lundi 19 janvier 2009

Montage: écriture ou assemblage?

Le montage audiovisuel est-il une forme d'écriture ou simplement un assemblage?

Limitons la question à un domaine plus restreint et ne parlons que du montage de film documentaire.

En un sens le montage n'est que l'assemblage d'éléments déjà écrits à la fois visuellement car déjà filmé et intentionnellement car déterminé par le choix de la prise de vue. Le montage se résume alors retenir certains éléments filmés et a les assemblés d'après l'intention originelle. Le montage est donc une mise en forme, un assemblage comparable à la mise en page d'un texte. C'est la conception classique et canonique du montage filmique.

Or le montage, comme d'ailleurs toute phase de réalisation d'un film, permet une expression qui peut radicalement modifier l'intention d'un film. L'ordonnancement des plans et des séquences est complexes et une analyse approfondie fait ressortir que les mêmes plans ordonnés différemment peut modifier considérablement la lecture des images. L'effet Koulechov n'en est qu'un exemple parmi d'autres.
L'agencement des photogrammes, des plans et des séquences est déterminé par plusieurs facteurs liés à la lecture des images par exemple à travers la cohérence à l'intérieur des images (le cas des jump cut ou match cut) avec la position spatiotemporelle des éléments mais aussi à travers le propos général du film. C'est justement sur le propos général du film que se pose la question de l'intention, c'est-à-dire du propos exprimé que le montage peut jouer un rôle.

Si le montage n'est qu'un agencement de plan déjà constitué, alors cela signifierait ou bien que la signification se trouve à l'intérieur même du plan et donc que sa position dans la séquence ne l'affecterait pas, ou bien que la forme générale du film n'influe par sur sa signification. L'agencement ne serait dicté que par les lois extrinsèques liées à des questions esthétiques notamment. Cette conception atomique de la signification filmique tend à considérer que l'importance est plus dans l'effet produit esthétiquement chez le spectateur que dans une compréhension intentionnel du film.
Si la forme importe, cela signifie que la signification se situe à un niveau plus moléculaire, ce qui n'exclue pas une signification dans l'image, et que la combinatoire détermine le propos général. Un même plan peut donc être porteur de signification selon le contexte dans lequel il apparaît sans nécessairement être neutre isolément.
L'ordre des photogrammes, des plans et des séquences s'apparenteraient plus à la structure argumentation d'un texte que de sa simple mise ne page.

Dans le cas spécifique du film documentaire entendu au sens de construction d'une structure audiovisuelle en vue de montrer quelque chose, c'est à dire pas simplement un film illustratif mais bien la présentation d'un propos, le montage peut jouer un rôle central dans l'écriture du film. Porté à son paroxysme cette idée est celle qui régie le found footage.

Certes le montage ne peut-être que l'assemblage d'images filmées d'après un plan très détaillé de tournage lui-même établi sur un script bien ficelé, mais ces conditions sont trop rares et exceptionnelles pour se trouver facilement lorsqu'il s'agit de filmer un documentaire. C'est en ce sens que le montage est, ou peut être une écriture filmique.

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