n'est louable (et même pas puisqu'elle devrait-être naturelle étant le meilleur comportement rationnel) que si elle est sincère et désintéressée (au sens où elle n'est effectuée qu'en suivant l'ordre des raisons et non pas par cupidité).

L'écologie est notre mythologie contemporaine. Notre raison de vivre. Nous travaillons pour sauvez la planète, du moins nous aimerions bien mais nos préoccupations personnelles et quotidiennes nous ne nous le permettant pas, nous espérons chaque matin que le gouvernement s'en charge, qu'une équipe d'éminents scientifiques s'en occupent, qu'un génie trouvera enfin l'équation magique "maximum d'énergie = 0 déchet", et se faisant nous continuons à utiliser notre vieille voiture, à jeter des emballages inutiles, allumer toutes les lampes et manger des tomates rouges aux hormones, parce que nous pouvons pas nous permettre mieux. Il y a donc le mythe général d'un côté et l'action personnelle de l'autre et, pour le moment, une inadéquation entre les deux. Nous voulons faire quelque chose pour participer à cette belle aventure et cependant nous le faisons pas parce que la réalité est différente. Or il n'y a d'autre réalité que celle des actions individuelles, et même si l'action générale n'en dépendant pas directement, elle y est conditionnée en fin de compte car il n'y a pas d'abstraction sans un monde concret ne serait-ce que pour la penser.

La raison impose donc de modifier les comportements réels et concrets plutôt que les idées creuses et générales. C'est plus simple mais plus brutal également. Les révolvers tuent? Cessons de construire des revolvers et interdisons-les. Les grosses cylindrées polluent, arrêtons d'en faire et de les utiliser... la première source de pollution en France vient de la mauvaise isolation des logements? isolons-les ou reconstruisons les. C'est simple, mais vous voyez la dose de courage qu'il faut pour agir...

Ma foi tant que la Terre le permet nous pouvons continuer sur la voie de la facilité en nous voilant à face ou “achetant" des quotas de CO2 et des droits à polluer qui ne sont que des passe droit que prenaient ceux qui le pouvaient pour louer un plus pauvre se faire tuer au front à leur place... mais par pitié ne poussez pas l'ignominie à dire que c'est là un comportement écologique et rationnel car il ne l'est pas.

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