lundi 8 novembre 2010

Farrebique / Biquefarre : Georges Rouquier


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Farrebique et Biquefarre sont deux films de Georges Rouquier, filmés à 38 ans d'écart, le premier en 1945 l'autre en 1984: dans une même famille, la sienne, dans leur ferme de l'Aveyron.

Ces deux films sont précieux, d'une part parce qu'ils montrent le monde paysan tel qu'il l'est à deux époques dans la continuité et à ce titre sont des documents rares. Ils sont précieux parce qu'ils montrent qu'un cinéma sincère est possible entre la fiction et le reportage. Ces films ne sont pas des documentaires, pas des reportages, pas du cinéma vérité, pas de la fiction et rien de tout cela à la fois: ce sont des portraits où chacun joue son propre rôle, mais le joue, c'est-à-dire que les dialogues sont stylisées, les postures mise en scène au sens où elles prennent en compte la caméra, sans pour autant jouer une autre partition que celle du quotidien. Rouiquer déjoue avec élégance le problème de la profilmie (la présence perturbante de la caméra) en filmant des gens qui lui font confiance (sa propre famille), sur une longue durée (une année) et en scénarisant les prises. Le résultat est spectaculaire, d'une profondeur et d'une sincérité rare. Mais ces films sont aussi une réflexion sur le monde paysan, sur les conditions de vie, la structure familiale, les traditions, le présent et la modernité. Le constat est pessimiste parce que réaliste et la peur de l'avenir n'est autre finalement que celle naturel de tout homme qui se demande de quoi demain sera fait et comment suivre un rythme imposé au quotidien.


Les images sont superbes, les cadrages sobres, calmes, posés montre avec acquitté ce monde sans esthétisme superflue mais avec une beauté certaine. Deux films aussi rares qu'indispensables, véritable leçon de regard.

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