mercredi 8 avril 2009

Université: une année blanche?

L'année avance et avec elle les problèmes. Maintenant que le mouvement se poursuit depuis plusieurs semaines et que les cours sont bloqués depuis parfois 10 semaines lit-on dans les journaux, qu'advient-il de l'année universitaire?

La question qui se pose maintenant est celle de savoir que faire d'une année à moitié amputée.

Fidèle à sa stratégie, le gouvernement a attendu que la gangrène fasse son œuvre pour que le problème pourrisse et se transforme sans devoir vraiment le régler. Le problème initial des revendications des universitaires devient maintenant celui des étudiants.

Il est vrai que de prendre en otage quiconque n'a jamais été une très bonne idée, en l'occurrence force est de constater que les étudiants y ont perdu quelques plumes. Et lorsqu'on dit “comprendre" ces rétentions cela ne signifie pas qu'on les approuve mais que l'on est conscient de la gravité de ce qui a pu mener à un tel acte, ce qui n'est pas tout à fait la même chose, sans compter que de ne pas prendre en considération les remarques ou les revendications d'une personne revient à le prendre également en otage, ce qui n'est évidemment pas mieux.

Une rétention des notes plutôt que l'annulation des cours aurait sans doute eu un meilleur effet et un meilleur résultat: enseigner tout en refusant de délivrer un quelconque diplôme en validant les notes. Les étudiants auraient été pénalisés tout en ayant tout de même emmagasiné les connaissances nécessaires et la situation aurait pu être débloquée aussitôt le conflit réglé. Ici certains ont perdus un semestre donc une année.

Les propos accusateurs de la ministre, repris dans Le Figaro ne sont pas vraiment pour rassurer sur la résolution rapide et pacifique du conflit. Mais que faire?

Annuler les examens et donner la moyenne à tous les étudiants privés de cours serait une injustice vis-à-vis des autres mais également valider des connaissances absentes et ce qui revient à cautionner le fait qu'on n'apprend rien à l'université mais qu'il faut un diplôme pour travailler (or les deux prémisses sont fausses comme le démontre l'expérience).

Reporter les notes du premier semestre au second ne serait pas mieux. Que reste-t-il alors? Ce que semble vouloir la ministre: que les enseignants mettent leurs poings dans les poches et triment en cours supplémentaires et zippés afin de faire un semestre en trois semaines et valider une année dans la précipitation. Cela est certes possibles sur le papier ou en rêve mais peu probable dans la réalité des Hommes car c'est bien méconnaître le fonctionnement d'un étudiant: c'est croire qu'un étudiant est comme un disque dur sur lequel le prof se content de copier des fichiers, or un étudiant a besoin de temps pour comprendre et se mettre en condition pour apprendre, sans compter qu'il faut re-mobiliser des étudiants qui n'attendent probablement pas sagement dans leur petit mansardes que les grandes personnes règles leurs petites histoires. En trois semaines ce ne sont pas les connaissances que l'on va accroître mais bien la consommation d'anxiolytiques.

Annuler l'année et reconnaître que ce sont les étudiants qui payent les pots cassés en perdant une année ou un semestre? Ce serait une injustice incompréhensible, d'autant que ce sera à pure perte pour certains qui n'auront pas les moyens d'attendre une année de plus.

À moins d'aller vraiment dans l'optique de la semestrialisation en permettant que le premier semestre soit conserver et que les étudiants puisse effectuer leur semestre manquant à l'autonome en rendant réellement autonomes est semestres et en découpant les diplômes non pas en années mais en modules. Certains étudiants auraient alors perdus un semestre, ce qui est moins pire que de perdre une année entière (semestre qu'ils conservent quoi qu'il arrive d'ailleurs) et gagnés en liberté. Cela signifie également que les droits d'inscriptions devraient être semestrialisés et que les enseignements soient réellement des modules que les étudiants peuvent choisir et non pas choix de seconde main entre un tronc commun rigide et des options qui n'ont rien à voir ou si peu avec. Autrement dit cela ne signifie pas que les étudiants ayant obtenus le premier semestre doivent attendre le second semestre 2010 pour valider le second semestre 2009 amputé, mais qu'ils doivent pouvoir le faire au premier semestre 2010. Bonjour l'organisation des enseignements mais bon, rien est impossible puisque cela se passe bien dans d'autres pays...

Cet état de fait est peut-être une occasion de mettre sur pied une vraie réforme en profondeur de l'université, mais il semble que ce ne soit pas vraiment l'objet du débat ni du conflit actuel...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"une rétention des notes plutôt qu'une annulation des cours"

c'est marrant parce que dans établissement c'est les deux (-_-)