lundi 20 avril 2009

Question de discrimination.

Imaginez que vous vouliez aller au hamman et qu'on vous informe que la soirée est réservée aux femmes ou, pire, aux gays, et que vous vous être un homme hétérosexuel, considériez-vous que vous êtes victime d'une discrimination?

Je présume que non. Je présume que non car rien de vous oblige à aller au hammam ou à ce hammam là, et vous pouvez toujours vous repliez sur un autre hammam ouvert aux hommes hétérosexuels, même si c'est moins drôle.

Empêcher à une personne de faire quelque chose qu'elle n'est ni obligée de faire ni qu'il nécessaire de faire, il est difficile de considérer que cette personne est victime d'une discrimination. C'est la réponse qui a été faite à un homosexuel qui souhaitait donner son sang.

Comme on le sait, l'EFS (établissement français du sang), organisme habilité à collecter le sang en France, ne permet pas aux homosexuels, entre autre, de donner leur sang du fait du haut risque de contamination du sang lié à leurs mœurs déviantes et dangereuses. La Halde (haute autorité de lutte contre des discriminations et pour l'égalité) souligne que refuser à un homosexuel n'est pas faire preuve de discrimination puis que le don du sang n'est pas un droit, mais « le don du sang, à travers les concepts qui lui sont liés de générosité, de solidarité, et de conscience de l’altérité est un devoir d’aide et d’assistance et non un droit fondamental et inaliénable. Ce devoir d’assistance implique le respect des impératifs de sécurité.
Cependant, il convient de ne pas transformer ce principe légitime de sécurité en stigmatisation ou en mesure qui peut être considérée comme discriminatoire » (document de la Halde).

La question de la discrimination est donc complexe puis qu'il s'agit à la fois de savoir ce qui relève d'un droit et ce qui n'en relève pas et de la manière de pouvoir satisfaire un droit.

Le risque est de considérer une manière a minima de répondre à un droit qui relèverait de la discrimination et une manière d'y répondre de manière plus substantielle qui elle ne le serait pas. Prenez le problème du remboursement des lunettes de vue par exemple: la sécurité sociale rembourse un forfait minimum qui correspond à une paire de lunette entièrement remboursée ou remboursable. Évidemment ce ne sont pas les plus fashion qui soit mais elles permettent de voir. Si vous voulez être fashion vous devez en être de votre poche et alors les riches sont plus chanceux que les pauvres. En ce sens il n'y a pas de discrimination insupportable puisque le droit à compenser une handicape est respecté et que d'avoir des lunettes fashion n'interfère par avec le fait d'avoir une correction optique appropriée.

Le risque est de généraliser ce type de raisonnement. Si le travail est un droit, le fait d'avoir accès à un travail intéressant ou rémunérateur peut être considéré comme un plus esthétique non nécessaire et donc pouvant faire l'objet de discrimination. Une fois un emploi “raisonnable" fourni, la guerre est ouverte avec n'importe quelle arme.

Dans le cas du hammam il n'y a pas discrimination dans la mesure où il y a d'autres hammam qui sont ouvert pour la personne désireuse d'y aller. Le problème serait différent si pour une raison différente de votre propre bien-être ou sécurité (imaginons qu'une personne cardiaque ne puisse aller, pour des raisons médicales dans un hammam) l'accès à un lieu ou à une activité ou un événement vous est interdit, alors vous pouvez considérer que vous faites l'objet d'une discrimination.

Or ces restrictions ne sont pas suffisantes: je ne suis pas en train de dire qu'il faut vendre de l'alcool au mineurs sous prétexte que leur interdire serait discriminatoire, d'autant que cela irait à l'encontre de leur bien-être et de leur sécurité, ni qu'il faut laisser n'importe qui entrer dans les hammams gays, mais il est possible qu'il faille prendre en compte non pas uniquement le bien-être et la sécurité de l'individu mais aussi ceux de la collectivité. Ainsi il est possible d'interner une personne parce qu'elle nuit à la collectivité. Ce n'est pas une discrimination en tant que tel puisqu'elle répond à un impératif de cohésion sociale.

C'est cet argument qui permet à l'ESF, sous couvert du gouvernement d'écarter les homosexuels du don du sang. Les homosexuels, par leurs comportements et leurs mœurs peu fiables, n'est-ce pas (dites moi, savez-vous le pourcentage d'hétérosexuels qui trompent leur conjoint, selon les chiffres cela oscille entre 60% et 80% des couples qui ne sont pas d'une fidélité à toute épreuve, bon évidemment, pas vous), et que cela est un facteur de risque trop élevé pour risquer de contaminer le transfusé. Outre que les poches de sang sont testées avant la transfusion (j'espère, et j'ai toujours été fasciné par l'argument selon lequel les poches sont testées en groupe mais qu'ils vous envoient quand même le détail du test de votre sang -- la magie de l'induction je suppose), il est tout à fait possible de concevoir que le sang des pédés ne doit pas contaminer le sang des hétérosexuels, mais pour qu'il n'y ait pas discrimination il faudrait qu'il existe une possibilité pour eux de donner leur sang avec les précautions requises (par exemple en testant individuellement les poches (mais je sais ça coûte trop cher) ou bien en lot de poche de pédé (mais là soudainement ça sonne discriminatoire). Parce qu'il ne faut pas charrier: tous les pédés ne sont pas des folasses et personnellement je connais des couples homosexuels plus fidèles que des hétérosexuels, mais c'est une autre histoire.

L'autre point qui titille la question est celui des archives de l'EFS qui, une fois qu'elle vous a estampillée PD vous refoule quoi qu'il arrive, à vie.

Un article du Figaro du jour relate la n-ième mésaventure d'un homosexuel qui pensait être civique en donnant son sang et qui considère encore que vraiment c'est injuste de ne pas avoir le droit de le faire.

Au fait, l'intelligence est-elle aussi un comportement déviant? Car il semble que beaucoup de postes ne soient pas accessibles aux intelligents, sur la base de critères stupides, évidemment.

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