dimanche 18 mai 2008

Scénario: le fond et la forme.

Je ne suis plus tout à faire sûr d'adhérer à l'idée selon laquelle il est possible de distinguer le fond de la forme d'un discours, quel qu'il soit.

Lorsque je commençais mes études de philosophie je me rappelle avoir milité pour cette distinction. Pour diverses raisons je considérai que le fond, le contenu, était plus important que la forme qui selon mon idée d'alors n'était qu'un carcan qui étouffait le contenu, l'idée brute, originaire et originale.

En étudiant la logique formelle je suis ensuite venu à considérer qu'il n'y avait rien d'autre que la forme et que le contenu, le fond, n'était qu'une chimère idéale et idéaliste qui ne disait rien d'autre que la forme qui l'exprimait et donc que le contenu était la forme.

En réfléchissant ensuite je suis arrivé à la conclusion qu'une forme sans contenu serait tout aussi inutile qu'un couteau sans manche et sans lame: à quoi bon ficher une lame dans un manche si ce n'est pour en faire un couteau et qu'est-ce qu'un couteau sinon un manche dans lequel une lame est fichée? Et que peut-être un contenu sans forme? Que serait un couteau qui n'aurait ni manche et ni lame?

La forme et le fond ne sont pas même intimement liés, ils sont une seule et même chose. Et si deux formes différentes peuvent exprimer le même contenu et si deux contenus peuvent se retrouver dans une même forme, tout cela dépend d'une interprétation, d'un référent de valeur que l'on appelle une sémantique voire une pragmatique. Toute expression suppose une forme, une syntaxe, un contenu, une sémantique et une pertinence, une pragmatique, mais ces distinctions elles-mêmes sont trompeuses car une expression ne peut différer selon la sémantique, la syntaxe ou la pragmatique dans laquelle on la met. La combinatoire ne se situe pas à ce niveau: une expression n'est pas une construction d'éléments comme un édifice en Légo, une expression est une construction qui suppose déjà qu'un contenu soit formé et exposé d'une certaine manière. Pas de contenu sans forme, forme sans contenu, pertinence sans pragmatique, ce ne sont pas des parties de l'on assemble mais plutôt une déconstruction et décomposition que a posteriori.

De fait rien ne sert de promouvoir une idée pour une idée ou de se poser la question de quoi mettre dans une certaine forme, ce n'est que mal posé un problème qui au départ est simple: exprimer quelque chose de pertinent, quelque soit cette pertinence. Cela suppose de penser ce qu'on veut dire en adéquation avec comment on le dit et en vue de quoi on le dit et tout cela simultanément. Un discours qui ne répondrait pas à ces critères serait vide, incompréhensible ou inutile et même ne serait pas un discours du tout. Ce n'est pas une théorie du tout ou rien, c'est simplement ce qu'est une expression, c'est tout.

Ainsi la distinction forme, fond, contenu est aussi naïve que l'est celui avant qu'il n'y réfléchisse.

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