mardi 9 février 2010

La découverte de l'homme.

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Voilà longtemps que je n'avais pas voyagé et la découverte de l'Afrique a été aussi bouleversante que le Grand Nord. Si là-bas j'avais découvert ce qu'est le paysage dans son essence même, ici j'ai l'impression d'avoir appris ce qu'était l'Homme.

Le contraste avec la vie parisienne permet de révéler les différences et de devoir se positionner par rapport à elles. Dire cela c'est dire que tout tient dans le regard et la manière dont on découpe, décortique, analyse ou conceptualise le monde. Ce fut l'Afrique et le Svalbard pour moi, ce pourrait être n'importe où pour un autre, voire, pour celui qui sait vraiment voir, l'endroit qu'il n'a jamais quitté.

Découvrir l'Afrique, plus exactement le Gabon, et le cyclisme de haut niveau a été une bonne école et finalement essayer de comprendre les règles, les mécanismes et les habitudes du cyclisme n'est pas très différent que d'essayer de comprendre les clés d’une autre culture, d'autres comportements et habitus.

Une chose m'a frappée: ces contrastes ne semblaient pas vraiment poser de problèmes à quiconque en fait. Les caméras filmaient avec le plus grand naturel le folklore local aussi authentique que la Kinkerne est représentative de la Savoie. Un enfant pleure dans un village vite une photo. Une femme vent des beignets, vite, une réfugiée politique. Avec la même aisance avec laquelle les coureurs sont filmés et photographiés comme des coureurs cyclistes le sont et, sous-entendus, doivent l'être. Cela en dit long sur la manière de conceptualiser le monde.

Moi qui ne m'y connais rien, ce qui m'a frappé, c'est le côté profondément humain de tout ce petit monde, gabonnais comme coureurs cyclistes. Il y a quelque chose d'absurde évidemment dans le fait de traverser le Gabon à vélo lorsqu'on vient de France ou du Danemark, quelque chose de franchement bizarre à suivre des cyclistes qui traversent le Gabon assis dans une voiture climatisée. Mais il y a quelque chose de très humain aussi: ce n'est plus tel ou tel coureur, connu ou pas, mais un homme sur un vélo, un effort aussi absurde que magnifique d'essayer de se surpasser, de faire une chose qui n'a pas d'autre sens que sa propre réalisation.
Dans l'effort, dans la fatigue l'homme devient humain et tous se ressemblent. Ce n'est plus untel ou untel mais un Homme, un visage, un effort, un prototype, un stéréotype, un échantillon qui vaut pour tout autre car à travers lui c'est nous que nous voyons.

La couleur de peau, la race, la nationalité, le passé, la culture, l'origine, tout cela n'a plus de sens: c'est un homme, c'est tout. Et le naturel est si puissant qu'il n'est même pas besoin de majuscule pour comprendre.

Je pensais prendre des paysages là-bas, ce sont des portraits que je ramène. La découverte est immense.