lundi 19 janvier 2009

Dominique Dubosc: ciné-trace

L'autre soir (le 10 janvier), l'ETNA (atelier de cinéma/vidéo expérimental) fêtait Dominique Dubosc.

Le cinéma documentaire est extraordinaire par sa fonction même: il garde une trace, montre quelque chose qui déjà n'est plus là. Mais il serait illusoire de croire que le cinéma montre un “ça-a-été" comme le disait Roland Barthes, mais plutôt un regard. Ce qui a été n'est pas nécessairement ou seulement le sujet filmé mais plutôt le regard qui a été porté sur ce sujet. C'est ce qui fait toute la différence entre un documentaire et une caméra de surveillance. L'intention du regard est patente dans le film, est lorsqu'on voit "Les maîtres fous" de Jean Rouch ou "God's country" de Louis Malle, c'est plus Rouch ou Malle qui se manifestent à travers l'image qu'une pratique ou un quotidien. Paradoxalement donc les meilleurs documentaires sont ceux qui deviennent transparents et dont la technique s'efface au profit du sujet et lorsque cette fin est atteinte le regard du cinéaste emplie pleinement l'écran et son point de vue devient incontournable.
Qui d'autre que Malle aurait pu faire émerger cette Amérique ou que Rouch cette Afrique?

Les films de Dominique Dubosc sont de cette trempe-là et "Réminiscences d'un voyage en Palestine" par exemple nous présente un regard singulier sur cette partie du monde qui raisonne d'une manière toute particulière avec l'actualité du moment. Mais si les films de Dominique sont beaux et puissants ce n'est pas parce qu'ils sont actuels mais parce qu'ils sont singuliers. Il montre à travers une certaine banalité toute la poésie qui habite un lieu et un moment. Les traces sont ténues et passagères, certaines ont déjà disparu mais le regard retrouve à travers elle des brides signifiantes qui éclairent le monde. Un char qui passe et ce sont toutes les craintes qui remontent. Une file d'attente à un point de passage et tout le poids de la recherche d'un travail, le désœuvrement qui transparaissent.
Ces souvenirs qui écrivent les lieux et les instants sont ceux que l'on dessine pour se remémorer comme sont ces endroits et le parallèle même dans le film entre le film et le dessin est plus qu'éclairant.

Mais les films de Dominique Dubosc ne sont pas nostalgiques. Ils ne revendiquent pas un passé ou une histoire. Ils sont plutôt des rêveries similaires à celle que l'on peut faire en regardant par la vitre d'un train ou d'une voiture d'un voyage trop long. Ses films sont une poésie réaliste de l'instant qui font ressortir tout ce que les images peuvent contenir même dans leur apparente banalité.

Le travail du cinéaste est de ciseler le regard et l'image pour montrer ce qu'ils contiennent et Dominique Dubosc le fait admirablement bien. C'est un cinéma simple et puissant de la trempe de Malle et de Rouch. Un cinéma rare et précieux.

(Le site de Domnique Dubosc)

Aucun commentaire: