vendredi 20 février 2009

Une problème de communication

La crise économique frappe le pays et ça, tout le monde l'aura remarqué. Et quand certains économistes ou responsables politiques affirment que la crise est certes grave mais touche moins notre pays que d'autres, sans doute que sur la base de certains chiffres ils n'ont pas tort. Il est vrai que si la vie est chère elle reste possible et accessible et que si les loyers deviennent insupportables l'heure n'est pas encore à l'expulsion de logements impayés.

Mais cantonner la crise au simple niveau économique et financier serait commettre une erreur de jugement. La crise est sociale et, comme on l'entend parfois, morale. Mais le dire ne suffit pas.

Revenons un instant sur la question des universités et de leur réforme. Sans nécessairement faire le lien avec un précédent billet, l'université à grandement besoin d'être rénovée et les universitaires et les étudiants sont certainement les premiers convaincus. Il faut d'ailleurs se rappeler des propositions profondes de réformes qui avaient été proposées par les chercheurs eux-mêmes lors des dernières grandes manifestations. Les universitaires et le gouvernement sont donc d'accord sur ce point. Or cela ne marche pas, pourquoi?

La réforme proposée par le gouvernement n'est certes pas parfaite mais globalement les universitaires la rejettent alors même qu'ils pourraient l'amender et l'améliorer. Mais ils ne le font pas, vont à l'affrontement et cela permet encore une fois de crier sur leur dos en les taxant de conservateurs et de corporatistes.

L'erreur serait d'en rester là dans l'analyse, et c'est l'erreur qui est commise. Les millions et les milliards ne font rien et cette histoire, toute cette histoire, n'est pas une question d'argent. Qui prétend que le “pouvoir d'achat" de règle et se réglera uniquement en augmentant les salaires? Il y a aussi la solution de baisser les prix ou bien de donner “autre chose". Comparez simplement le goût du pain à prix égale, si la boulangère vous le donne avec le sourire ou pas. Comparez à salaire égale l'humeur de la caissière à qui vous dites bonjour et de celle à qui vous ne lui dites pas. Comparez le travail de la secrétaire avec qui vous êtes courtois et celle avec qui vous ne l'êtes pas. Ces différences sont énormes et colossales et pourtant si elles peuvent faire perdre beaucoup, rapportent peu et ne coûtent rien.

Le problème actuel est celui-ci. Le gouvernement parle de « mal être » ou de “malaise existentiel" lorsqu'il parle des événements qui se passent dans le DOM. Certes mais là aussi les mots peuvent dire tout et son contraire.

Le malaise est réel, palpable et maintenant visible dans la rue, c'est un malaise de reconnaissance, d'estime et tout simplement d'humanité. Les gens du commun ne sont pas aussi idiots qu'on ne voudrait le croire, ils savent pertinemment qu'il y a la crise et beaucoup acceptent de ne pas être augmenté ou même de sacrifier une part de leur salaire pour que leur entreprise passe ce cap. Ils continuent à consommer malgré les incertitudes parce qu'ils savent aussi que l'économie c'est eux, leurs actes et leurs actions. Ils travaillent dur et avec ardeur car ils savent qu'il faut se serrer les coudes dans cette mauvaise pas. Et s'ils font “moins" parfois, par exemple en ce qui concerne les dons aux associations caritatives, ce n'est pas faute de vouloir mais parce qu'ils ne peuvent pas autant.

Mais ce qu'ils ne pardonnent pas ou plus et ce qu'ils crient maintenant dans la rue c'est l'ignorance de ces petits efforts, l'indifférence à ces petits riens qui font que la vie est supportable et qui distingue l'existence de la survie. Si leur “bonjour" n'est plus retourné, s'il est maintenant facturé ou critiqué et bien ils ne le donneront plus, ne l'offriront plus et c'est là que le lien se casse et que la fameuse fracture sociale apparaît, car en définitive l'économie réelle n'est pas faite que de biens, de produits, de consommation et de pouvoir d'achat, mais avant tout de relations, de regards, de mots et de sourires.

Alors bien sûr le bienséant ricanera de la naïveté de ces propos et l'homme de soutane se revigorera qu'enfin on prône un retour aux bonnes vieilles valeurs morales, mais ces deux-là, comme les premiers, auront tort. Non, c'est beaucoup plus simple, pratique et pragmatique que cela, c'est tout simplement ce qu'on appel le bon sens.

À vouloir bousculer ce que le bon sens à mis tant de temps à transformer en sagesse quotidienne on récole son désarroi, sa colère et finalement on perd son estime. Et regagner le confiance est ce qu'il y a le plus dur, de plus difficile et de plus méritant. Mais c'est un travail que les deux parties doivent faire.

Lorsqu'il y a des décennies certains paradaient en réclamant du rêve il fallait être bien crétin pour demander combien ça coûte ou coûterait le rêve. Car les termes de valeur et de prix ne s'appliquent pas qu'à la monnaie ou à l'économie.

Tant que cela ne sera pas compris, d'un côté comme de l'autre, le dialogue sera sourd, le temps passera et le choc n'en sera que plus violent. Tout cela n'est qu'une question de communication, mais la communication, finalement est l'essence même de l'échange. Enfin, la bonne communication s'entend.

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